Je suis un dragon, Sabina Hahn, école des loisirs, 2024, 14 €.
Il y a bien des façons de parler d’identité aux enfants. On peut le faire de façon très frontale, et parfois, c’est nécessaire.
Mais les enfants sont aussi réceptifs à des propos plus détournés.
Et rien de tel que l’humour pour faire passer une idée l’air de rien.
Quand un nouveau venu déboule dans la mare des grenouilles, elles n’ont aucun doute sur sa nature. C’est une grenouille, tout comme elles.
La preuve, c’est vert et visqueux, ça vit dans l’eau, il n’y a pas à chercher plus loin, c’est une grenouille (grosse).
Elles sont toutes réunies sur la page de droite, parlent d’une seule voix, sont pleines de certitude, il est difficile de leur faire entendre un autre point de vue.
Mais sur la page de gauche, la créature tient à affirmer son identité, il est un dragon, voyons.
Un dragon, n’importe quoi, ça n’existe même pas !
C’est maman qui l’a dit, les dragons, les licornes, les girafes et les choux-fleurs, ça n’existe pas, point (ben oui, on est soit chou soit fleur, pas les deux).
Elles sont plutôt marrantes, les grenouillettes. Pas agressives, pas méchantes ni rien, souriantes même, elles n’ont visiblement aucune conscience de la violence de leur propos même quand elles affirment : “C’est trop triste ! Tu ne sais même pas qui tu es. On va te le dire nous. Tu es une grenouille.”
Bon, il est temps de s’affirmer, il balance un tonitruant (et enflammé) “Je suis un dragon très en colère” Ça explose un peu quand ça sort, forcément (pourtant, c’est pas comme ça qu’il faut faire, maman grenouille l’a bien expliqué, quand on est en colère on compte jusqu’à dix, tavu)
Le message finit par passer, il sera reconnu dans son identité, les grenouilles prennent une petite leçon d’acceptation de l’autre et le lecteur peut en retenir que la première impression n’est pas toujours la bonne.
D’ailleurs, dans ce livre, y’a un truc, pendant tout l’album tu crois que c’est un rocher et en vrai c’est une tortue alors, ça prouve.
Bref, pari réussi pour cet album qui traite avec malice et humour un sujet de société très actuel.
Claudette John
6 juin 2024 @ 7 h 39 min
Si j’ai bien compris, ça prouve aussi que les mamans n’ont pas toujours raison 😄
Chloé Séguret
6 juin 2024 @ 11 h 18 min
En effet, et c’est une bonne chose de s’en rendre compte 🙂