Pages en partage, pour nourrir les liens parents enfants, Tom Feierabend, 2019
J’ai eu le plaisir de rencontrer Sophie Marinopoulos quand elle travaillait sur l’axe de la lecture pour son rapport sur l’éveil culturel du jeune enfant. J’ai participé, avec d’autre professionnels de la lecture, à deux réunions de travail visant à faire un état des lieux de ce qui existe actuellement en France dans ce domaine.
Encore un plouf, Isabelle Ricq, seuil jeunesse, 2024, 9€90
Il y a un truc que j’aime bien chez les enfants, c’est le peu de frontière qu’ils mettent entre le monde réel et leur imagination.
Quand on les observe jouer, ils passent de l’un à l’autre avec un naturel parfois déconcertant. Quand ils nous racontent une anecdote, il est parfois très difficile de savoir ce qui a vraiment eu lieux (remarquez, c’est pareil avec la plupart des adultes). L’album Encore un plouf joue avec cette porosité et la met en scène dans sa forme même. Un enfant dessiné se baigne au milieu de créatures qui semblent bien réelles puisque ce sont des photographies.
Visiblement l’eau est bonne, bien qu’on y croise un ours polaire. Tiens, c’est étrange d’ailleurs toute cette faune alors qu’il a sauté dans une piscine. Peu importe, le rythme de l’album nous entraine sans qu’on se pose trop de question. Mais en milieu d’histoire voilà qu’une voix venue d’un personnage hors champ interpelle l’enfant. Faudrait voir à se savonner!
Retournement de situation et hop, retournement d’album, habillement l’illustratrice nous incite à prendre le livre dans l’autre sens pour poursuivre la lecture. On a plongé vers les profondeurs, on remonte à présent, vers un environnement plus familier.
On sort la tête de l’eau et la situation achève sa mutation, ce sont à présent les humains qui sont fait de photos alors que les animaux sont dessinés sur le bord de la baignoire. Isabelle Ricq exploite toutes les possibilités de l’album, avec un sens d’ouverture inhabituel (format calendrier) elle utilise le pli central comme ligne d’horizon, qui sépare l’espace du dessous de celui du dessus, la forme même du livre ressemble à une piscine ou à une baignoire, elle mélange différents types d’illustrations.
L’imagier pas si sage, Aude Morel, Richard Magnier, Frimousse, 2024, 13€50
Tout commence comme un imagier classique, avec des représentations réalistes: Une paire de bottes rouges en vis-à-vis d’une banane. Mais dès la page suivante, cela dérape. Les bottes ont manifestement piétiné la banane qui se retrouve toute écrasée. Un narrateur commente la scène en appuyant bien sur sa désapprobation: « Oh, c’est pas vrai, une banane écrasée, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Quand, page suivante, un feutre bleu est mis en regard d’un t-shirt jaune (bien repassé précise le texte), nous (c’est à dire à la fois le narrateur, l’enfant avec qui on partage l’histoire et nous mêmes) sentons que ça va encore mal se passer. Ainsi, à chaque page, le petit lecteur est incité à mettre deux objets en relation pour anticiper sur ce qu’il découvrira sur la double page suivante.
Et, croyez-moi, à ce jeu-là ils sont super forts. Ils se doutent que les ciseaux vont servir à couper les cheveux de la poupée, et que les bonbons vont être mangés et ils ont beaucoup de plaisir à montrer qu’ils ont compris le procédé. Généralement, ils se marrent bien à cette lecture, et je doute qu’ils aient conscience de travailler des notions telles que la relation de cause à effet ou l’ordre des actions. Tout ce qu’ils voient, c’est des « bêtises » se dérouler sous leurs yeux envieux. Un (tout) petit brin d’impertinence n’a jamais fait de mal à personne, en tout cas pas aux enfants. Car voyez-vous, les bambins sont très tôt capables de repérer que certaines choses sont interdites, ils arrivent même généralement assez bien à se retenir de passer à l’acte mais, il faut bien le reconnaître, ils ont souvent plaisir à imaginer toutes les petites bêtises qu’ils pourraient faire. Ça doit être la raison pour laquelle quand un livre les montre, ils ne boudent pas leur plaisir. L’imagier pas si sage leur permet à la fois de montrer qu’ils savent bien ce qui est interdit (certains vont l’affirmer avec véhémence) et de s’y adonner par procuration.
L’enfant et le temps, Marie Sellier, Elsa Oriol, l’étagère du bas, 2024, 15€
C’est toujours compliqué pour les enfants de comprendre comment passe le temps. Soyons honnêtes, nous autres adultes avons aussi parfois des difficultés (désolée, mais je suis bien obligée de constater que les minutes où je suis coincée dans un embouteillage sont plus longues que celles passées au bord de la plage.) Quand on est petit, c’est encore plus déroutant, et cela suscite bien des questionnements. Pour voir ce que le temps à dans le ventre, l’enfant démonte une horloge. Vis, dents et petits ressorts sautent sur le tapis. Le temps serait-il cassé ? Les adultes tentent de rassurer et d’expliquer. Grand-mère évoque son enfance, quand elle n’avait pas la peau plissée, et qu’elle courait jambes nues sur la plage. Grand-père montant aux arbres. Papa filait sur son vélo rouge. Même maman a été autre chose qu’une maman, avant. Avant ? Quand je n’étais pas là s’interroge l’enfant ?
Quelle belle image accompagne cette réflexion. On y voit la fillette qui semble flotter dans le ciel, mais elle est très stable et solide, comme ancrée dans le réel, et son regard qui nous fixe a une grande force. Décidément, les images d’Elsa Oriol ne laissent pas indifférent, elles donnent une grande intensité au récit. Cette image est aussi un point de basculement dans l’histoire, après le présent, on évoque l’avenir et c’est en toute fin que le présent sera à l’honneur, plaçant l’enfant au centre de l’attention familiale, car le présent est le temps de l’enfance.
Un album très poétique et propice à la réflexion à hauteur d’enfant.
Émile fait sa retraite, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard jeunese, 2024, 6€90
Vous connaissez Émile, le petit garçon atypique au caractère bien trempé ? Il affirme ses désirs avec autorité (parce que c’est comme ça et pas autrement) et noue des amitiés improbables, avec une vieille dame ou avec son voisin, monsieur Ferber, qui cache sa fantaisie derrière un costume et une cravate des plus austères.
Au fil d’une trentaine d’albums, ses petites spécificités se sont précisées. Il a toujours le regard franc tourné vers le lecteur, est généralement en dialogue avec un de ses parents mais on ne le voit jamais et il a des marottes des plus inattendues. Or donc, voilà qu’il décide de faire sa retraite, ce qu’on fait quand on a bien travaillé et qu’on est vieux. Ça tombe bien, Émile a bien travaillé et Émile est vieux, y’a qu’à voir, il porte une barbe. Ça prouve.
Quand vient le pot de départ de monsieur Ferber, tous deux sont ravis de recevoir le magnifique cadeau que l’entreprise a prévu pour eux. Un vélo pour monsieur Ferber et, heu, ben un klaxon pour Émile, qui n’était pas vraiment prévu au programme. Ils ne sont démonstratifs ni l’un ni l’autre mais derrière leur air pince sans rire on devine avec quelle malice ils se jouent des conventions et on envie le sens de la liberté dont ils font preuve.
C’est sans doute ce qui fait le succès de cette série d’ailleurs, Émile est un enfant hors du temps, hors des normes, émancipé des codes sociaux, facétieux sans en avoir l’air. Il est hors normes et pourtant, qu’est-ce qu’on se reconnaît en lui ! Un vrai plaisir à chaque album.
À Paris, Ramona Badescu, Joelle Jolivet, les grandes personnes, 22€50
Je vis à Paris depuis mon enfance et c’est une ville que j’aime et dans laquelle je me sens bien.
Mais parfois j’ai la nostalgie des premières fois. Quand je suis arrivée gamine dans la capitale j’ai été saisie par la diversité des paysages qu’on y trouvait. D’un quartier à l’autre les immeubles, les commerces, la végétation étaient différents. En grandissant, j’ai été plus sensible à cette variété, qui ne se limite pas à ce qu’on voit. Les odeurs, les accents, les vêtements des passants changent du tout au tout au détour d’une rue.
J’adore les moments où je pose un regard neuf sur cette ville, c’est le cas quand je la visite avec des amis de passages, que je la fais découvrir.
C’est aussi le cas quand je la retrouve dans ce grand album, sublimée par les gravures de Joelle Jolivet.
Avec un texte de Ramona Badescu qui nous prends par la main pour initier la visite, nous découvrons la ville sous toutes ses coutures, des quartiers les plus touristiques aux plus confidentiels.
C’est le Paris métissé, où se mêlent les différentes classes sociales qui est mis en avant. Depuis que le beau temps est (presque) de retour, je lis cet album en bibliothèque de rue. Les enfants de l’école du coin viennent le regarder avec moi et s’exclament qu’ils ne connaissent pas tel ou tel coin de la ville dans la quelle ils vivent. Ils s’émerveillent de voir la tour Eiffel surgir hors du livre en pop up ou de la grandeur du paysage qui s’ouvre dans une double page à rabat et montre la continuité entre le Louvre et la défense.
J’ai l’impression qu’en leur lisant cet album je leur permet de prendre un peu plus possession de cette ville qui est la leur, et que cela contribuera à leur donner envie de l’arpenter, de s’y sentir chez eux. Il me semble que c’est un peu le propos des autrices. Offrir la ville tout entière à leurs lecteurs, qu’ils la connaissent ou pas.
Le barrage, Daniel Fehr, Mariachiara Di Giorgio, les éléphants, 2024, 16€
Eliott, le benjamin de la famille, semble plutôt en observation. Mais ses frangines, Faustine et Lilly sont affairées. Elles vont construire un barrage. Un beau. Un grand. Bon, ok, Eliott consent finalement a apporter sa pierre à l’édifice, au sens propre. Hop, il dépose un rocher vert au centre, ça semble l’amuser quelques minutes puis il se met à pêcher, visiblement c’est son truc, la pêche. Les filles poursuivent leur ouvrage, il prend de l’ampleur, il faut qu’il soit encore plus grand, plus solide. Pour bien faire, elles ont besoin d’aide.
Le roi qui passait sur son vaisseau est sollicité. Il tente bien de se défiler et de laisser ses sujets faire le job mais les deux sœurs mènent leur monde avec autorité, il faut que tous participent. Un bateau de pirate passe au loin? Tant mieux, il faut des bras en plus, allez, on s’y met. Le projet s’étoffe, avec le barrage, il faut un village.
Mais quand Eliott veut récupérer sa pierre, les choses se corsent inévitablement. J’ai toujours adoré regarder les enfants jouer. La façon dont ils intègrent les contraintes du réel à leurs jeux, leur capacité à s’adapter et le sérieux qu’ils accordent à leur histoire m’émerveille toujours.
Ici le glissement entre le réel et l’imaginaire s’opère sans à coup, il y a une porosité totale entre les deux mondes. D’ailleurs, si nous adultes pensons qu’il s’agit d’un récit enchâssé, dans lequel le jeu des enfants est comme entre parenthèse, contenu entre deux moments de réalité, l’image montre autre chose. Visiblement, le fantastique est présent, de la toute première page de l’album à la toute dernière, mais je vous laisse le plaisir d’en trouver la preuve vous-même. Au-delà de l’histoire, on craque aussi pour les illustrations à l’aquarelle, elles donnent vraiment envie de se plonger dans le livre.
La chanson de Bernardo Mk Smith Despres, Hyewon Yum, Didier jeunesse 14€ 2024
Chaque matin, il y a un petit miracle qui se produit dans la forêt. Le chant des oiseaux perce l’air frais et fait se lever le soleil. Sur son nénuphar, Bernardo écoute et savoure ce moment. Il observe les fleurs s’ouvrir, la rosée s’évaporer, il s’émerveille. Il aimerait tant participer à ce chant qui éveille la nature quotidiennement. Mais il n’a pas la voix des oiseaux, son chant de grenouille est plus caverneux, il sonne creux, comme le bois et la nuit. Il tente bien de se fondre dans le petit monde des oiseaux, mais personne n’est dupe. Pourtant, la chanson de Bernardo est belle elle aussi, et tout comme celle des grives, fauvettes et autres stirelles, elle a son utilité dans la forêt. Bernardo est une petite grenouille très attachante et on est soulagés avec lu quand il finit par trouver sa place dans la musique de la nature.
Les images montrent une nature très délicatement représentée, les teintes chaudes de la journée nous plongent dans une ambiance accueillante tout comme les coloris sombres de la nuit nous entraînent vers le calme et la sérénité. Les expressions de Bernardo apportent une petite touche d’humour. Finalement dans une journée autour de l’étang il y a deux chansons pour accompagner deux moments qui ont autant d’importance l’un que l’autre. Un très joli album qui souligne à quel point la différence est une richesse.
Je suis un dragon, Sabina Hahn, école des loisirs, 2024, 14 €. Il y a bien des façons de parler d’identité aux enfants. On peut le faire de façon très frontale, et parfois, c’est nécessaire. Mais les enfants sont aussi réceptifs à des propos plus détournés. Et rien de tel que l’humour pour faire passer une idée l’air de rien. Quand un nouveau venu déboule dans la mare des grenouilles, elles n’ont aucun doute sur sa nature. C’est une grenouille, tout comme elles. La preuve, c’est vert et visqueux, ça vit dans l’eau, il n’y a pas à chercher plus loin, c’est une grenouille (grosse). Elles sont toutes réunies sur la page de droite, parlent d’une seule voix, sont pleines de certitude, il est difficile de leur faire entendre un autre point de vue.
Mais sur la page de gauche, la créature tient à affirmer son identité, il est un dragon, voyons. Un dragon, n’importe quoi, ça n’existe même pas ! C’est maman qui l’a dit, les dragons, les licornes, les girafes et les choux-fleurs, ça n’existe pas, point (ben oui, on est soit chou soit fleur, pas les deux). Elles sont plutôt marrantes, les grenouillettes. Pas agressives, pas méchantes ni rien, souriantes même, elles n’ont visiblement aucune conscience de la violence de leur propos même quand elles affirment : « C’est trop triste ! Tu ne sais même pas qui tu es. On va te le dire nous. Tu es une grenouille. »
Bon, il est temps de s’affirmer, il balance un tonitruant (et enflammé) « Je suis un dragon très en colère » Ça explose un peu quand ça sort, forcément (pourtant, c’est pas comme ça qu’il faut faire, maman grenouille l’a bien expliqué, quand on est en colère on compte jusqu’à dix, tavu) Le message finit par passer, il sera reconnu dans son identité, les grenouilles prennent une petite leçon d’acceptation de l’autre et le lecteur peut en retenir que la première impression n’est pas toujours la bonne. D’ailleurs, dans ce livre, y’a un truc, pendant tout l’album tu crois que c’est un rocher et en vrai c’est une tortue alors, ça prouve. Bref, pari réussi pour cet album qui traite avec malice et humour un sujet de société très actuel.
Loup gris et le gang des petits, Gilles Bizouerne, Ronan badel, Didier jeunesse, 2024, 13€50
J’avoue que quand une nouvelle aventure de Loup Gris sort, je ne boude pas mon plaisir. La collection atteint avec ce nouvel opus la dizaine d’albums, et l’auteur Gilles Bizouerne nous régale toujours de nouvelles trouvailles. Dans « loup gris et le gang des petits », notre beautiful loser préféré est aux prises avec une bande de marmots au caractère bien trempé. Et pourtant, il n’a même pas essayé de les croquer ni rien, ce sont eux, les bougres, qui l’agressent ! Faut dire que pour les petiots c’est pas marrant, leurs parents inquiets ne cessent de les entraver : « Reste dans le pré… Ne t’éloigne pas… Reviens vite dans le poulailler », qu’est-ce que c’est casse-pieds ! Alors, cette fois, c’est décidé, ce problème, ils vont le régler, le loup, ils n’en veulent plus du tout.
Loup Gris, bien entendu, ignore tout de leur projet, il est d’ailleurs particulièrement bien luné. Il doit avoir tourné végétarien, je ne vois que cela comme explication à sa bonne humeur, vu le peu de succès qu’il rencontre comme prédateur dans les épisodes précédents. Quoi qu’il en soit, il est pleinement détendu quand il tombe dans le premier des pièges tendu par les loustics. Il s’en tire avec quelques bosses et tente très vite de retrouver sa sérénité. Je pense qu’il a dû prendre des cours de développement personnel ou un truc comme ça, il fait tout bien ses exercices de respiration, mais le pauvre n’est pas au bout de ses peines. Je dois avoir un petit fond sadique, parce que j’adore le voir maltraité alors qu’il a pourtant toute ma sympathie. Je crois que c’est justement ce paradoxe qui fait le succès de la série, on est sans cesse partagé entre notre empathie pour le personnage et nos pulsions cruelles qui nous font savourer ses déboires. Comme toujours c’est très drôle, le rythme vif nous embarque, on apprécie de le lire à voix haute parce qu’il est vraiment écrit pour cela, et les expressions des personnages sont désopilantes.
On devine les soirées en famille devant le western (la dernière séance peut-être?), et le regard d’un enfant qui, tout à la joie de décoder les lettres qui s’affichent à l’écran prononce à voix haute « Te And ». Maman corrige: Ziiii èèènde, mais c’est assez mystérieux aussi. The hand?
A ce souvenir d’enfance s’en ajoutent d’autres, ceux d’une grand-mère aimée, du bruit de sa machine à coudre qui ressemble tant au galop des chevaux dans la petite lucarne. Le matériel de couture se mêle aux figurines de cow-boys et aux petites voitures. Le papier à patron fait un bon terrain de jeu. Petit à petit, l’enfant narrateur comprend qu’il y a un caractère définitif dans « The end » et l’enfant à qui on lit le livre devine la disparition de la grand-mère représentée ici.
L’autrice tisse son histoire dans les blancs, les non-dits, l’ellipse.
Elle évoque plus qu’elle ne raconte, à nous de bosser un petit peu, de remplir les vides, de faire appel à nos propres souvenirs ou à nos capacités d’interprétation. Une maison au nom évocateur, un « nous » qui laisse deviner des cousins, des gamins qui jouent en bande, et la mémoire chancelante de la grand-mère il y a à la fois de l’intime et de l’universel dans ces pages.
On ressent une nostalgie joyeuse, une tristesse légère, comme une plume. Cette ambiguïté des sentiments se retrouve dans les choix chromatiques: ombre et lumière, fusain et toile cirée au jaune rayonnant.
Les émotions sont effleurées avec délicatesse, les petits lecteurs invités à éprouver plus qu’à analyser. Ils font alors l’expérience de la littérature, qui se ressent plus qu’elle ne s’explique.