La folle poursuite, Clément Hurd, Gallimard jeunesse
La folle poursuite a été écrit en 1941, mais traduit seulement en 2006 par Gallimard jeunesse.
Sans doute parce que depuis les années 2000, l’iconographie de l’époque revient à la mode. Mais aussi parce que les couleurs et le mouvement dans cet album gardent une grande modernité.
Le thème, quant à lui, est intemporel.
Un chien, qui casse sa laisse pour se lancer à la poursuite d’un chat. Les propriétaires respectifs qui entrent dans la course. Et tout un tas de personnages qui passent là par hasard et vont être plus ou moins bousculés par cette folle poursuite.
Le texte est court, bien sûr, et les pages se tournent à vive allure. Les images, au ton très vif, se lisent en un coup d’œil. Mais elles méritent qu’on s’y attarde ou pour le moins qu’on y revienne, pour mieux les savourer.
Outre le mouvement des animaux, qui traversent la page de part en part, outre les dégâts qu’ils provoquent partout, l’œil aiguisé des enfants repère des détails amusants ou des références cachées dans l’image.
Charly Chaplin derrière un mur, des petites souris sous un lit, un accident de voiture à l’arrière plan.
On éprouve, à la lecture de cet album, le même plaisir que quand on regarde un vieux Tex Avery. Un plaisir qui rassemble petits et grands.
Les dix droits du lecteur, Danien Pennac, Gérard Lo Monaco, gallimard jeunesse
Publié pour les 40 ans de Gallimard jeunesse, cet album pop-up reprend les dix droits du lecteur issus du livre « Comme un roman« , développés par l’auteur et admirablement mis en images et en reliefs par Gérart Lo Monaco.
« Le qu’en-lira-t-on ou les droits imprescriptibles du lecteur » est donc ici présenté sous une forme particulièrement ludique et qui peut être proposée aux adultes comme aux enfants. J’avoue, j’aime assez cette porosité entre un livre « pour adulte » et un « pour enfant.
Parce qu’au fond, je n’ai jamais réellement trouvé la limite, moi qui me régale autant que les enfants à lire leurs livres. Dans le cadre de mon travail, je lis le plus souvent à des enfants qui sont accompagnés de leurs parents, l’idée étant de plaire à l’un comme à l’autre.
Donc, avec ce pop-up, j’avais toutes les chances de faire mouche.
Et puis il est un formidable support d’échange avec les professionnels de la petite enfance avec qui je travaille: on lit ensemble chaque droit, on commente, on argumente, on réfléchit à nos pratiques quotidiennes.
Mais au fait, quels sont-ils? Les voilà:
1 – Le droit de ne pas lire
2 – Le droit de sauter des pages
3 – Le droit de ne pas finir un livre
4 – Le droit de relire
5 – Le droit de lire n’importe quoi
6 – Le droit au bovarysme
7 – Le droit de lire n’importe où
8 – Le droit de grappiller
9 – Le droit de lire à haute voix
10 – Le droit de se taire
Pour chacun d’eux, Gérard Lo Monaco a imaginé une scène en relief, qui ne l’illustre pas mais qui l’accompagne, l’éclaire, lui donne sens.
Chaque double page s’ouvre comme un petit théâtre de papier et donne à voir un mode livresque, un univers, des personnages, une ambiance. C’est un voyage à travers le monde et à travers le temps qui s’offre à nous.
Je le prends avec moi pour mes séances de lecture régulièrement depuis sa sortie, en 2012.
Alors pourquoi je le ressors, justement aujourd’hui?
A vrai dire, cela fait un moment que j’avais envie de l’évoquer ici. Mais c’est aussi parce que le droit de lire à voix haute, si cher à mes yeux, est aujourd’hui menacé. Si vous suivez la page facebook du blog, vous ne pouvez pas l’ignorer.
La SCELF, qui regroupe quelque 300 éditeurs, a décidé de faire payer un droit d’auteur sur les lectures publiques, avec ou sans billetterie, en bibliothèque, crèche, dans un café ou même dans la rue. Seules les écoles et les librairies sont épargnées. Outre le fait que cette mesure, si elle s’appliquait, mettrait immédiatement au chômage tous les lecteurs professionnels dont je fais partie, je la trouve très inquiétante pour la lutte contre les discriminations culturelles. Tous les enfants n’ont pas la chance de bénéficier de lectures dans le cadre familial, la lecture à voix haute devrait relever du service public (ah ben oui, ça tombe bien, c’est le cas puisque c’est une des missions des bibliothécaires).
Une pétition est en cours, elle regroupe déjà plus de 20 000 signatures. N’hésitez pas à la faire circuler et à la signer bien sûr. D’ailleurs, elle à déjà porté ses fruits, puisque le texte sur le site de la SCELFvient d’être modifié, désormais les auteurs qui lisent leur propres texte peuvent le faire gratuitement. (le bon sens élémentaire, quoi)
Et si vous voulez en savoir plus sur l’affaire, il y a des précisions sur le site Actualitté, sur le quel Daniel Pennac à justement pris la défense du 9 eme droit du lecteur dans cet article (et hop, je retombe sur mes pieds et la boucle est bouclée, même pas peur du hors sujet)
On ne le dira jamais assez, le bébé est une personne. Mais quelle
étrange personne quand même. Certains jours, il faut bien le dire, les bambins ressemblent plus à un genre d’animal polymorphe et des plus perturbant qu’à un humain civilisé.
Zagazou est un adorable bébé tout rose, au sourire charmant, qui fait la joie de Georges et Bella. Mais un jour… Il se transforme en un énorme bébé vautour aux cris stridents. Georges et Bella se demandent comment ils vont supporter ça mais un jour… Zagazou devien un petit éléphant turbulent. Mais un jour… de transformations en transformation, Zagazou n’en finit pas de déstabiliser ses parents, devenant chaque jour un animal différent, voire tout un tas d’animaux en même temps. Puis, il devient une grande chose hirsute, et cette phase là semble durer un peu plus longtemps que les autres.
L’identification fonctionne à merveille, les parents se reconnaissent à tous les coups dans le couple qui a à peine le temps de s’habituer au comportement de leur mouflet avant qu’il ne change de nouveau. Curieusement, les enfants, eux, ne se reconnaissent pas du tout dans cet étrange protagoniste en revanche… Tout au plus certains y reconnaissent leur petit frère ou leur petite sœur.
J’aime toujours autant l’humour de cet auteur et le dessin proche de la BD qui tombe juste avec à peine quelques traits. Il y a quelque chose de réjouissant dans les traits des personnages, tellement expressifs. A la fin l’histoire propose une pirouette, qui met l’histoire en perspective (et qui, il faut l’avouer, peut provoquer chez les parents une forme de spleen)