Litterature Enfantine
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    Quels livres pour un cadeau de naissance?

    15 novembre 2020 By Chloé Séguret in Tops 20, Tous les albums 2 Comments Tags: dès la naissance

    Avec Laura, la super bibliothécaire du blog La licorne et ses bouquins, on a bien aimé faire un billet croisé sur les indispensables de la maternelle.

    Du coup on récidive, avec une demande récurrente pour elle comme pour moi : Quels livres pour un cadeau de naissance? Voilà ma liste, vous trouverez la sienne sur son site.

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    Comment médiatiser des albums sans texte?

    1 avril 2020 By Chloé Séguret in Tous les albums 7 Comments Tags: sans texte

    Des albums  particulièrement déstabilisants pour les adultes

    Les albums sans texte sont souvent source de questions dans mes formations. Quand je demande aux stagiaires de choisir parmi un fonds de livre, les albums tout en images sont souvent écartés, et quand ils sont choisis c’est toujours avec une réserve: « Oui, il est bien, mais qu’est-ce que je dois en faire? »

    Parfois, c’est quand on parle des expériences de terrain que le sujet arrive dans la discussion: « Un enfant m’a tendu un livre, mais il n’y avait pas de texte, j’étais perdu ». Ou encore « J’ai trouvé dans un placard de la crèche quelques jolis livres, mais comme ils n’ont pas de texte, personne ne les utilise. »

    Alors, difficiles à utiliser, les albums sans texte?

    Voilà quelques pistes qui, je l’espère, vous donneront envie d’explorer ces livres avec les enfants.

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    Ma maman est bizarre

    22 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: altérité, Anna Wanda Gogusey, Camille Victorine, dès 4 ans, dès 5 ans, dès 6 ans, la ville brûle, maman, parentalité, queer

    Ma maman est bizarre Ma maman est bizarre, Camille Victorine, Anna Wanda Gogusey, la ville brûle, 2020, 15€

    Est-ce que tous les enfants trouvent leur mère un peu bizarre parfois? Ou est-ce qu’au contraire, ils trouvent tous une certaine normalité dans le modèle familial qui est le leur?

    Je me pose souvent la question et je pense que la réponse dépends plus de l’âge de l’enfant que de la supposé normalité parentale.

    Quoi qu’il en soit, la mère représentée dans cet album est effectivement assez atypique.

    Mère célibataire que l’on pourrait qualifier de queer (transgenre peut-être, mais ne lui collons pas une étiquette, elle n’a pas l’air du genre à aimer ça), elle partage avec sa fille une vie originale, entourée d’amis tout aussi hors normes qu’elle.

    Manif féministes, performances artistiques et concert de rock s’intercalent entre des loisirs beaucoup plus habituels: promenade à vélo ou café en terrasse. Les activités se mêlent de façon harmonieuse et chaleureuse.

    Ma maman est bizarre, Camille Victorine, Anna Wanda Gogusey, la ville brûle

    Mais finalement ce que l’on retient de l’album c’est surtout une relation mère/fille assez complice et douce, dans laquelle chacune peut s’épanouir. Quelle que soit l’étrangeté de cette mère, elle est traversée par des sentiments tout à fait universels à l’égard de sa fille.

    Les images aux couleurs éclatantes sont pleines de pep’s, en parfaite harmonie avec le propos.

    Ma maman est bizarre ne prétend pas donner un modèle de maternité, mais sans doute plutôt d’ouvrir les possibles.
    C’est une belle réussite, qui permettra à certains enfants de se reconnaître et à d’autre de découvrir une altérité salutaire.

     

     

    Pour faire une tarte aux pommes

    19 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: Albin Michel jeunesse, arbre, Bastien Contraire, collection trapèze, cycle de la vie, fruit, Giacomo Nanni, grandir, saisons

    poir faire une tarte aux pommesPour faire une tarte aux pommes, Giacomo Nanni, Bastien Contraire, Albin Michel jeunesse, collection trapèze, 2019, 13€90

    « Pour faire une tarte aux pommes, il faut un pépin. » Gros plan sur une main qui tient la petite graine entre pouce et index. On comprend qu’il faudra surtout du temps, puisqu’on remonte à la racine même de l’arbre, qui va donner la pomme.

    « On plante le pépin dans la terre. On attend. Une jeune pousse sort de terre. On attend. »

    Les saisons passent, puis les années.

    L’enfant qui a planté le pépin grandit, il devient un adulte, avec une cuisine pour y cuire une tarte et y inviter des amis à la manger. Le pommier est grand à présent, et ses fruits sont murs. Ils donneront de nouvelles graines.

    Encore un beau livre objet où le fond et la forme sont en parfaite adéquation, comme c’est toujours le cas dans la collection trapèze.

    pour faire une tarte aux pommes

     

    La reliure en spirale permet de relire l’histoire inlassablement, et dans cette ronde on peut perdre le point de départ.

    L’enfant qui manipule le livre peut décider de le faire commencer à un autre moment. Tient, pourquoi pas au moment de la rencontre. Alors que le texte minimaliste, n’évoque que l’attente, et que l’image montre le protagoniste, un jeune homme à présent, croiser une jeune femme.

    Ou encore à la double page de la transmission, quand les graines passent de la main de l’adulte à celle du petit garçon.

    Pour ne pas imposer de début, il n’y a pas de page de titre, ni de couverture. On entre directement dans le récit, après avoir retiré la jaquette en plastique transparente.

    C’est sur cette jaquette que se trouvent les mentions légales et les noms des auteurs.
    Elle disparaîtra probablement rapidement si vous achetez cet album pour une crèche et elle présentera sans doute un problème de catalogage pour les bibliothécaires. Mais elle est la solution idéale pour que l’objet livre ne soit jamais parasité par les éléments extérieurs.

    Ceux qui décident

    15 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: amitié, dès 5 ans, dès 6 ans, harcèlement, l'étagère du bas, Lisen Adbage

    Ceux qui décident, Lisen Adbage, l’étagère du bas 2020, 14€

    Il y a ceux qui décident, et il y a nous.
    Deux bandes, qui ne s’affrontent pas. L’une subit l’autre. Cela semble être un fait établi, que personne ne songe à remettre en question.
    Eux sont moins nombreux mais ils semblent féroces. Ils sont autoritaires, fermes, ils ne doutent pas. Ils ordonnent. On obéit. Point.

    De la cour de récré à l’aire de jeu, la situation se répète, chacun semble rejouer sa partition à l’infini.
    En plus des deux groupes l’image montre d’autres enfants, qui observent les scènes. Esquissés au feutre noir, ils sont les témoins muets de la tyrannie imposée par une bande pourtant minoritaire. Ils sont retranchés derrière les imposants murs noirs des immeubles, mais ils ne ratent rien de la situation.
    Jusqu’au moment où ils entrent littéralement en jeu.

    ceux qui décident

    Sur le terrain de foot, ils forment une équipe avec ceux qui obéissent.

    Quand les oppresseurs les chassent du terrain, ils se réalisent qu’ils ne sont pas assez nombreux pour jouer. Et, pour la première fois, ceux qui normalement obéissent, refusent d’obtempérer. Ils se contentent de dire non. Fermement.

    Peut-être plus que sur le harcèlement c’est un album sur le pouvoir. Comment on l’acquiert, comment on le perd, quelle légitimité il peut avoir. Sur l’amitié et la force du collectif aussi peut-être.

    Le texte est simple et assez court, il se passe d’explication, il se contente d’exposer la situation. Sans donner de leçon, ni aux victimes ni aux témoins, ni même aux agresseurs, il montre une façon plus appropriée de se comporter.

    Et rien n’empêche les jeunes lecteurs d’avoir de l’empathie aussi pour ceux qui décident. Parce que après tout ce sont des enfants, qu’ils n’ont pas l’air tellement heureux et qu’ils peuvent changer.

    C’est un livre nécessaire, qui permet aux enfants de penser les situations de domination, de réfléchir au pouvoir d’agir qu’ils possèdent tous, quelle que soit leur place.

     

     

     

    Ours à New-York

    12 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: dès 6 ans, dès 7 ans, dès 8 ans, Gaya Wisniewski, grandir, MeMo, noir et blanc, nostalgie

    Les images, qui se déploient sur un grand format, réalisées au feutre noir sont à la fois réalistes et étranges, elles incitent à porter un regard critique sur la vie quotidienne citadine et monotone du protagoniste. On peut penser que cet album s'adresse d'abord aux adultes, puisqu'il joue sur leur nostalgie du temps de l'enfance. Mais les enfants y trouvent un réel intérêt.Ours à New-York, Gaya Wisniewski, MeMo, 2020, 18€

    Alexander mène une vie qu’il faut bien qualifier d’étriquée.

    Certes il a un « bon travail », qui devrait lui conférer le statut d’homme important mais il s’y ennuie.

    Son existence semble répétitive, sans fantaisie.
    Quand un matin, sur son trajet habituel, un ours géant que lui seul peut voir lui barre le passage, il ne reconnaît pas tout de suite celui qu’il a tant dessiné étant enfant.
    Mais l’ours revient, il s’est donné pour mission d’ouvrir les yeux d’Alexander sur la platitude de sa vie. Il doit bien rester quelque chose de ses rêves d’enfant, il n’était pas fait pour se contenter d’une vie de bureau, il devait devenir dessinateur. Que s’est-il passé?
    « -Rien, il ne s’est rien passé. Il ne se passe rien. » Répond l’homme en costume.

    Ours à New-York, Gaya Wisniewski, MeMo

    Ours appelle Foxi, le doudou d’Alexander, à son secours. Ensemble, ils vont réussir à allumer une étincelle, à donner des envies de réalisations à Alexander. Ils lui montrent qu’un autre chemin est possible.

    Les images, qui se déploient sur un grand format, réalisées au feutre noir sont à la fois réalistes et étranges, elles incitent à porter un regard critique sur la vie quotidienne citadine et monotone du protagoniste.

    On peut penser que cet album s’adresse d’abord aux adultes, puisqu’il joue sur leur nostalgie du temps de l’enfance.
    Mais les enfants y trouvent un réel intérêt.

    Il est peu habituel qu’on leur propose des héros adultes. Je ne pense pas qu’ils s’identifient au protagoniste, mais ils peuvent avec cet album comprendre ses sentiments et ses émotions.

    Je ne crois pas que le but de la lecture soit nécessairement l’identification. Au contraire, se projeter dans les pensées d’une personne qui ne nous ressemble pas, c’est faire l’expérience de l’altérité, c’est la possibilité de mieux comprendre l’autre et le monde.

    Et puis Ours à New-York est un hymne à l’enfance et à ses potentialités. Le jeune lecteur peut être pleinement satisfait de cette histoire qui qu’il est encore à l’âge où tout est possible, où tous les chemins s’ouvrent à lui.

    Ours à New-York, Gaya Wisniewski, MeMo

    Tintamarre et Gazouillis, une journée à la mer

    7 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums 1 Comment Tags: dès 2 ans, dès 3 ans, dès 4 ans, été, Eva Montanari, onomatopées, Thierry Magnier, vacances

    tintamarre et gazouillis une journée à la merTintamarre et Gazouillis, une journée à la mer, Eva Montanari, ed Thierry Magnier, 2020, 14€50

    Moi je vous le dis, c’est au cœur de l’hiver que je préfère lire des histoires de vacances au soleil.

    Pouvoir me replonger dans le plaisir des journées à la mer, des nuits étoilées et l’odeur du barbecue est toujours un plaisir. Mais plus encore quand il fait nuit à 17h et que j’aspire à passer mes dimanches sous la couette avec un bon livre.
    De même d’ailleurs que j’aime lire les histoires de noël à la belle saison.

    Après tout, la littérature n’a pas pour vocation d’être redondante avec la vie. Au contraire, j’aspire à ce qu’elle m’offre ce qui m’échappe dans mon quotidien.

    Bref, aujourd’hui nous partons en camping avec Tintamarre et Gazouillis, pour une journée à la mer.

    tintamarre et gazouillis une journée à la mer

    La bonne humeur est au rendez-vous dès le lever de soleil. Promenade à vélo, jeux dans les vagues et surtout complicité parent/enfant, tout donne à voir une journée de vacances: ordinaire et merveilleuse à la fois. Y compris le moment de colère/frustration quand il est l’heure de quitter la plage.

    Comme le nom des protagonistes l’indique, le récit est en grande partie porté par les sons entendus ou prononcés par les personnages.

    Et par l’image bien sûr. Des illustrations légères et dynamiques au pastels sacs et aux crayons.

    La forme de récit et l’économie de mots permettent de laisser planer le doute quant aux personnages. Père et fils? Mère et fille? Ou toute autre combinaison de l’un et l’autre?
    On ne sait pas et peu importe, ce qui compte surtout c’est le plaisir qu’ils ont à être ensemble.

    Cet opus fait suite à Tintamarre et gazouillis, une journée tout en bruits

    Juste un fraisier

    4 janvier 2021 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: Actes sud junior, Amandine Laprun, dès 4 ans, dès 5 ans, nature, saisons

    Juste un fraisier Laprum Actes sutJuste un fraisier, Amandine Laprun, Actes sud junior, 2020, 22€

    J’avais déjà été séduite par le coup de crayon de cette illustratrice dans son livre objet Arbre, qui d’ailleurs a toujours beaucoup de succès.

    Dans Juste un fraisier, on retrouve le trait précis et la mise en valeur de la nature.
    Ici aussi l’histoire est racontée par un plan fixe, qui va évoluer au fil du temps et des saison.

    Mais le choix d’un cadrage au raz du sol place l’essentiel de l’histoire hors champ.

    C’est donc à travers le texte que l’on reconstitue les événements et que l’on devine qui sont les personnages.

    Le récit est entièrement dialogué, avec des couleurs de police différentes pour chaque personnage ce qui permet de s’y retrouver.
    On comprend qu’un petit garçon, Melvin, vit ici, qu’il jardine en famille et joue avec une petite Lisa, probablement sa voisine, qui lui rend visite assez souvent.

    Juste un fraisier intérieur

    Entre outils de jardinage, petites voitures égarées là, insectes et petits pieds on assiste au petit spectacle de la nature. La neige qui recouvre tout, les pas feutrés d’un renard, les oiseaux qui fouillent la terre à la recherche de vers sont montrés en gros plan.

    Autour, les humains s’affairent. Ils rentrent du bois, jouent, protègent les fraises des prédateurs.

    Avec son très grand format (30 sur 40 tout de même) cet album met en valeur les petites choses que les enfants aiment à observer.

    Et le choix du cadrage invite sans cesse l’enfant lecteur à reconstituer, imaginer le reste de la scène.

    Je trouve cette gymnastique intellectuelle particulièrement intéressante. Ça met l’imagination en mouvement.

    Pour finir, une petite vidéo de présentation.

     

    Rouge-Queue, quatre histoires d’oiseaux

    17 décembre 2020 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: Anne Crausaz, dès 4 ans, MeMo, oiseaux, saisons

    Rouge-Queue quatre histoires d'oiseaux anne crausaz, MeMoRouge-Queue, quatre histoires d’oiseaux, Anne Crausaz, MeMo, 2020, 16€

    Rouge-Queue sait qu’il doit partir. Comme ses parents et ses grand-parents le savaient aussi, comme ses enfants le sauront un jour. Il a fait sa dernière lessive et préparé son baluchon. Pile pour l’équinoxe de printemps.

    Autre saison, autre histoire. Au solstice d’été, grand-père Rossignol, tout apprêté, s’inquiète. Les enfants sont ils prêts pour le premier concert de la saison?

    En automne, c’est Rouge-Gorge, qui partage avec nous une tranche de sa vie quotidienne. Alors que le froid approche, il est heureux d’être invité chez son amie Mésange.

    Et enfin en hiver, Perdrix hésite sur la couleur de son plumage: Blanc, pour mieux se cacher dans la neige? Mais les hivers sont tellement doux ces derniers temps, peut-être que la tenue marron reste la plus appropriée?

    Quatre moments clé de la vie des oiseaux, quatre petites histoires où l’instinct animal se marie étonnamment à des attitudes humaines. Il semble y avoir une contradiction permanente dans les actions des volatiles, à la fois sauvages anthropomorphisés.

    rouge-queue quatre histoires d'oiseaux

    Cela créé des petits récits étonnants, des juxtapositions improbables. S’il semble naturel par exemple que les oiseaux chantent pour célébrer le retour du beau temps, on ne s’attend pas à les voir le faire avec des colliers de perles ou des nœuds papillons. Si l’instinct les pousse à se chercher un coin chaud pour l’hiver, on se demande par quel miracle ils y ont installé un petit poêle où brûle un feu.

    C’est un peu déroutant et j’avoue que je me suis d’abord perdue dans les différentes situations.

    Mais les images d’Anne Crausaz sont toujours d’une telle élégance qu’on a un grand plaisir à lire et relire l’album, et l’histoire gagne en clarté au fil des relectures.

    rouge-queue quatre histoires d'oiseaux

    Picasso Imagier

    15 décembre 2020 By Chloé Séguret in Mon activité de formatrice, Tous les albums No Comments Tags: art, dès 2 ans, dès 3 ans, dès 4 ans, dès 5 ans, Grégoire Solotareff, imagier, l'école des loisirs

    picasso imagier solotareffPicasso Imagier, Grégoire Solotareff, l’école des loisirs, 2020, 13€50

    L’on se souvient de Petit musée, sorti il y à bientôt 30 ans et toujours apprécié des enfants. Il est l’œuvre de Grégoire Solotareff et du regretté Alain Le Seau. Un imagier atypique, qui recense pas loin de 150 mots, représentés par des tableaux de grands peintres.

    C’est dans la continuité de ce travail que s’inscrit l’album Picasso Imagier, qui explore l’œuvre du maître en 36 mots.

    Pas de classement alphabétique cette fois (l’auteur a déjà fait le choix de bousculer ce classement dans le dictionnaire des sorcières). Les images se succèdent donc dans un ordre qui ne semble obéir à aucune logique, si ce n’est peut-être l’association d’idée.

    picasso imagier

    Certains tableaux sont présentés dans leur ensemble, d’autres pages font un focus sur un détail, aiguisant ainsi le regard des enfants.

    Quand je lis cet album avec de jeunes enfants, ce n’est pas pour les familiariser avec la grande peinture. C’est sans doute un effet secondaire et tant mieux, mais ce n’est pas mon objectif.

    Il n’est pas non plus question de leur indiquer ainsi ce qu’ils sont censés trouver « beau ». D’ailleurs, faut-il trouver une toile belle pour l’apprécier?
    Non, ce que je cherche plutôt c’est à susciter de l’intérêt et même de l’étonnement.

    Les images choisies dans cet album sont de nature à produire cet effet. Pour les enfants elles peuvent sembler étranges, bizarres, inhabituelles. Gravures, gouaches ou pastels, d’une page à l’autre, les enfants découvrent des images dont la consistance, la composition, la nature sont très différentes.

    Je ne sais pas ce qu’ils « comprennent » de ce livre, mais je vois dans leurs attitudes et leurs regards qu’ils « ressentent ». De l’émerveillement et du plaisir parfois. De l’agacement, du dégoût, de la surprise ou de l’incompréhension d’autre fois. Ce qui compte, c’est qu’ils ne soient pas indifférents. Ça me semble être une bonne façon d’appréhender l’art, se laisser aller à ressentir.

     

    picasso imagier maison

    Un album à mettre entre toutes les mains, donc, et dès le plus jeune âge.

    Nuit étoilée

    9 décembre 2020 By Chloé Séguret in Tous les albums No Comments Tags: amitié, amour, coup de coeur, dès 10 ans, dès 8 ans, dès 9 ans, HongFei, Jimmy Liao, récit initiatique, solitude

     Nuit étoilée, Jimmy Liao, HongFei,Nuit étoilée, Jimmy Liao, HongFei, 2020, 19€90

    Rare, cet album l’est à plus d’un titre. Déjà parce qu’il s’adresse aux grands. Il se savoure pleinement à partir de 8/10 ans. Mais comme il est très chargé en émotions je pense que les enfants plus jeunes peuvent l’écouter avec grand plaisir, grappillant des sensations même si l’histoire leur reste parfois obscure.

    Rare aussi par son épaisseur, sa densité. Et par la richesse et la maîtrise de ses illustrations. Et par le foisonnement des références iconographiques.

    Rare enfin pour le récit lui même, d’une consistance singulière.

    Comme un journal intime, l’histoire se raconte à la première personne.
    La narratrice est une adolescente solitaire, aux parents éternellement indisponibles.
    A travers ses yeux, l’étrangeté du monde est palpable, elle prend la forme d’animaux gigantesques, d’arbres en forme de lapin, de décors surréalistes.

     Nuit étoilée, Jimmy Liao, HongFei,

    Il n’y a pas un propos unique qui se déroule au fil de l’album, mais plusieurs qui s’entremêlent, qui, ensemble, tissent l’histoire.
    La difficulté à entrer en relation (avec ses parents mais aussi avec ses camarades), le deuil quand son grand-père meurt (et le blanc de la page vire alors au gris pâle), la rencontre et enfin la fugue, aux cotés d’un garçon tout aussi bizarre et décalé qu’elle.

    Pendant leur escapade, le cadre des images disparaît: le monde, immense, s’ouvre à eux.

    A leur retour elle tombe malade, et quand elle sera rétablie il sera parti.

    De leur rencontre il reste désormais un souvenir, aussi lumineux qu’une nuit étoilée.

    Il faut lire cet album, il faut se laisser embarquer dans la tête de cette adolescente, ressentir avec elle. Puis il faut le relire pour mieux mesurer la qualité des illustrations, y trouver les multiples références.

    Et le lire encore une fois, pour l’assimiler, l’intégrer, le digérer. Après de multiples lectures, on peut enfin le garder en soi, il est là, on peut y repenser. On reste nourrit de cette lecture, grandit.
    De la vraie littérature.

    Je vous en laisse un petit aperçu avec cette vidéo de présentation. Et cette autre vidéo, très touchante, de l’auteur.

     

     

     

    Superflu

    7 décembre 2020 By Chloé Séguret in Tous les albums 2 Comments Tags: dès 4 ans, dès 5 ans, écologie, Emily Gravett, humour, Kaleidoscope, société de consommation

    Superflu, Emily Gravett, kaléidoscopeSuperflu, Emily Gravett, kaléidoscope, 2020, 13€

    Meg et Ash, deux pies, construisent un nid pour leur progéniture à venir, sous le regard attendri des animaux du coin.

    Herbe, boue, bâtons et, oh, tiens, les pages arrachées à cette vieille revue feront l’affaire pour compléter le tout. Est-ce sous l’influence d’un encart publicitaire aperçu au passage qu’ils se mettent en quête d’objets, toujours plus nombreux, pour garnir leur nid?

    Les voilà qui récupèrent, entassent, accumulent des choses de plus en plus encombrantes.

    La surenchère devient rapidement absurde, au sol les autres animaux semblent tour à tour inquiets et consternés.

    On note au passage que les objets d’abord récupérés sont ensuite manifestement volés (mais c’est bien là la nature des pies!)

    Superflu, Emily Gravett, kaléidoscope

    Cédant aux sirènes de la consommation à outrance, elles anticipent sur des besoins totalement imaginaires de leurs futurs oisillons: mais que feraient des bébés pies d’un vélo ou de chaussettes pour bébé? Et ce sceau, encore rempli d’eau savonneuse, même accompagné de sa serpillière ne leur sera pas d’une grande utilité.

    Enfermés dans leur fierté de futurs parents, convaincus de faire le nécessaire pour leurs bébés à naître, Meg et Ash poursuivent leur accumulation jusqu’au point de rupture… De la branche sur laquelle ils ont construit le nid.

    Crac, le superflu tombe, entraînant le nid et les précieux œufs dans leur chute.

    Comme souvent chez Emily Gravett, le rythme de lecture est donné autant par l’image que par le texte.

    Ici le récit prend des allures de ritournelles, presque toujours en alexandrin (d’ailleurs chapeau à Rolland Elland-Goldsmith, le traducteur), toujours en rimes. On y trouve une emphase qui fait parfaitement échos à l’accumulation des objets.
    L’illustration grossit encore le trait pour accentuer le caractère burlesque de la situation. Les animaux qui observent la scène et réagissent silencieusement, comme un chœur qui souligne aussi le ridicule des pies. (On reconnaît parmi eux Benoît, le héros de l’album Le grand ménage)

    Finalement, l’histoire se termine bien et les oiseaux s’apprêtent à éduquer leurs petits dans plus de simplicité. Mais sauront-ils leur transmettre ce tout nouveau sens du dépouillement? Pas certain si l’on en croit la toute dernière image…

    J’aime assez la finesse dont fait toujours preuve Emily Gravett. Dans ses derniers albums les thèmes de la surconsommation et de l’écologie sont toujours présents mais elle ne fait jamais la morale aux gamins, elle se contente de leur raconter des histoires, chacun comprend ce qu’il veut là dedans.

    superflu interieur gravett

     

     

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