L’immense petite maison, Marie Colot, Anaïs Brunet, Hélium, 2024, 16€90
Armande est une petite dame, avec de petites gambettes, une petite maison, un petit jardin et surtout un petit, tout petit cœur. Tellement petit que rien ni personne ne peut y rentrer. Elle a donc logiquement une petite vie dans laquelle le temps passe lentement.
Jusqu’à un jour de tempête où le toit de sa maisonnette s’envole.
Sans cette protection, elle ne peut plus repousser l’environnement, qui rapidement s’insinue chez elle. Sous la forme d’oiseaux, d’insectes, de végétation ou même d’une rivière, la nature s’impose à elle. Avec elle arrive quelque chose d’inattendu. Un souvenir d’enfance.
Poussée dehors par la pluie, Armande semble enfin prête pour une rencontre, et c’est un enfant qui va l’aider à ouvrir son cœur, pas si petit que ça finalement.
Cette vieille dame, chez qui on ressent un grand besoin de contrôle, s’adoucit au fil des pages. Des mèches folles s’échappent du sage chignon, le visage se détend, un sourire s’esquisse.
On n’aurait pu trouver illustratrice plus adaptée pour cet album qu’Anaïs Brunet.
Elle n’a pas son pareil pour représenter la luxuriance de la nature, elle associe les couleurs pour les rendre saisissantes, joue sur les contrastes, et observe avec précision le saule pleureur ou le crocus pour les sublimer dans ses compositions.
Cette nature joyeusement invasive, qui oblige Armande à dépasser les limites qu’elle s’était imposées nous entraîne, le débordement auquel fait face la protagoniste nous réjouit, il est libératoire pour elle comme pour le lecteur.
C’est avec bonheur qu’on la voit s’épanouir.