Il y a quelques jours, je suis tombée sur un article croisé au détour de la toile. C’était sur un site sur le maternage proximal, où il est question d’allaitement, d’écologie et de violences éducatives ordinaires (VEO).
Le genre de sites que j’ai énormément fréquenté quand mes mouflettes étaient plus jeunes, qui m’ont parfois donné des pistes de réflexion passionnantes, d’autres fois m’ont fait follement culpabiliser ou encore m’ont agacée prodigieusement.
Là, le titre qui m’a attiré l’œil était « La VEO dans la littérature enfantine ».
A ce stade là, je sais qu’on sera dans le registre « qui m’agace profondément » plutôt que « qui me donne des pistes de réflexions passionnantes ».
Le pitch de l’article tient en quelques mots : une mère à la bibliothèque avec son enfant trouve un ou plusieurs exemple de VEO dans un album, s’en plaint aux bibliothécaires et suggère que le livre soit retiré des rayons « par notion d’éthique ». S’ensuit une discussion entre la mère et son enfant où elle souligne le « discours scandaleux de l’album ».
Juju, le bébé terrible, Barbro Lindgren, Eva Erikson
Une phrase, dans l’introduction, me fait particulièrement tiquer : « Alors qu’une loi contre les VEO a vu le jour en juillet dernier, comment réagir face à cela, comment protéger nos enfants et que pouvons-nous faire pour que les mentalités évoluent ? »
Protéger nos enfants? Mais de quoi?
Quel risque au juste courent les enfants qui lisent un album dans lequel le personnage est maltraité?
Car, entendons-nous bien, mon propos n’est en aucun cas de nier que des personnages d’album puissent être maltraités. Qu’il s’agisse effectivement de VEO ( par exemple ce chenapan de Juju le bébé terrible, se faisant traiter de « sale gosse » par sa mère, pourtant fort aimante ) ou de violences caractérisées ( Okililélé tellement stigmatisé par sa famille qu’il préfère vivre reclus sous l’évier ), les héros de papier vivent bien des situations que nous ne souhaitons évidemment pas pour nos enfants.
Si l’on va chercher du côté des contes traditionnels, il devient même difficile d’y trouver des parents « suffisamment bons ».
Alors que le déconfinement est largement entamé et que l’activité reprends un peu partout, je commence à tout juste à prendre du recul sur mes activités de formatrice pendant le confinement.
Par bonheur, les cours sur la littérature enfantine que je donne aux étudiants en science de l’éducation à Paris 13 sont tous réunis sur le premier semestre, donc pour eux la question ne s’est pas posé. (Elle se posera peut-être en septembre et ça m’inquiète déjà mais chaque choses en son temps)
C’est pour les écoles d’éducateurs de jeunes enfants (je donne des cours à l’IRTS de Paris et à l’ETSUP) qu’il a fallu trouver des solutions de continuité pédagogique.
Mes cours s’articulent généralement autour de deux axes:
la pratique de la lecture à voix haute avec de jeunes enfants
la connaissance de la littérature enfantine.
J’aime que les deux s’entrecroisent, il est rare que je fasse un cours entier sur un seul des domaines. Il faut préciser que dans ces écoles, les cours durent une demi-journée et parfois une journée entière. Il faut donc varier les supports. J’évite que les séquences où je parle pendant qu’ils prennent des notes ne soient trop longues et j’essaye de favoriser le travail en groupe.
J’entrecoupe toujours mes cours de lectures d’album. Ça fait des petites pauses, ça permet aux étudiants de mieux connaitre la production, je ré-exploite ensuite ces lectures dans le temps d’analyse. Et puis surtout, j’adore lire des albums à des adultes. J’adore les sentir émus par le livre, émerveillé par ses images, impressionnés par la qualité littéraire. J’adore l’intensité d’écoute quand je lis par exemple L’arbre généreux. Je vois au fil des lectures que la représentation qu’ils se font de la littérature enfantine change, et c’est un régal.
Tout cela me semblait totalement impossible à distance.
Quand on m’a demandé si je pouvais assurer mes cours par internet, j’ai été totalement démunie. Lire à distance? Ne pas voir les étudiants? Comment je vais savoir si je les ennuie, si je vais trop vite, s’ils ne sont pas en face de moi?
Et comment les faire travailler sur les livres si je ne peux pas leur donner un tas d’album à manipuler, à découvrir? Et faire des petits groupes en classe virtuelle, c’est possible? Mais, je ne sais pas faire ça, moi!
Il faut bien tenter un truc
J’ai d’abord choisi la solution la plus simple pour moi, mais probablement la moins satisfaisante pour les étudiants: j’ai envoyé des ressources qu’ils pouvaient explorer avec debriefing par mail. J’avais sous le coude des liens de vidéos, de podcasts, d’articles susceptibles de les intéresser.
Ensuite, je suis restée encore un peu dans ma zone de confort, j’ai proposé un cours magistral, sur la façon dont l’enfant entre en lecture selon son développement, de 0 à 3 ans. En deux sessions d’une heure trente, avec plusieurs pauses et la possibilité pour eux d’intervenir en direct à l’écrit. A priori, c’était assez satisfaisant, j’ai eu des retours positifs.
Mais, parce qu’ils étaient trop nombreux et que leur connexion n’est pas toujours au top (la mienne non plus d’ailleurs), les caméras étaient coupées.
Pour faire un cours à des adultes, c’est comme pour lire à des enfants, il faut les regarder. Adapter notre rythme à leur regard, sentir le moment où ils décrochent, être un peu plus expressifs si nécessaire ou leur laisser le temps de prendre des notes.
Faire cours « à l’aveugle » n’est pas confortable et je me suis quand même demandé s’ils étaient vraiment là ou si certains étaient en train de vaquer à leurs occupations avec ma voix en bruit de fond.
Comme pour me conforter dans mes doutes, une étudiante a envoyé par erreur le message « j’ai rien suivi depuis le début » sur le chat collectif, pensant probablement s’adresser en privé à un de ses camarades. Sur le coup, ça m’a amusé mais depuis je me demande quand même si elle n’a rien suivi parce qu’elle n’était pas d’humeur ou parce que je n’étais pas captivante.
Clairement, j’ai une bonne marge d’amélioration
Depuis je prépare avec beaucoup de soin les quelques cours qu’il me reste à assurer à distance. Je vais essayer de maitriser l’outil de connexion à distance (je ne veux pas lui faire de pub mais bon, c’est un de ceux que tout le monde utilise en ce moment pour les réunions) pour faire des petits groupes d’étudiants. Je vais leur proposer de travailler sur des cas pratiques (qui sont en cours de rédaction) où ils seront mis en situation professionnelle. J’essaye de créer des quiz pour les mobiliser. Et surtout, je vais essayer de leur donner plus la parole, c’est terriblement frustrant pour moi (et pour eux aussi sans doute) de ne pas avoir de véritables interactions.
Faisans contre mauvaise fortune bon cœur, j’essaye de me convaincre que c’est l’occasion d’expérimenter de nouvelles choses, de développer de nouvelles compétences.
Mais j’en retire une certitude. Rien, jamais, ne pourra remplacer un vrai cours en présence les uns des autres. Ni pour la littérature enfantine, ni pour un autre sujet à mon avis.
Le premier frère de Mimi Quichon, Anaïs Vaugelade, l’école des loisirs
Tout le monde sait que dans la famille Quichon, il y a 73 enfants. C’est comme ça depuis le premier tome de sa série. Ça semble être comme ça depuis toujours et pour toujours, là est la magie des livres pour enfants, certaines choses y sont immuables.
Mais en vrai, il n’en a pas toujours été ainsi. Au début, Mimi était le seul enfant de la famille. Enfin, lui, et son frère imaginaire.
Le frère imaginaire, c’est l’allié par nature de l’enfant. Ben oui, si on s’invente un frangin, ce n’est pas pour qu’il nous casse les pieds, c’est plutôt pour qu’il nous facilite la vie.
Mimi Quichon convoque donc l’image de son grand frère pour échapper à certaines contraintes: « Mon frère, il ne boit jamais son lait, mais ses os sont durs quand-même » ou « Mon frère ne met pas son manteau, et il n’a jamais froid ».
Papa et maman Quichon, tout centrés qu’ils sont sur cet enfant unique, l’interrogent pour en savoir plus. Et Mimi répond avec précision à toutes les questions. Il semble savoir exactement qui est son frère et comment il vit.
Au point que ses parents décident d’appeler le Bureau International des Adoptions pour découvrir si cet enfant existe vraiment.
Et c’est le cas! Sans aucun doute, cet enfant fait déjà partie de la famille, voilà donc papa, maman et Mimi Quichon en route pour l’orphelinat lointain et c’est comme ça qu’ils vont rencontrer le premier frère de Mimi Quichon.
Comme toujours avec Anaïs Vaugelade, le thème, ici l’adoption, est traité avec un petit décalage qui en fait tout l’intérêt. C’est une histoire, qui n’a pas vocation à être universelle, mais qui peut faire échos aux histoires, toutes singulières aussi, qu’ont vécu les petits lecteurs.
Les aventures de la famille Quichon sont toujours un concentré d’humour, d’intelligence et de finesse.
Et puis, il y a ces petits plus dans l’image qui ajoutent de la saveur à l’histoire. Maman Quichon qui shoote dans le ballon, papa Quichon qui tient le ballon de son fils contre lui, comme un doudou, alors qu’il appelle le Bureau des Adoptions. Et l’épilogue, sur la quatrièmement de couverture, où Maman Quichon ajoute une rallonge à la table familiale, on devine qu’il en faudra encore beaucoup d’autre pour faire la accueillir71 enfants à venir qui, tous, trouveront naturellement leur place dans la famille.
Thomas est un petit garçon qui n’aime pas tellement jouer au ballon. Ce qu’il aime, c’est discuter avec l’araignée ou regarder de belles choses. Il aime aussi porter un grand chapeau, tellement pratique pour s’abriter du soleil ou de la pluie. Et la jupe qui tourne. C’est bien, ça, une jupe qui tourne, et en plus ça peut aussi faire parachute quand on saute du rocher.
Thomas aimerait bien avoir des copains, autre que la chatte (très occupée avec ses deux chatons) ou l’araignée (occupée aussi avec sa toile à tisser).
Mais voilà, les autres garçons se moquent de lui, à cause de la jupe et peut-être aussi parce qu’il n’aime pas le ballon.
Jusqu’à ce qu’arrive Sophie.
La force de cet album c’est de n’être pas moralisateur (c’est pas tellement le genre de Francesco Pittau de donner des leçons de morales aux gamins) tout en ouvrant le champ des possibles. Thomas, tout vêtu d’une jupe qu’il est, saura faire preuve d’un certain courage alors que les trois mouflets qui lui cherchaient noises se montrent finalement assez couards. Le trait est simple et tendre, le texte n’est pas bavard.
Un album qui fait penser à la série Anton, d’Ole Konnecke, dans laquelle on voit également évoluer une bande d’enfants qui tissent leurs relations et expérimentent l’amitié, la rivalité, le conflit.
Tout le monde le sait, nul ne peut l’ignorer, aujourd’hui un tigre, un vrai, s’est échappé!
La ville tremble à l’idée de se faire dévorer, nul n’est à l’abri, nulle part.
Bon, à bien y regarder, l’ado scotché sur son smartphone n’a pas l’air de se sentir spécialement concerné. Mais les autres, tous les autres, sont sur le qui-vive, et si la bête affamée attaquait?
Autant vous le dire tout de suite, je ne sais pas résister aux images de François Soutif. Je trouve chez lui un humour graphique terriblement efficace. Il emprunte aux codes de la bande dessinée, du dessin de presse, des dessins animés et il raconte en quelques traits des histoires pleines de nuances. Souvent d’ailleurs, il se passe très bien de texte (comme dans l’album Hou là là, que je ne saurais trop vous conseiller).
La chute est racontée quasi exclusivement par la dernière image, qui d’ailleurs expose à elle seule tout un tas de petites histoires.
Mon premier livre d’art l’amour, Phaidon
Une des choses que j’apprécie dans la littérature enfantine, c’est qu’elle peut initier les enfants à toutes formes artistiques. Les éditions palette, par exemple, excellent dans ce type d’albums.
C’est aussi le cas des éditions du Phaidon, qui publient plusieurs ouvrages thématiques illustrés par des sculptures ou peintures.
Dans Mon premier livre d’art, l’amour, le contenu est sans grande surprise par rapport au titre: c’est un album catalogue dans le quel des œuvres d’art illustrent plusieurs variations autour de l’amour.
Les pages sont cartonnées, pour être manipulées par les petites menottes, la reproduction est de bonne qualité.
Sur chaque page se trouve aussi aussi le titre de l’œuvre et le nom de l’artiste.
Disons le tout de suite, j’aurais pu passer totalement à côté de cet album tant je trouve la couverture peu attractive. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois chez cette maison d’édition, je parlerais bientôt de Tapis de feuilles qui lui aussi souffre d’une couverture qui n’est pas a la hauteur de son contenu.
Je vous invite tout de même à ouvrir Mon premier livre d’art, l’amour, qui se distingue par le choix des œuvres proposées.
Des tableaux, sculptures ou photos, dont certains sont très connus et d’autres plus confidentiels.
Les enfants découvrent avec bonheur ces œuvres qui, associées a un texte très simple leur sont parfaitement accessibles.
Il y a une grande variété dans le choix des œuvres. Classiques ou modernes, on y trouve des personnages de tout âges, de tout horizons.
Une belle façon de familiariser les enfants avec l’art pour qu’ils se sentent comme chez eux plus tard, quand ils rentreront pour la première fois dans un musée.
Jack, Gabriel gay, école des loisirs
Parfois, quand on est petit, on a très envie d’être sage, on sait comment faire (ou plutôt que ne pas faire) pour être sage, mais voilà, on n’y arrive pas.
Faut dire, c’est pas toujours facile de se retenir.
Pour Jack, le petit chien, c’est une vraie gageure de se retenir de creuser dans le jardin.
Pourtant, papa maman sont très clairs sur le sujet: pas de trou dans la pelouse !
Bon, allez, juste un tout petit, ça se verra pas.
Oups, ça c’est vu.
La sanction tombe immédiatement : privé d’os et de caresse. C’est rude.
Alors, quand de nouveaux trous apparaissent sur la pelouse, Jack refuse de porter le chapeau, il cherche le responsable.
Les enfants se reconnaissent souvent dans le petit chien, victime à la fois de ses pulsions (impossible de se retenir de faire une bêtise) et d’une injustice.
Il faut dire qu’il a une petite bouille touchante qui force l’empathie.
Quand j’ai commencé à travailler avec cet album, j’ai très rapidement eu des retours négatifs de la part des adultes (parents ou professionnels) sur le couple de vieux qui sert de parent à Jack.
Ils n’ont pas vocation à être un modèle d’éducation, évidemment. Entre gronderie, chantage affectif, jugements hâtifs, on n’a pas très envie de se reconnaître en eux.
Mais je ne vois pas du tout en quoi c’est problématique de montrer dans une histoire des parents qui qui se comportent mal (voire carrément maltraitants, ce qui n’est pas le cas ici).
D’ailleurs, les enfants ne s’y trompent pas, ils savent bien que ce n’est qu’une histoire, et pas la vie (la vraie vie est parfois bien pire). Ce qui les intéresse je pense, c’est surtout les sentiments de Jack. Quel enfant ne s’est jamais senti accusé à tort? Quel bambin ne s’est jamais senti un peu minable après avoir fait une bêtise? Ce sont ces sentiments là qu’ils ont besoin d’éprouver dans la sécurité d’une histoire.
En tout cas, ils se font lire et relire cet album, ce qui me semble confirmer qu’il se passe quelque chose d’important dans leur tête à ce moment-là.
Pour accompagner la construction psychique des enfants, les livres ne peuvent pas raconter uniquement des histoires de gens gentils à qui il arrive des choses plaisantes.
Par contre, s’agissant de jeunes enfants, je pense qu’ils ont besoin d’histoires qui se finissent bien, ce qui est le cas ici, rassurez vous, Jack obtiendra finalement son os et plein de caresses.
Ronds ronds, Betty Bone, éditions courtes et longues, 22€
Il y a d’abord le ventre rond, puis le rond du mamelon. La pupille, le bouton, et dans l’herbe le ballon.
Avec la forme ronde comme fil conducteur, Betty Bone énumère les bonnes choses de la vie. Tout ce qu’on peut aimer quand on est un bébé puis un enfant et même, peut être, un adulte.
L’album est écrit à la première personne et illustré en plan subjectif.
Entre récit de vie et imagier, il déroule une épopée, celle d’un petit garçon, on le comprend quand on voit son visage dans un miroir.
A travers ses yeux, toutes les bonnes choses de la vie sont évoquées, avec une même structure de phrase à chaque page: « J’ai aimé… »
Avec cette formule très positive, les moments plus difficiles sont aussi évoqués, comme le deuil, et l’absence qui en résulte, matérialisée par une page blanche.
C’est très beau, le texte court se prête parfaitement à la lecture à voix haute même à des tout petits. Et avec les bambins plus grands, cet album ouvre de belles discussions, où chacun peut exprimer ses souvenirs et ses appétences.
J’irais voir, Emmanuelle Bastien, l’agrume J’irais voir est un petit album très épuré dans le quel les illustrations sont formées par des pages unies découpées. Elles façonnent des paysages aux lignes pures, des horizons variés.
Une forme ondulante verte est Coline. Au verso la page est blanche, la même forme devient brume.
Au fil de la lecture certaines pages proposent des camaïeux aux couleurs proches et d’autres jouent sur les contrastes entre couleurs franches.
C’est intéressant en le feuilletant de ressentir à quel point une même forme peut raconter deux histoires différentes, en fonction de sa couleur, de ce qu’il y a en face d’elle et aussi du texte qui l’accompagne, aussi minimaliste fut-il.
Comme il y a très peu de texte et aucun détail dans l’image, on laisse fonctionner notre imaginaire à la lecture de ce joli petit livre. On se laisse emporter par les sensations. Je lui trouve quelque chose de très apaisant.
C’est un joli travail artistique, vraisemblablement inspiré de l’œuvre du designer Katsumi Komagata.
Les petits imagiers de Maria Jalibert: Bruits, éditions Didier jeunesse, 9€90
Depuis le très remarqué Bric-à-brac, Maria Jalibert a fait plusieurs albums qui tous mettent en scène des jouets de pacotille. Ils sont pleins d’humour, de rythme, d’inventions, mais aussi très structurés et ils prêtent généralement à la réflexion.
Dans les petits formats, aux pages cartonnées, on trouve Animaux, Couleurs et Bruits, mon préféré.
Ici, le texte se réduit la plupart du temps à des onomatopées et les objets sont réunis en fonction des sons qu’ils émettent.
Quand on le lit à voix haute, ça sonne, ça crisse, ça siffle, et ça claque.
Alors forcément, ça attire l’attention des bambins, même ceux qui sont occupés à jouer un peu plus loin s’approchent pour voir ce qui se passe.
Outre le texte très rythmé, tout en dialogues ou sons, les enfants sont passionnés par les images, qui sont tellement représentatives de leur univers. Ils jouent à comparer les différentes petites voitures, font semblant de se saisir du téléphone, s’interrogent sur certaines images et parfois affirment leur point de vue. Un petit garçon m’a par exemple expliqué que « Le monsieur on lui met un coup de marteau sur la tête parce qu’il est méchant. Voilà ». Ah? Ok.
Je relis souvent cet album plusieurs fois au même enfant et il n’est pas rare qu’un petit groupe se constitue pour écouter ensemble, chacun pointant du doigt ce qui l’intéresse le plus.
Et puis, toutes ces onomatopées, ça convient aussi très bien aux bébés, en plus ça évite la question qu’on me pose trop souvent « mais est-ce qu’il comprend? »
C’est aussi un livre qui se prête parfaitement à la lecture avec des enfants allophones car il abolit la barrière de la langue (oui, je sais que les onomatopées se traduisent et changent selon les langues. N’empêche que quand on fait « bing », pour peu qu’on y mette un peu le ton, tout le monde s’y retrouve.)