De l’autre côté, Jacqueline Woodson, E.B. Lewis, éditions d’eux, 2024,
Jacqueline Woodson est encore (trop) peu traduite en français, c’est pourtant une autrice reconnue et qui a reçu le prix ALMA en 2018.
Dans ses livres (albums mais aussi romans) elle aborde des sujets rares et précieux en littérature jeunesse.
Ici il s’agit d’une rencontre et d’une amitié naissante sur fond de ségrégation.
Clover habite à proximité d’une longue clôture, qui traverse la ville. Elle est noire et de l’autre côté vivent les blancs.
Sa mère la dissuade de jouer sur la barrière “ce n’est pas prudent”. Mais de l’autre côté, il y a cette fillette. Elle a sensiblement le même âge de Clover et regarde les jeux que sa voisine partage avec ses copines avec envie. Quand elle demande si elle peut participer, Clover n’a pas le temps de répondre, qu’une de ses amies a déjà refusé.
Pourtant, les deux fillettes semblent continuer à se chercher du regard. Elles se croisent parfois en ville, s’observent de loin. Et puis un jour, la clôture qui servait de séparation va devenir trait d’union. Les deux fillettes s’y assoient pour discuter. La voisine se prénomme Annie et bientôt elle fera partie de la bande de copains de Clover.
Cet album tout en subtilité parvient à montrer comment les enfants peuvent dépasser les interdits sociaux qu’ils ont pourtant intégré.
Ni Annie ni Clover ne demandent pourquoi la barrière est là, elles savent. Dans leur ville, les blancs et les noirs ne jouent pas ensemble, point. Elles le savent, mais ne l’acceptent pas et parviennent à passer outre, en douceur mais sans naïveté.
Les aquarelles d’Earl Bradley Lewis sont d’un réalisme saisissant, qui se prête parfaitement à cette histoire ancrée dans le réel.