Bintou la casse-cou, Atinuke, Angela Brooksbank, éditions des éléphants, 2020, 14€
Vous vous souvenez de ce bébé facétieux qui grignotait en douce pendant que sa maman faisait le marché? Que l’on retrouvait quelques temps plus tard s’amusant à se cacher? On apprenait alors que Bébé était une fillette. Aujourd’hui, on découvre qu’elle s’appelle Bintou, qu’elle a bien grandit et qu’elle est toujours aussi délurée.
Ce qu’elle adore faire, ce pour quoi elle est douée, ce qui l’amuse le plus, c’est d’attraper les poules. Ça tombe bien, il y en a plein dans son village. Elle a l’habitude de poursuivre les cocottes sous le regard attendri et amusé des villageois, qui reconnaissent volontiers qu’elle est la plus forte à ce jeu.
Mais tout de même, quand elle s’élance sans réfléchir à toutes berzingue, tout le monde l’incite à ralentir. Aïe, trop tard, Bintou la casse-cou a fini par faire une mauvaise chute. La cheville toute gonflée, elle va devoir redoubler de malice pour attraper les poules!
C’est un plaisir de plonger de nouveau dans les images d’Angela Brooksbank, toujours joyeuses, colorées, fourmillants de détails qui sonnent parfaitement juste. Le texte qui va à l’essentiel et rythme agréablement l’histoire.
Bintou est toujours aussi attachante et on ne peut que se prendre de sympathie pour cette fillette intrépide et débordante d’idées et d’énergie.
La petite fille et le loup, Agnès Hollard, Rémi Saillard, Didier jeunesse, à petits petons, 12€50, 2020
Dans sa maison tout près de la forêt, la fillette est en sécurité. Mais sa mère n’a de cesse de la prévenir contre les dangers qui la guettent si elle s’éloigne. Dans la forêt, il y a le loup. Elle ne doit donc y aller sous aucun prétexte.
Quand maman part faire une course, elle répète les consignes et s’assure que sa fille ne manque de rien à la maison.
La petite s’ennuie. Elle se met à faire un bouquet de fleur, mais là, juste derrière la barrière, il y en a une très jolie! Et une autre, à peine plus loin…
Si bien que la rencontre avec le loup devient inévitable. On se demande un instant ce que le prédateur attends d’elle. La séduire? La croquer? Il a l’air plutôt jovial et lui réclame… Une berceuse!
Issue de la tradition afro-américaine, La petite fille et le loup est un conte est chantant et rythmé à souhait.
Comme toujours dans cette collection, quand on trouve la ritournelle qui lui convient on a grand plaisir à le raconter à voix haute.
Les images de Sémi Saillard apportent un pep’s nouveau à ce texte, paru en 2004, alors illustré par Christopher Raschka.
Les enfants habitués aux histoires y trouveront des points communs avec différents contes: le petit chaperon rouge, boucle d’or.
Tous apprécieront la structure en randonnée et la berceuse qui ponctuent l’histoire.
Tu ne dors pas, Isidore? Frédéric Stehr, Pastel, 12€50, 2019
Non, tous les ours n’hibernent pas en hiver. En tout cas, pas Isidore, qui ne trouve pas le sommeil. D’ailleurs, il se demande si tout le monde sommeille réellement, dehors? Il sort pour en avoir le cœur net.
Il rencontre d’abord Blaireau, qui l’invite à partager la soupe chaude. Puis ensemble, ils trouvent Lapin, qu’ils vont sauver d’une mort certaine puisque le pauvre a perdu connaissance dans la neige.
Heureusement, un peu de soupe chaude le remet sur pied.
Les trois compères poursuivent leur chemin ensemble et ils se font interpeller un peu agressivement par deux chiens errants. Mais ours n’est pas inquiet. Il propose un peu de soupe aux deux nouveaux venus qui s’adoucissent aussitôt: Ce sont des chiens battus qui se sont échappés et ils apprécient cette marque d’amitié.
Ensemble, ils décident de rentrer au terrier de Blaireau, mais le mauvais temps les rattrape. Faisant preuve de courage, de ténacité et surtout de solidarité ils surmontent les difficultés qu’ils rencontrent.
En quelques péripéties, les animaux nous montrent comment faire société, par-delà les différences. Le dessin offre une tendresse palpable, chaque personnage est très attachant.
J’ai toujours aimé l’univers de Frédéric Stehr, que je trouve d’une grande sensibilité et très juste.
Quand j’ai commencé dans le métier de lectrice (il y a plus de vingt ans, ça ne nous rajeunit pas ma bonne dame), je lisais souvent (et toujours avec grand plaisir) Calinours va faire les courses aux enfants de crèches.
Au fil des albums je trouve son travail de plus en plus abouti et, sincèrement, je trouve qu’on touche à la perfection avec Tu ne dors pas Isidore?
C’est un album sans prétention mais dont le texte est un plaisir à lire à voix haute, le rythme est parfaitement maîtrisé, les personnages campés avec justesse. Les bouilles des animaux sont très expressives et suscitent immédiatement l’empathie.
Je travaille avec depuis plusieurs mois et il fait l’unanimité à la fois avec les parents, les professionnels et les enfants.
Il s’inscrit dans la lignée des Bons amis de Gerda Muller, et je lui souhaite une longévité comparable, ce serait tout à fait mérité.
Bonne nuit Alphonse Aubert, Bien joué Alphonse Aubert, Gunillia Bergström, l’étagère du bas, 12€, 2020
Ce sont deux classiques de la littérature enfantine suédoise qui sont traduit en français pour la première fois. Alphonse Aubert est un personnage récurent, qui vit avec un papa aimant et attentif même s’il a aussi ses petites défaillances.
Alphonse n’est pas l’enfant parfait, le petit modèle à imiter. Il est inventif, parfois un peu canaille, il exagère peut-être mais il est attachant.
Je dirais qu’il se situe plus du côté de Juju, le bébé terrible de Barbro Lindgren et Eva Eriksson que de petit ours brun. Ses aventures sont pleines de tendresses mais jamais dégoulinantes de bons sentiments.
Dans le premier de ces deux albums, il ne veut pas sa coucher. Situation classique, il réclame tour à tour une histoire, un verre d’eau etc. Tout l’humour de la situation vient du décalage entre le flegme paternel et la fripouillerie du petit. C’est qu’il est parfaitement conscient qu’il exagère, et qu’il fait de nous ses complices. C’est assez jubilatoire pour les jeunes lecteurs. Qui ne manqueront pas à mon avis de se démarquer du personnage. Ils savent bien, eux, qu’il ne faut pas rappeler les parents trop souvent le soir! (oui, ils savent. Même s’ils le font, ils savent qu’ils ne devraient pas, je vous assure. C’est juste qu’ils n’arrivent pas à se retenir)
Dans « Bien joué Alphose Aubert », notre petit héro voudrait que son père soit disponible pour jouer avec lui. Mais celui-ci est occupé à regarder la télévision. Pas de problème, Alphonse y voit même une opportunité: Quand papa ne veut pas être dérangé, il a tendance à dire oui à tout sans vraiment écouter.
C’est l’occasion de jouer avec la boite à outils.
« Mmm » répond papa distraitement, avant d’ajouter « mais ne joue pas avec la scie ».
Alphonse obéit très bien. Il ne joue pas avec la scie. Tout au long de son jeu, il sollicite l’attention de son père pour demander des clous, une pince, un mètre. A chaque fois, le père acquiesce distraitement mais ajoute la seule consigne: pas la scie, trop dangereux! Mais quand Alphonse se retrouve coincé dans sa construction, il faut bien trouver une solution… Et papa finalement va se joindre au jeu.
Les images de ces albums sont un peu déstabilisantes, et peu dans l’air du temps. Mais elles ont le mérite de nous mettre à l’abri de toute mièvrerie. Loin des illustrations très lisses que l’on trouve souvent aujourd’hui, elles se marient très bien avec le côté impertinent du personnage.
J’avoue, j’ai un faible pour les livres accordéons pour leur potentiel ludique et parce qu’ils abolissent la frontière entre le livre et le jeu. (traduisez: j’aime bien quand les mouflets s’en font des cabanes.)
Les auteurs utilisent souvent les deux faces du leporello pour matérialiser une opposition (l’intérieur et l’extérieur dans « Ma maison », les fruits et les visages dans « Qui suis-je »).
Ici ce sont le jour et la nuit qui se succèdent.
On emboîte le pas d’un enfant, narrateur invisible, qui nous guide dans une rue où il se sent manifestement chez lui.
Il y a le boucher, qui fait des saucisses à la pistache (si, si) la maison de rêve parce que plein d’enfants y habitent, la librairie bien sûr, et aussi le bar de nuit, assez mystérieux. Partout l’enfant peut nommer des habitants, il connait leurs habitudes. A travers la visite du quartier, c’est une vie quotidienne douce et pleine d’amis qui se dessine.
On a un grand sentiment de sécurité dans cette rue où on voit plein de gens, pas mal d’animaux, mais pas une seule voiture.
A travers fenêtres et baies vitrées, les voisins vaquent à leurs occupations.
Puis, au verso, la même rue de nuit.
Forcément, il se passe un peu moins de choses, mais il y a tout de même beaucoup de petites histoires qui se jouent derrière les murs et comme sur les trottoirs.
Cette seconde partie s’explore par les images: pas de texte ici. On prend donc le temps de scruter chaque page (vous avez remarqué qu’on passe beaucoup plus de temps sur les pages quand il n’y a pas de texte?)
Les enfants peuvent alors repérer les changements et souvent ils reviennent à la première partie pour comparer. Chacun peut rechercher les éléments qui l’intéressent. Chats, doudou ou personnes peuvent être montrés sur les deux faces dans des circonstances différentes.
Une promenade fort agréable, j’aimerais assez que mon quartier ressemble effectivement à celui-là.
Arlo le lion qui n’arrivait pas à dormir, Catherine Rayer, Kaléidoscope, 2020, 13€50
Arlo se traine dans la savane. Il a l’air totalement dépité. Le pauvre n’arrive pas à fermer l’œil, ni le jour, ni la nuit. Trop chaud, trop froid, trop de bruit ou pas assez, rien ne va. Même blottit contre la lionne et les lionceaux, son insomnie le poursuit. Le regard baissé, les traits tirés, il est irrésistiblement attachant. Pauvre Arlo.
Alors qu’il se lamente il rencontre une chouette. La nuit tombe, pour elle c’est le moment du réveil. Devant le désarrois du lion elle décide de l’aider à s’endormir en lui chantant une berceuse:
« D’abord je m’étire autant que je peux,
je frétille tout doux, je ferme les yeux.
Je respire lentement et je me détends,
je me laisse flotter comme une feuille au vent.
Je pense aux endroits où je rêve d’aller,
je m’y vois déjà en train d’explorer…
Et je suis si bien que, sans le savoir,
Cinq minutes plus tard, je dors comme un loir. »
Au fond, un magnifique ciel de soleil couchant accompagne les protagonistes. Arlo, le lion qui n’arrivait pas à dormir, ferme les yeux et s’endort comme un bienheureux.
Plus tard, il chantera à son tour la berceuse à la lionne et ses petits.
J’aime beaucoup les histoires dans lesquelles s’invite une chanson (bien sûr, il faut absolument chanter le refrain, sinon l’album perd une grande partie de son charme, perso j’ai bidouillé un air inspiré de la comptine « Le chien de ma tante » en plus doux, ça fonctionne très bien).
Cela créé la surprise pour les enfants et ça leur permet de s’approprier le texte facilement.
L’histoire est simple mais efficace, le thème du sommeil est souvent traité en littérature enfantine mais généralement il s’agit plus d’un problème pour les parents, ici c’est la détresse de l’insomniaque qui est prise en compte, ce que je trouve intéressant.
Et puis, ces images! Magnifiques, tendres et touchantes, les personnages inspirent la plus grande des sympathie!
Le gâteau de lune, Grace Lin, éditions le Genévrier, Collection Caldecott, 2019, 16€
Le gâteau de lune préparé par Petite Étoile et sa maman est énorme, rond et jaune, très appétissant. Il faut le laisser refroidir. Obéissante, la fillette promet de ne pas y toucher.
Sagement, elle se brosse les dents, se débarbouille, et se couche après avoir lu une histoire.
Elle a l’air de dormir profondément, dans son pyjama noir orné d’étoiles jaunes. Ses cheveux flottent sur l’oreiller, son petit bidon s’est découvert, elle serre son doudou. Belle image du sommeil enfantin.
Mais, au milieu de la nuit, Petite Étoile se réveille. La gourmandise prend le pas sur sa vertu. Si elle goûte un tout petit morceau du gâteau de lune, est-ce que ça se verra? Elle ne le croit pas.
A tout petit pas dans le noir, elle va chiper une bouchée. Quand elle marche furtivement sur le fond noir de la page, on ne perçoit d’elle que les formes jaunes sur son pyjama, l’image ressemble à une nuit étoilée.
Nuit après nuit, la gourmande de faufile hors de son lit et grignote le gros gâteau rond.
Si bien qu’une nuit, il finit par disparaitre totalement.
Ce n’est pas grave, maman est prête à en faire un autre. On se rend compte qu’il s’agit là d’un jeu entre la fillette et sa mère, comme un rituel qui se reproduit régulièrement.
Les contes et histoires qui expliquent les phases de la lune sont nombreuses, mais ici, le traitement graphique est vraiment original.
En faisant évoluer ses personnages dans une page totalement noire, l’autrice entretien le doute: avons nous affaire à des êtres célestes qui fabriquent et mangent effectivement la lune? La fillette sème-t-elle de la poussière d’étoile sous ses pieds, ou est-ce simplement des miettes de gâteau?
La magie opère à chaque page, l’histoire très simple et poétique nous entraine et nous incite à la rêverie. La relation, toute tendre et complice de Petite Étoile et sa mère est touchante.
Comme à chaque fois que j’ai entre les mains un album de la collection Caldecott, je suis sous le charme. Cette collection qui traduit en français le meilleur des albums ayant obtenu la médaille décernée par l’association des bibliothécaires américains pour la jeunesse n’est jamais décevante.
Comme ci et comme ça, Tomi Ungerer, l’école des loisirs, 2020, 13€70
Je l’avoue, je me méfie toujours des albums posthumes. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si l’auteur aurait vraiment souhaité son édition en l’état. Est-ce un fond de tiroir? Un livre inachevé, que l’éditeur a voulu vendre tout de même?
J’avais donc l’esprit plutôt critique vis-à-vis de l’album « Comme ci comme ça », qui vient de sortir alors que son auteur nous a quittés l’an dernier.
Mais nous avons bien affaire à un album du grand Tomi, avec son humour, volontiers grinçant, son sens du rythme narratif et sa volonté de faire cogiter mes mouflets.
Il se présente comme un imagier avec sur chaque page un verbe ou un adverbe. L’image accompagne le texte plus qu’elle ne l’illustre.
Le sens nait à la fois de la confrontation des deux mots de la double page, qui peuvent se répondre ou se contredire, et de celle avec l’image, qui complète, enrichit, ou modifie le sens du texte.
Sur chaque page plusieurs pistes de réflexions possibles, des digressions en pagailles dans la tête du jeune lecteur, des bribes d’histoires qui se construisent.
Adultes et enfants, réunit autour de l’album élaborent du sens, cherchent la nuance, discutent voire négocient.
Entendre, ce n’est pas tout à fait pareil qu’écouter. « Parfois, m’a dit ma mouflette, je n’écoute pas mon maître mais je l’entend quand même… Et d’autre fois, j’écoute tellement pas que je n’entends même plus. » Ici les images vont plus loin. Sur celle de gauche, associée au verbe « entendre », deux lapins s’enfuient, au loin l’orage gronde et un éclair foudroie le sol.
En vis-à-vis, dans une image encadrée, un enfant a collé son oreille contre un coquillage, derrière lui on peut voir la mer. Lui n’entends pas, il écoute.
Que de contrastes mis en scène dans cette double page!
Fuite contre immobilité, peur et apaisement, mais aussi duo solitude, précipitation, concentration.
La page de droite semble très rassurante, l’enfant à les yeux fermés, le sourire aux lèvres, le temps semble s’être arrêté. Mais Ungerer est toujours facétieux, il faut qu’il ajoute un élément perturbateur, comme un grain de sel dans un café. Ici ce sont les pinces de crabe, vertes, menaçantes, qui esquissent un mouvement en direction du personnage à son insu. Alors les yeux fermés ne sont plus rassurants, ils inquiètent, à cause d’eux le garçon ne voit pas le danger approcher.
Chaque page peut être lue et comprise d’emblée, mais si on s’y attarde, on peut toujours pousser plus loin la réflexion.
Évidemment, c’est un livre pour lequel il est particulièrement difficile de donner une prescription d’âge. Je trouve déjà que c’est toujours compliqué et rarement pertinent… Sur le sujet, je vous renvoie donc à l’article que j’avais écris il y a quelque temps et qui est toujours valable.
Rien que toi, Sally Grindley, Célia Chauffrey, l’école des loisirs, 2020, 13€
Une promenade au parc en famille (monoparentale la famille, semble-t-il).
Soudain, le petit Alfie pose une question essentielle: « Maman, est-ce qu’il y a d’autres ours comme moi? »
La présence de la petite sœur de l’ourson dans la poussette n’est probablement pas étrangère à cette préoccupation.
S’il y a un autre enfant dans la famille, suis-je vraiment unique ?
C’est sans doute une préoccupation récurrente chez les ainés, en tout cas, elle me semble légitime.
La réponse maternelle va replacer Alfie au sein de sa famille, en même temps qu’elle reconnait son unicité: « Pas comme toi, non. Il y a toi, moi, avec ta sœur ça fait trois, mais il n’y a pas deux ours comme toi »
Voilà qui est déjà rassurant.
Le dialogue entre la mère et son fils se poursuit, mettant en avant la singularité d’Alfie mais aussi ses compétences.
La mère décrit et commente les jeux et les souvenirs de son fils, elle prend le temps d’étayer sa réponse, posant sur son enfant un regard qui l’aide sans doute à grandir.
La cadette est nommée, elle est sur l’image qui participe à la promenade. Mais elle ne prend pas la parole: cette histoire se joue entre Alfie et sa maman.
Les belles images de Célia Chauffrey accompagnent parfaitement le texte, et donnent à voir la tendresse qui unit la famille, petite sœur incluse. J’avais d’ailleurs déjà été séduite par ses illustrations dans « Trop tôt », un autre album dans lequel l’amour parental est mis en avant.
Quant au texte de « Rien que toi », il est ponctué de répétitions, et renforce le caractère rassurant de l’histoire.
Il est dans un registre très différent de ce que l’on connait de l’autrice ( qui a écrit « Chuuut » et « Toc! toc! Qui est là ? » ) mais on repère un gout certain pour les randonnées, forme si chère aux jeunes enfants.
Petits sauvages, Magali Arnal, l’école des loisirs, 12€20
Cinq petits sauvageons débraillés et joyeux nous emmènent dans leur tourbillon de liberté.
Ils semblent ne connaitre qu’une règle: Il faut s’amuser!
Ils enchaînent les bêtises (certains grosses, très grosses même, oups, un peu trop grosses peut-être).
Toujours en mouvement, leurs idées farfelues se succèdent, ils n’en ratent pas une.
En fait, ils sont comme le vélo qu’ils chevauchent (oui, un seul vélo pour cinq, et ils s’en sortent très bien): Ils n’ont pas de frein.
Ils déboulent au milieu des autres comme ils dévalent la colline: à toute berzingue, sans se demander comment ils vont s’arrêter.
Mais qu’est-ce qu’ils sont attachants avec leurs bouilles toutes rondes et leur air fripon. On devine qu’ils ont le sens de l’amitié (à défaut d’avoir celui des conventions).
Ah, comme elle est désirable cette liberté qu’ils s’accordent! Les enfants à qui j’ai lu cet album en avaient les yeux brillants d’envie, le sourire largement épanoui sur leur visage. Qu’est-ce que c’est chouette de s’imaginer faisant toutes ces bêtises.
D’autant que la plupart ont parfaitement intégré les règles sociales qui pèsent sur eux, ils le disent en pointant les images: « Oh, c’est pas bien! » « Il faut pas faire ça, ils n’ont pas le droit ».
Mais dans les livres, c’est bien connu, on peut tout se permettre!
Les cinq coquins s’en donnent à cœur joie, au point qu’ils finissent tout nus, de vrais petits sauvages en effet!
Et quand le jour décline et qu’ils ont besoin d’être entourés de l’amour familial, ils le trouvent au sein de leurs foyers respectifs.
Non, pas de punition pour eux, rien n’entravera leur liberté et c’est très bien comme ça. Où serait le plaisir de lire cet album s’il se terminait par une morale indigeste? Les mouflets n’ont pas besoin de ça, ils ont besoin de se sentir libres.
En mettant en scène des chiots, c’est l’enfance que Magali Arnal nous donne à voir. Son insouciance, son optimisme, et toute la gaité des vacances.