Encore un plouf, Isabelle Ricq, seuil jeunesse, 2024, 9€90
Il y a un truc que j’aime bien chez les enfants, c’est le peu de frontière qu’ils mettent entre le monde réel et leur imagination.
Quand on les observe jouer, ils passent de l’un à l’autre avec un naturel parfois déconcertant. Quand ils nous racontent une anecdote, il est parfois très difficile de savoir ce qui a vraiment eu lieux (remarquez, c’est pareil avec la plupart des adultes).
L’album Encore un plouf joue avec cette porosité et la met en scène dans sa forme même. Un enfant dessiné se baigne au milieu de créatures qui semblent bien réelles puisque ce sont des photographies.
Visiblement l’eau est bonne, bien qu’on y croise un ours polaire. Tiens, c’est étrange d’ailleurs toute cette faune alors qu’il a sauté dans une piscine. Peu importe, le rythme de l’album nous entraine sans qu’on se pose trop de question.
Mais en milieu d’histoire voilà qu’une voix venue d’un personnage hors champ interpelle l’enfant. Faudrait voir à se savonner!
Retournement de situation et hop, retournement d’album, habillement l’illustratrice nous incite à prendre le livre dans l’autre sens pour poursuivre la lecture. On a plongé vers les profondeurs, on remonte à présent, vers un environnement plus familier.
On sort la tête de l’eau et la situation achève sa mutation, ce sont à présent les humains qui sont fait de photos alors que les animaux sont dessinés sur le bord de la baignoire.
Isabelle Ricq exploite toutes les possibilités de l’album, avec un sens d’ouverture inhabituel (format calendrier) elle utilise le pli central comme ligne d’horizon, qui sépare l’espace du dessous de celui du dessus, la forme même du livre ressemble à une piscine ou à une baignoire, elle mélange différents types d’illustrations.
C’est vraiment bien pensé et vraiment sympa.