Parmi les nombreux livres-jeux que la production offre aux enfants, il y a un genre qu’ils affectionnent particulièrement, c’est le cherche-et-trouve.

Quand ils sont autonomes et les regardent seuls ou entre eux, c’est l’idéal, des heures de jeu s’offrent à eux et des heures de tranquillité s’offrent à nous!

Mais souvent, très souvent, ils réclament la présence d’un adulte, pour les aider ou juste pour être témoins de leur réussite, quand ils trouvent plus vite que nous.

J’ai quelques souvenirs de séances de lectures assez laborieuses en bibliothèque de rue, avec des enfants exigeant ma présence pour regarder loooonguement (très longuement) les pages de Où est Charlie, le cherche-et-trouve par excellence, qui voit défiler les générations avec toujours le même succès.

Mais il en existe de nombreux autres, et puisque notre présence est requise, autant en choisir des plaisants pour nous aussi (oui, j’ose briser le tabou, les Où est Charlie me les brisent me lassent)

Je préfère largement les deux chouettes cherche-et-trouve que voilà:

Devine, cherche et trouve ville, Manon Bucciarelli, Gallimard jeunesse, 2023, 20€

C’est un hybride, à la fois livre à chercher et livre jeu, puisque les éléments qu’il faut trouver dans l’image ne sont pas identifiés par leur simple nom mais par une description. Ainsi nous découvrons les éléments emblématiques de 16 grandes villes du monde, qui chacune sont représentées sur une large double page.

On cherche la tower eye à Sydney, le bol de ramen à Tokyo, le bus à impériale à Londres.

L’impression en 4 tons directs (violet, jaune, doré et noir) donne une grande unité graphique à l’album, mais chaque page a son atmosphère propre, qui correspond à celle de la ville présentée.

C’est sympa, ça fait réfléchir et voyager et au moins ça ne nous fait pas saigner des yeux comme un certain cherche et trouve à rayures, car ici les images sont très lisibles.

Mais il est tout de même complexe, pour bien savourer les devinettes je dirais qu’il est adapté vers 5/6 ans. Bien entendu, un enfant plus jeune peut l’apprécier aussi à sa façon!

Calinours cherche et trouve, Alain Broutin, Frédéric Stehr, l’école des loisirs, 2023, 12€

Le petit ours blanc créé par Frédérir Stehr fait le bonheur des enfants depuis les années 80.

Dans ce bel album au format généreux (il faut bien ça pour caser tous les détails des images), on le retrouve dans 8 grandes illustrations pleines pages en compagnie de ses amis et de tout un tas d’animaux de la forêt. Dans des situations du quotidien (la baignade, à l’école ou en train de s’endormir), à travers différentes saisons, de jour et de nuit, on se régale à explorer ce petit monde plein de tendresse.

On peut jouer avec deux entrées différentes, selon l’âge et l’habitude des enfants: une frise en bas de page montre les éléments à trouver et un encadré propose d’autres recherches, sous forme de questions (« Combien de grenouilles comptes-tu? » « Un oiseau est en train de perdre son bonnet. Aide-le à le retrouver »).

Il est aussi possible de se promener dans les images comme dans un grand album sans texte, imaginant les petites histoires qui s’y nichent.

Il conviendra donc aux plus petits (dès 2 ans si ça vous dit, en plus les pages sont épaisses et solides, avec les coins arrondis) et durera longtemps (j’ai passé plus d’une heure dessus avec des enfants de grande section de maternelle, ils se sont éclatés)

J’aime l’atmosphère chaleureuse et amicale qui se dégage de chaque page et pour l’instant il ne provoque chez moi pas la moindre lassitude, je suis même contente quand un enfant le choisi. C’est bon signe! De ce point de vue là je le place du côté des grands albums des saisons de Rotrault Suzanne Berner, des années que je bosse avec toujours avec le même plaisir, chaque lecture offrant de nouvelles découverte.

À la recherche du père Noël, Loïc Clément, Anne Montel, little urban, 2021, 22 €

Un très (très) grand format pour cet album hybride entre cherche et trouve et texte illustré.

Certains enfants connaîtront déjà le personnage principal, le professeur Goupil (mais il n’est nul besoin de le connaitre pour apprécier le présent ouvrage)

Il est au chômage et répond à une annonce que personne jusque là n’avait pris au sérieux: il s’agit de remplacer le père Noël, qui a mystérieusement disparu.

Accompagné d’une bande de joyeux animaux indisciplinés, il se rend donc au pôle nord. Pour bien comprendre en quoi consiste le boulot il faut qu’il visite les différents espaces de l’atelier du père Noël. C’est que c’est une véritable entreprise, avec un atelier couture, un espace dédié aux papiers cadeaux, un poste de contrôle, etc.

L’histoire est drôle, bien menée avec plein de clins d’œil sympa.

Sur chaque grande illustration, nous pouvons chercher le père Noël qui se cache, mais aussi les animaux qui accompagnent le professeur Goupil et autres lutins. Pour ces derniers, le niveau de difficulté est d’ailleurs assez élevé, tant les images sont riches et foisonnantes.

D’ailleurs, la dernière fois une petite fille a renoncé et m’a dit « sur la première page, j’ai pas trouvé le père Noël mais j’ai trouvé les trois brigands, ça vaut?

Ça vaut!

Vous y trouverez d’ailleurs pleins d’albums que vous connaissez, mais aussi un petit totoro très discret et sans doute bien d’autres références qui m’ont échappées.

On peut y passer des heures et, croyez-moi, il a un succès fou même en dehors de la période de Noël!