On ferait comme si, André Marois, Gérard Dubois, Grasset, 2023, 18€50

J’ai toujours adoré écouter les enfants jouer, et me remémorer mes propres jeux d’enfance, quand on pouvait laisser l’imagination s’emballer et que nulle limite ne s’imposait dans cet univers fictif.

Ici l’histoire commence par deux mouflets qu’on envoie jouer dehors.

Pas besoin d’insister, ils ont déjà filé, et le chat leur emboîte le pas. Sans hésitation ils se lancent dans leur jeu préféré: faire semblant.

Dans le jardin, ils avisent la cabane dans l’arbre. « On ferait comme s’il y avait un château, dans un royaume éloigné. Et on irait le visiter. »

Le texte est composé du dialogue des deux enfants, dans lequel chacun complète la phrase de l’autre, s’il n’y avait pas une couleur pour le texte de chaque protagoniste, on ne saurait jamais qui parle, tant ils sont complices.

Dans leur plaisir de jouer ils font feu de tout bois, détournant les objets pour les transformer en accessoire qui sert leur histoire. La brouette devient véhicule de téléportation, les tuteurs des tomates des lances, le tuyau d’arrosage un serpent apprivoisé.

Avec une insouciance totale, ils libèrent poules et lapins de leurs cages, font les fous dans les plantations. Ah, cette fameuse spontanéité qui fait le sel de l’enfance!

Le texte fluide d’André Marois (le noël blanc de Chloé) et les images rétros de Gérard Dubois (un pommier dans le ventre) font le charme de cet album, qui a été très légitimement salué à la foire de Bologne.