Jack, Gabriel gay, école des loisirs
Parfois, quand on est petit, on a très envie d’être sage, on sait comment faire (ou plutôt que ne pas faire) pour être sage, mais voilà, on n’y arrive pas.
Faut dire, c’est pas toujours facile de se retenir.
Pour Jack, le petit chien, c’est une vraie gageure de se retenir de creuser dans le jardin.
Pourtant, papa maman sont très clairs sur le sujet: pas de trou dans la pelouse !
Bon, allez, juste un tout petit, ça se verra pas.
Oups, ça c’est vu.
La sanction tombe immédiatement : privé d’os et de caresse. C’est rude.
Alors, quand de nouveaux trous apparaissent sur la pelouse, Jack refuse de porter le chapeau, il cherche le responsable.
Les enfants se reconnaissent souvent dans le petit chien, victime à la fois de ses pulsions (impossible de se retenir de faire une bêtise) et d’une injustice.
Il faut dire qu’il a une petite bouille touchante qui force l’empathie.
Quand j’ai commencé à travailler avec cet album, j’ai très rapidement eu des retours négatifs de la part des adultes (parents ou professionnels) sur le couple de vieux qui sert de parent à Jack.
Ils n’ont pas vocation à être un modèle d’éducation, évidemment. Entre gronderie, chantage affectif, jugements hâtifs, on n’a pas très envie de se reconnaître en eux.
Mais je ne vois pas du tout en quoi c’est problématique de montrer dans une histoire des parents qui qui se comportent mal (voire carrément maltraitants, ce qui n’est pas le cas ici).
D’ailleurs, les enfants ne s’y trompent pas, ils savent bien que ce n’est qu’une histoire, et pas la vie (la vraie vie est parfois bien pire). Ce qui les intéresse je pense, c’est surtout les sentiments de Jack. Quel enfant ne s’est jamais senti accusé à tort? Quel bambin ne s’est jamais senti un peu minable après avoir fait une bêtise? Ce sont ces sentiments là qu’ils ont besoin d’éprouver dans la sécurité d’une histoire.
En tout cas, ils se font lire et relire cet album, ce qui me semble confirmer qu’il se passe quelque chose d’important dans leur tête à ce moment-là.
Pour accompagner la construction psychique des enfants, les livres ne peuvent pas raconter uniquement des histoires de gens gentils à qui il arrive des choses plaisantes.
Par contre, s’agissant de jeunes enfants, je pense qu’ils ont besoin d’histoires qui se finissent bien, ce qui est le cas ici, rassurez vous, Jack obtiendra finalement son os et plein de caresses.
Un album apprécié aussi par Pépita.