
Gros câlin, Annabelle Buxton, la partie, 2024, 20 €
J’aime les livres-objets, les atypiques qui relèvent à la fois de prouesses techniques et de l’imagination sans limite des auteurs et illustrateurs.
Gros câlin est un livre rond, dont chaque page est évidée formant des cercles concentriques. On se sent tout de suite happé par cette forme et le regard est naturellement dirigé sur le tout petit bébé qui dort profondément au centre.
Sur chaque page de ce livre à compter, des animaux prêts à s’endormir forment une ronde. Ce sont d’abord 10 maki cattas, puis 9 chauves-souris, 8 éléphantes etc. Oui, éléphantes, pas éléphants. Notre habitude de voir toujours le masculin utilisé par défaut est tel qu’à la lecture, le féminin passe souvent à la trappe!
Pour accompagner tout ces animaux, le jeune lecteur est invité à offrir un câlin spécifique a chaque race.
Il faut caresser le bout du nez des chauves-souris, brosser la queue des maki cattas, effleurer les moustaches des phoques.
Un livre à caresser du bout des doigts donc, qui incite à beaucoup de délicatesse. Il est parfois nécessaire d’accompagner les gestes des plus jeunes, de leur faire expérimenter la fragilité de l’objet, et de prendre quelques précautions de langage: « attention, c’est délicat, c’est précieux, il ne faut pas l’empoigner à pleine mains. »
J’ai pu proposer cet album à des bébés, sur les genoux de leurs parents, en salle d’attente de PMI, ou encore en pouponnière (donc sans leur parents). C’est une expérience tactile visuelle et auditive qui les captive.

Ceux qui sont un peu plus grand, qui marchent déjà et ont ainsi une certaine autonomie sont parfois un peu brusque pour ce livre, il faut vraiment prendre le temps de leur faire découvrir.
Tous sont sensibles au thème de l’endormissement. Les parents aussi d’ailleurs.
Une mère n’a pas pu se retenir de dire à son enfant, en pointant le bébé du livre « oh, regarde, il dort lui« .
Je ne sais pas si ce livre va faire dormir son enfant mais elle l’a repris après ma lecture et l’a relu plusieurs fois elle même au mouflet qui en était visiblement ravi. C’est toujours ça de pris!