Mac Pat le chat chanteur, Julia Donaldson, Axel Scheffler, Gallimard jeunesse, 2009, 14€90
A l’occasion de la sortie en salle du film éponyme, Gallimard réédite Mac Pat le chat chanteur, paru initialement en 2009, raconté par le duo autrice/illustrateur qui s’est fait connaitre pour le célèbre Gruffalo.
C’est l’histoire de Fred, un musicien des rues qui, accompagné de son chat Paddy Mac Pat rencontre un certain succès dans le voisinage, en particulier quand le félin se joint à lui pour pousser la chansonnette.
Un jour, un voleur dérobe l’argent qu’ils ont récolté, Fred le poursuit, trébuche et se retrouver à l’hôpital.
Le chat le cherche en vain, l’attend patiemment toute une semaine et finit par se suivre Soquette, la chatte du quartier qui pense qu’il y aura une place pour lui chez ses maitresses, Nella et Isa.
Les deux femmes adoptent immédiatement Mac pat qui se plait beaucoup dans ce nouveau foyer, mais régulièrement il pense à Fred et à leur vie passée…
Tout comme Fred pense à son chat qu’il désespère de retrouver un jour.
Ah, comme elle semble longue cette séparation !
Même si chacun est heureux de son côté, même si Paddy Mac Pat connait le bonheur de devenir un papa chat, on est drôlement soulagés quand ils se retrouvent enfin.
Et non, le chat ne retournera pas auprès de son ancien maitre, après tout, il a construit une nouvelle vie. Mais la résolution sera tout aussi rassurante pour le jeune lecteur et plaisante pour tous les protagonistes.
Au fond, il s’agit de maintenir les liens affectifs, pas de rester fusionnels pour toujours. Grandir, s’émanciper, faire sa vie, tout en maintenant son attachement, c’est un peu la vie des mouflets et je ne doute pas qu’ils trouveront dans cette histoires de multiples échos à leurs préoccupations du quotidien.
Derrière une apparente simplicité et un trait humoristique qui rend la lecture légère, il y a là matière à réflexion.
Bienvenue à notre table, Laura Mucha, Ed Smith, Harriet Lynas, Gallimard jeunesse, 2024, 15€50
Dans mon travail de terrain je suis souvent à la recherche de documentaires qui vont réunir parents et enfants et favoriser les échanges entre différentes familles qui ne se connaissent pas toujours. Bienvenue à notre table répond à ces deux exigences. La nourriture, sujet universel par excellence, est propice à l’intérêt de tous. Petits et grands salivent à l’évocation des pains du monde, ils découvrent ou reconnaissent des plats au goût d’ailleurs et se plaisent à apprendre termes et techniques culinaires. Pour évoquer les différentes gastronomie les auteurs nous font découvrir les mots qui y sont associés, en version originale. Le plurilinguisme est une jolie façon de rentrer dans les cultures des autres. On apprend ainsi qu’en Éthiopie l’injera (prononcer inne-djé-ra) est une grande crêpe qui sert à la fois d’assiettes et de cuillère. À Mexico, les tortillas, des galettes de maïs, accompagnent la plupart des repas, tout comme les rotis en Indonésie.
À l’image, les personnages sont tous des enfants. On les voit manger mais aussi cuisiner, faire les courses ou jardiner. Ils représentent la diversité du monde et il est plaisant de les voir réunis autour d’une même table sur la couverture. On note un véritable souci de représenter tout le monde sur un pied d’égalité sans oublier personne. Ils ont tous des petites frimousses souriantes, joyeux d’être ensembles. Car quoi de mieux que de partager un repas pour mettre en œuvre le vivre-ensemble ?
Émile fait sa retraite, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard jeunese, 2024, 6€90
Vous connaissez Émile, le petit garçon atypique au caractère bien trempé ? Il affirme ses désirs avec autorité (parce que c’est comme ça et pas autrement) et noue des amitiés improbables, avec une vieille dame ou avec son voisin, monsieur Ferber, qui cache sa fantaisie derrière un costume et une cravate des plus austères.
Au fil d’une trentaine d’albums, ses petites spécificités se sont précisées. Il a toujours le regard franc tourné vers le lecteur, est généralement en dialogue avec un de ses parents mais on ne le voit jamais et il a des marottes des plus inattendues. Or donc, voilà qu’il décide de faire sa retraite, ce qu’on fait quand on a bien travaillé et qu’on est vieux. Ça tombe bien, Émile a bien travaillé et Émile est vieux, y’a qu’à voir, il porte une barbe. Ça prouve.
Quand vient le pot de départ de monsieur Ferber, tous deux sont ravis de recevoir le magnifique cadeau que l’entreprise a prévu pour eux. Un vélo pour monsieur Ferber et, heu, ben un klaxon pour Émile, qui n’était pas vraiment prévu au programme. Ils ne sont démonstratifs ni l’un ni l’autre mais derrière leur air pince sans rire on devine avec quelle malice ils se jouent des conventions et on envie le sens de la liberté dont ils font preuve.
C’est sans doute ce qui fait le succès de cette série d’ailleurs, Émile est un enfant hors du temps, hors des normes, émancipé des codes sociaux, facétieux sans en avoir l’air. Il est hors normes et pourtant, qu’est-ce qu’on se reconnaît en lui ! Un vrai plaisir à chaque album.
Parmi les nombreux livres-jeux que la production offre aux enfants, il y a un genre qu’ils affectionnent particulièrement, c’est le cherche-et-trouve.
Quand ils sont autonomes et les regardent seuls ou entre eux, c’est l’idéal, des heures de jeu s’offrent à eux et des heures de tranquillité s’offrent à nous!
Mais souvent, très souvent, ils réclament la présence d’un adulte, pour les aider ou juste pour être témoins de leur réussite, quand ils trouvent plus vite que nous.
J’ai quelques souvenirs de séances de lectures assez laborieuses en bibliothèque de rue, avec des enfants exigeant ma présence pour regarder loooonguement (très longuement) les pages de Où est Charlie, le cherche-et-trouve par excellence, qui voit défiler les générations avec toujours le même succès.
Mais il en existe de nombreux autres, et puisque notre présence est requise, autant en choisir des plaisants pour nous aussi (oui, j’ose briser le tabou, les Où est Charlieme les brisent me lassent)
Je préfère largement les deux chouettes cherche-et-trouve que voilà:
Devine, cherche et trouve ville, Manon Bucciarelli, Gallimard jeunesse, 2023, 20€
C’est un hybride, à la fois livre à chercher et livre jeu, puisque les éléments qu’il faut trouver dans l’image ne sont pas identifiés par leur simple nom mais par une description. Ainsi nous découvrons les éléments emblématiques de 16 grandes villes du monde, qui chacune sont représentées sur une large double page.
On cherche la tower eye à Sydney, le bol de ramen à Tokyo, le bus à impériale à Londres.
L’impression en 4 tons directs (violet, jaune, doré et noir) donne une grande unité graphique à l’album, mais chaque page a son atmosphère propre, qui correspond à celle de la ville présentée.
C’est sympa, ça fait réfléchir et voyager et au moins ça ne nous fait pas saigner des yeux comme un certain cherche et trouve à rayures, car ici les images sont très lisibles.
Mais il est tout de même complexe, pour bien savourer les devinettes je dirais qu’il est adapté vers 5/6 ans. Bien entendu, un enfant plus jeune peut l’apprécier aussi à sa façon!
Calinours cherche et trouve, Alain Broutin, Frédéric Stehr, l’école des loisirs, 2023, 12€
Le petit ours blanc créé par Frédérir Stehr fait le bonheur des enfants depuis les années 80.
Dans ce bel album au format généreux (il faut bien ça pour caser tous les détails des images), on le retrouve dans 8 grandes illustrations pleines pages en compagnie de ses amis et de tout un tas d’animaux de la forêt. Dans des situations du quotidien (la baignade, à l’école ou en train de s’endormir), à travers différentes saisons, de jour et de nuit, on se régale à explorer ce petit monde plein de tendresse.
On peut jouer avec deux entrées différentes, selon l’âge et l’habitude des enfants: une frise en bas de page montre les éléments à trouver et un encadré propose d’autres recherches, sous forme de questions (“Combien de grenouilles comptes-tu?” “Un oiseau est en train de perdre son bonnet. Aide-le à le retrouver”).
Il est aussi possible de se promener dans les images comme dans un grand album sans texte, imaginant les petites histoires qui s’y nichent.
Il conviendra donc aux plus petits (dès 2 ans si ça vous dit, en plus les pages sont épaisses et solides, avec les coins arrondis) et durera longtemps (j’ai passé plus d’une heure dessus avec des enfants de grande section de maternelle, ils se sont éclatés)
J’aime l’atmosphère chaleureuse et amicale qui se dégage de chaque page et pour l’instant il ne provoque chez moi pas la moindre lassitude, je suis même contente quand un enfant le choisi. C’est bon signe! De ce point de vue là je le place du côté des grands albums des saisons de Rotrault Suzanne Berner, des années que je bosse avec toujours avec le même plaisir, chaque lecture offrant de nouvelles découverte.
À la recherche du père Noël, Loïc Clément, Anne Montel, little urban, 2021, 22 €
Un très (très) grand format pour cet album hybride entre cherche et trouve et texte illustré.
Certains enfants connaîtront déjà le personnage principal, le professeur Goupil (mais il n’est nul besoin de le connaitre pour apprécier le présent ouvrage)
Il est au chômage et répond à une annonce que personne jusque là n’avait pris au sérieux: il s’agit de remplacer le père Noël, qui a mystérieusement disparu.
Accompagné d’une bande de joyeux animaux indisciplinés, il se rend donc au pôle nord. Pour bien comprendre en quoi consiste le boulot il faut qu’il visite les différents espaces de l’atelier du père Noël. C’est que c’est une véritable entreprise, avec un atelier couture, un espace dédié aux papiers cadeaux, un poste de contrôle, etc.
L’histoire est drôle, bien menée avec plein de clins d’œil sympa.
Sur chaque grande illustration, nous pouvons chercher le père Noël qui se cache, mais aussi les animaux qui accompagnent le professeur Goupil et autres lutins. Pour ces derniers, le niveau de difficulté est d’ailleurs assez élevé, tant les images sont riches et foisonnantes.
D’ailleurs, la dernière fois une petite fille a renoncé et m’a dit “sur la première page, j’ai pas trouvé le père Noël mais j’ai trouvé les trois brigands, ça vaut?
Ça vaut!
Vous y trouverez d’ailleurs pleins d’albums que vous connaissez, mais aussi un petit totoro très discret et sans doute bien d’autres références qui m’ont échappées.
On peut y passer des heures et, croyez-moi, il a un succès fou même en dehors de la période de Noël!
Matin rose, Elena Selena, Gallimard jeunesse, 2023, 27€90
Matin rose est un livre pop-up dont chaque page se présente comme un petit théâtre de papier, un décors en trois dimensions dans lequel le regard plonge pour fouiller la page.
Il y a beaucoup à voir, l’œil est d’abord accroché par les éléments du premier plan, fleur, papillon ou nuage, avant d’aller se perdre dans la profondeur, pour y trouver la petite fourmi ou les étoiles, là, tout au fond.
On n’y prête pas toujours attention à la première lecture mais chaque page est plus sombre que la précédente et le dégradé du bleu pâle au bleu nuit nous accompagne dans cette contemplation paisible.
Cet album est recommandé à partir de 4 ans. Je pense qu’avec un adulte attentif pour accompagner l’enfant, il peut être lu bien plus tôt. Mais il faudra s’assurer que la lecture tactile que peuvent en faire les enfants (vous le savez, les petits lisent avec leurs mains, voire leur bouche autant qu’avec leurs yeux et leurs oreilles) ne causera pas trop de dommages: le découpage d’une grande finesse rend chaque page fragile.
Le texte est court et poétique. Si vous avez l’occasion de lire cet album à un petit, soyez attentifs à son regard. Il est probable que le temps de la lecture à voix haute de chaque phrase ne soit pas suffisant pour qu’il ait fait le tour de l’image. Laissez leur le temps. Avec les plus grands aussi d’ailleurs, et vous même, n’hésitez pas à savourer chaque page.
On a tendance naturellement à tourner la page dès qu’on a lu le texte, alors que nos yeux ont balayé rapidement l’image.
Mais rien ne nous interdit un temps d’arrêt, un tout petit instant suspendu, pour mieux apprécier les nuages qui ont l’air de sourire ou l’harmonie des ronds dans la mare de nénuphars.
Écrire comme une abeille, la littérature jeunesse de la lecture à l’écriture, Clémentine Beauvais, Gallimard jeunesse, 2021
On dit parfois d’une illustration qu’elle est “comme un tableau”. Façon un peu maladroite d’évoquer sa qualité.
Du dernier ouvrage de Clémentine Beauvais, on dit qu’il se lit “comme un roman”. Histoire sans doute de souligner à quel point il est divertissant. Il est vrai qu’on l’ouvre pour apprendre les trucs et qu’on le dévore parce qu’il est drôle et qu’on veut connaitre la suite (si si).
Il faut dire qu’elle a une vraie plume et que la lecture de “Écrire comme une abeille” est des plus fluide.
Mais il y a aussi du fond, beaucoup. Elle parvient à transmettre sa fine connaissance de la littérature jeunesse et à nous donner des clés très utiles à sa compréhension et à son écriture.
Pour parvenir à ses fins, elle incarne son propos. Elle s’autorise la première personne du singulier, qui est généralement boudée dans les essais.
Elle se met en scène, à la fois narratrice et protagoniste du livre.
Et elle met en pratique sous nos yeux tous les conseils qu’elle nous donne. Elle aborde le rythme du récit? Ses phrases sont un parfait exemple des variations rythmiques possibles. Elle explique comment donner une irrépressible envie de lire la suite? Paf, elle nous colle un cliffhanger de folie! Elle nous explique ce qu’est un narrateur non fiable et elle même… Oserais-je le dire? Oui, elle même est une narratrice dont la fiabilité s’avère versatile. Et on en redemande!
Au point qu’on arrive à la fin du livre, chargé de pistes pour écrire un livre jeunesse mais aussi pour le retravailler en finesse, le présenter à un éditeur, négocier son contrat, bref, un véritable tutorat nous a été proposé.
Pour terminer un atelier d’écriture nous invite à prendre la plume immédiatement!
Franchement, j’ai jamais eu l’intention d’écrire un livre jeunesse mais en sortant de cette lecture, j’étais à deux doigts de m’y mettre! Si tel est votre projet, foncez, sans la moindre hésitation, il vous faut ce livre! Si ce n’est pas plus le cas pour vous que pour moi, vous pouvez aussi le lire pour mieux comprendre et analyser la littérature pour la jeunesse. Et passer un bon moment. Comme un roman on vous a dit!
(Je vous met quand-même une image de l’intérieur pour montrer qu’en plus la mise en page est aérée et très agréable à lire)
La folle poursuite, Clément Hurd, Gallimard jeunesse
La folle poursuite a été écrit en 1941, mais traduit seulement en 2006 par Gallimard jeunesse.
Sans doute parce que depuis les années 2000, l’iconographie de l’époque revient à la mode. Mais aussi parce que les couleurs et le mouvement dans cet album gardent une grande modernité.
Le thème, quant à lui, est intemporel.
Un chien, qui casse sa laisse pour se lancer à la poursuite d’un chat. Les propriétaires respectifs qui entrent dans la course. Et tout un tas de personnages qui passent là par hasard et vont être plus ou moins bousculés par cette folle poursuite.
Le texte est court, bien sûr, et les pages se tournent à vive allure. Les images, au ton très vif, se lisent en un coup d’œil. Mais elles méritent qu’on s’y attarde ou pour le moins qu’on y revienne, pour mieux les savourer.
Outre le mouvement des animaux, qui traversent la page de part en part, outre les dégâts qu’ils provoquent partout, l’œil aiguisé des enfants repère des détails amusants ou des références cachées dans l’image.
Charly Chaplin derrière un mur, des petites souris sous un lit, un accident de voiture à l’arrière plan.
On éprouve, à la lecture de cet album, le même plaisir que quand on regarde un vieux Tex Avery. Un plaisir qui rassemble petits et grands.
Les dix droits du lecteur, Danien Pennac, Gérard Lo Monaco, gallimard jeunesse
Publié pour les 40 ans de Gallimard jeunesse, cet album pop-up reprend les dix droits du lecteur issus du livre “Comme un roman“, développés par l’auteur et admirablement mis en images et en reliefs par Gérart Lo Monaco.
“Le qu’en-lira-t-on ou les droits imprescriptibles du lecteur” est donc ici présenté sous une forme particulièrement ludique et qui peut être proposée aux adultes comme aux enfants. J’avoue, j’aime assez cette porosité entre un livre “pour adulte” et un “pour enfant.
Parce qu’au fond, je n’ai jamais réellement trouvé la limite, moi qui me régale autant que les enfants à lire leurs livres. Dans le cadre de mon travail, je lis le plus souvent à des enfants qui sont accompagnés de leurs parents, l’idée étant de plaire à l’un comme à l’autre.
Donc, avec ce pop-up, j’avais toutes les chances de faire mouche.
Et puis il est un formidable support d’échange avec les professionnels de la petite enfance avec qui je travaille: on lit ensemble chaque droit, on commente, on argumente, on réfléchit à nos pratiques quotidiennes.
Mais au fait, quels sont-ils? Les voilà:
1 – Le droit de ne pas lire
2 – Le droit de sauter des pages
3 – Le droit de ne pas finir un livre
4 – Le droit de relire
5 – Le droit de lire n’importe quoi
6 – Le droit au bovarysme
7 – Le droit de lire n’importe où
8 – Le droit de grappiller
9 – Le droit de lire à haute voix
10 – Le droit de se taire
Pour chacun d’eux, Gérard Lo Monaco a imaginé une scène en relief, qui ne l’illustre pas mais qui l’accompagne, l’éclaire, lui donne sens.
Chaque double page s’ouvre comme un petit théâtre de papier et donne à voir un mode livresque, un univers, des personnages, une ambiance. C’est un voyage à travers le monde et à travers le temps qui s’offre à nous.
Je le prends avec moi pour mes séances de lecture régulièrement depuis sa sortie, en 2012.
Alors pourquoi je le ressors, justement aujourd’hui?
A vrai dire, cela fait un moment que j’avais envie de l’évoquer ici. Mais c’est aussi parce que le droit de lire à voix haute, si cher à mes yeux, est aujourd’hui menacé. Si vous suivez la page facebook du blog, vous ne pouvez pas l’ignorer.
La SCELF, qui regroupe quelque 300 éditeurs, a décidé de faire payer un droit d’auteur sur les lectures publiques, avec ou sans billetterie, en bibliothèque, crèche, dans un café ou même dans la rue. Seules les écoles et les librairies sont épargnées. Outre le fait que cette mesure, si elle s’appliquait, mettrait immédiatement au chômage tous les lecteurs professionnels dont je fais partie, je la trouve très inquiétante pour la lutte contre les discriminations culturelles. Tous les enfants n’ont pas la chance de bénéficier de lectures dans le cadre familial, la lecture à voix haute devrait relever du service public (ah ben oui, ça tombe bien, c’est le cas puisque c’est une des missions des bibliothécaires).
Une pétition est en cours, elle regroupe déjà plus de 20 000 signatures. N’hésitez pas à la faire circuler et à la signer bien sûr. D’ailleurs, elle à déjà porté ses fruits, puisque le texte sur le site de la SCELFvient d’être modifié, désormais les auteurs qui lisent leur propres texte peuvent le faire gratuitement. (le bon sens élémentaire, quoi)
Et si vous voulez en savoir plus sur l’affaire, il y a des précisions sur le site Actualitté, sur le quel Daniel Pennac à justement pris la défense du 9 eme droit du lecteur dans cet article (et hop, je retombe sur mes pieds et la boucle est bouclée, même pas peur du hors sujet)
On ne le dira jamais assez, le bébé est une personne. Mais quelle
étrange personne quand même. Certains jours, il faut bien le dire, les bambins ressemblent plus à un genre d’animal polymorphe et des plus perturbant qu’à un humain civilisé.
Zagazou est un adorable bébé tout rose, au sourire charmant, qui fait la joie de Georges et Bella. Mais un jour… Il se transforme en un énorme bébé vautour aux cris stridents. Georges et Bella se demandent comment ils vont supporter ça mais un jour… Zagazou devien un petit éléphant turbulent. Mais un jour… de transformations en transformation, Zagazou n’en finit pas de déstabiliser ses parents, devenant chaque jour un animal différent, voire tout un tas d’animaux en même temps. Puis, il devient une grande chose hirsute, et cette phase là semble durer un peu plus longtemps que les autres.
L’identification fonctionne à merveille, les parents se reconnaissent à tous les coups dans le couple qui a à peine le temps de s’habituer au comportement de leur mouflet avant qu’il ne change de nouveau. Curieusement, les enfants, eux, ne se reconnaissent pas du tout dans cet étrange protagoniste en revanche… Tout au plus certains y reconnaissent leur petit frère ou leur petite sœur.
J’aime toujours autant l’humour de cet auteur et le dessin proche de la BD qui tombe juste avec à peine quelques traits. Il y a quelque chose de réjouissant dans les traits des personnages, tellement expressifs. A la fin l’histoire propose une pirouette, qui met l’histoire en perspective (et qui, il faut l’avouer, peut provoquer chez les parents une forme de spleen)