Le barrage, Daniel Fehr, Mariachiara Di Giorgio, les éléphants, 2024, 16€
Eliott, le benjamin de la famille, semble plutôt en observation. Mais ses frangines, Faustine et Lilly sont affairées.
Elles vont construire un barrage. Un beau. Un grand. Bon, ok, Eliott consent finalement a apporter sa pierre à l’édifice, au sens propre. Hop, il dépose un rocher vert au centre, ça semble l’amuser quelques minutes puis il se met à pêcher, visiblement c’est son truc, la pêche.
Les filles poursuivent leur ouvrage, il prend de l’ampleur, il faut qu’il soit encore plus grand, plus solide.
Pour bien faire, elles ont besoin d’aide.
Le roi qui passait sur son vaisseau est sollicité. Il tente bien de se défiler et de laisser ses sujets faire le job mais les deux sœurs mènent leur monde avec autorité, il faut que tous participent. Un bateau de pirate passe au loin? Tant mieux, il faut des bras en plus, allez, on s’y met. Le projet s’étoffe, avec le barrage, il faut un village.
Mais quand Eliott veut récupérer sa pierre, les choses se corsent inévitablement.
J’ai toujours adoré regarder les enfants jouer. La façon dont ils intègrent les contraintes du réel à leurs jeux, leur capacité à s’adapter et le sérieux qu’ils accordent à leur histoire m’émerveille toujours.
Ici le glissement entre le réel et l’imaginaire s’opère sans à coup, il y a une porosité totale entre les deux mondes. D’ailleurs, si nous adultes pensons qu’il s’agit d’un récit enchâssé, dans lequel le jeu des enfants est comme entre parenthèse, contenu entre deux moments de réalité, l’image montre autre chose.
Visiblement, le fantastique est présent, de la toute première page de l’album à la toute dernière, mais je vous laisse le plaisir d’en trouver la preuve vous-même.
Au-delà de l’histoire, on craque aussi pour les illustrations à l’aquarelle, elles donnent vraiment envie de se plonger dans le livre.