Le conte de fée d’Harold, Crockett Johnson, MeMo, 2022, 16€
Harold est un petit bonhomme en grenouillère, mais ne vous fiez pas à son apparence de bébé, il est plein de ressources et d’une indépendance totale.
À l’aide de son crayon magique, il n’affronte pas le monde, il le crée. A partir de rien, laissant son imagination filer, il dessine d’abord un château, dont il cherche le roi. Mais pour y entrer, il faudrait être plus petit qu’une souris. Qu’à cela ne tienne, il dessine une souris plus grosse que lui. Par un effet d’échelle, il est donc naturellement plus petit qu’elle, et peut se faufiler dans… Un trou de souris. Il faut ensuite retrouver sa taille. Il dessine quatre marches d’escaliers et s’assure qu’elles sont plus grandes que lui, comme il en a toujours été.
C’est étonnant de voir à quel point ce jeu d’image, avec seulement un trait violet et un dessin en noir et blanc fonctionne bien avec les enfants. Ils sont certains de voir le petit personnage changer de taille, par le simple pouvoir de l’illustration. Harold finit par trouver un trône, qu’il envisage d’occuper brièvement, mais la couronne est trop lourde pour lui, alors il dessine un roi.
Notre petit héros est capable de se mettre tout seul dans toutes sortes de situations alambiquées, mais également de s’en sortir avec toujours une totale sérénité.
Les situations s’enchaînent et les éléments emblématiques des contes de fées se succèdent, dans une accumulation réjouissante. Le décalage entre le burlesque de certaines situations et la placidité d’Harold est savoureuse. Le petit héros rencontrera un roi grognon, une sorcière géante, une fée déguisée en fleur et finira par rentrer en tapis volant.
Pourtant, il n’est jamais qu’un bébé en grenouillère qui joue pendant que sa mère tricote.
Le conte de fée d’Harold est la première traduction en français d’un album initialement publié en 1955 mais qui, comme La graine de carotte, du même auteur, n’a pas pris une ride. Il fait partie d’une série de sept aventures, dont le premier, Harold et le crayon violet, a été traduit par les éditions MeMo en 2021. Je pense et j’espère que les cinq autres suivront.