Animonstres, Henri Galeron, les grandes personnes, 2024, 14€50
Les bestiaires ont toujours beaucoup de succès auprès des mouflets, mais les chimères et autres créatures imaginaires ont une dimension ludique supplémentaire qui les ravit plus encore.
Dans cet album pêle-mêle l’illustrateur s’amuse à créer des bestioles étranges et loufoques que l’on peut mélanger entre elles, façon cadavre exquis, pour multiplier les possibilités.
Tête et pattes avant sur le livret de gauche, fesses et pattes arrière sur celui de droite, avec quelques variations quand même. Des yeux du mauvais côté, une queue qui a des allures de gueule toute dentue, des nageoires ou des ailes qui côtoient des mains à l’apparence très humaine, tout est hors norme, étonnant et presque parfois dérangeant.
Pour rendre les choses plus divertissantes, Henri Galeron ajoute un texte qui reprend les improbables juxtapositions du dessin, avec une forme rimée chère aux enfants.
De nombreux animaux un peu plus… heu, conventionnels dirons nous, sont également présents sur l’illustration, passant parfois d’un côté du livre à l’autre. Ils sont représentés de façon réaliste et leur étrangeté naît des postures invraisemblables ou de leur environnement tellement inhabituel.
J’ai eu l’occasion de tester cet album cet été lors de bibliothèques de rue et j’ai adoré travailler avec. Il est à la fois très amusant et très artistiques, plaît aussi bien aux parents qui y reconnaissent un cousinage avec Queneau et ses cent mille milliards de poèmes qu’à ceux qui ignorent tout du mouvement surréaliste.
Les enfants se régalent à le manipuler (en plus, il est solide, ce qui est rare pour un pêle-mêle) et s’amusent particulièrement quand ils peuvent le regarder en petit groupe. Ils soulignent alors l’aspect pustuleux/poilu/gluant de certains animonstres tout en soulignant qu’ils sont “mignons quand même” pour certains.
Bref, un beau mélange d’artistique et de ludique tout comme j’aime.