L’as du bobard, Laura Bunting, Philipp Bunting, kaléidoscope, 2021, 13€
A vous je peux l’avouer, j’ai une certaine indulgence à l’égard des menteurs. Une sympathie, même.
Dans Le ventre de l’arbre (que je vous conseille vivement si vous voulez écouter des histoires hilarantes) le conteur Hassane Kouyaté dit, après avoir annoncé une énormité “si j’ai menti c’est pas moi, c’est l’histoire”.
Voilà, c’est comme ça, parfois pour que l’histoire soit plus savoureuse, il faut grossir un peu le trait. Voire beaucoup.
Les oiseaux-lyres le savent bien, mentir, c’est leur nature première. C’est en tout cas ce que nous explique celui qui nous regarde d’un œil torve et qui sera le narrateur et le héros (anti-héros serait peut-être plus juste) de cet album.
Comme ses congénères, il ment comme il respire et cela depuis son plus jeune âge. Et il en est fier. Le bougre. Tout en racontant les pires bobards aux autres personnages il nous explique à quel point cette pratique est plaisante et surtout, sans risque.
Le lecteur ne s’y trompe pas et se doute bien que l’oiseau sera tôt ou tard le dindon de la farce. Ce qui se produit effectivement en milieu d’album.
Notre piaf décide alors que désormais, il ne dira plus que la vérité, toujours, sans la moindre exception.
Oui, il a des schémas simples dans la tête, que voulez-vous, il n’a pas le sens de la nuance.
Mais la stratégie de toute la vérité et rien que la vérité en toutes circonstances sera-t-elle plus favorable au volatile? Ce n’est pas certain…
Ce sera quoi qu’il en soit l’occasion de réfléchir à l’injonction si souvent faite aux enfants de ne point mentir.
Cet album demande certaines habitudes de lecture pour être compris. Pas seulement parce que nous avons affaire à un exemple parfait de narrateur non fiable. Mais surtout parce que l’histoire repose parfois sur des implicites ou nécessite une lecture de l’image qui s’adresse au lecteur déjà aguerrit.
C’est la raison pour laquelle je le conseille à partir de 4 ans, mais bien entendu à chacun de voir en fonction du lecteur à qui il est destiné, comme je l’ai expliqué dans cet article sur les indications d’âges.
Et si le marmot adore et cherche un autre album du même acabit, vous pouvez lui proposer le Pigeon de Mo Willems, dans lequel on trouve le même genre d’humour (je lui trouve un certain cousinage aussi avec les albums de Jon Klassen)