Mon quartier, Judy Kaufman, l’agrume, 2019, 18€
J’avoue, j’ai un faible pour les livres accordéons pour leur potentiel ludique et parce qu’ils abolissent la frontière entre le livre et le jeu. (traduisez: j’aime bien quand les mouflets s’en font des cabanes.)
Les auteurs utilisent souvent les deux faces du leporello pour matérialiser une opposition (l’intérieur et l’extérieur dans “Ma maison”, les fruits et les visages dans “Qui suis-je”).
Ici ce sont le jour et la nuit qui se succèdent.
On emboîte le pas d’un enfant, narrateur invisible, qui nous guide dans une rue où il se sent manifestement chez lui.
Il y a le boucher, qui fait des saucisses à la pistache (si, si) la maison de rêve parce que plein d’enfants y habitent, la librairie bien sûr, et aussi le bar de nuit, assez mystérieux. Partout l’enfant peut nommer des habitants, il connait leurs habitudes. A travers la visite du quartier, c’est une vie quotidienne douce et pleine d’amis qui se dessine.
On a un grand sentiment de sécurité dans cette rue où on voit plein de gens, pas mal d’animaux, mais pas une seule voiture.
A travers fenêtres et baies vitrées, les voisins vaquent à leurs occupations.
Puis, au verso, la même rue de nuit.
Forcément, il se passe un peu moins de choses, mais il y a tout de même beaucoup de petites histoires qui se jouent derrière les murs et comme sur les trottoirs.
Cette seconde partie s’explore par les images: pas de texte ici. On prend donc le temps de scruter chaque page (vous avez remarqué qu’on passe beaucoup plus de temps sur les pages quand il n’y a pas de texte?)
Les enfants peuvent alors repérer les changements et souvent ils reviennent à la première partie pour comparer. Chacun peut rechercher les éléments qui l’intéressent. Chats, doudou ou personnes peuvent être montrés sur les deux faces dans des circonstances différentes.
Une promenade fort agréable, j’aimerais assez que mon quartier ressemble effectivement à celui-là.