Dans la forêt sombre et profonde, Delphine Bournay, l’école des loisirs, 2021, 12€
Attention, attention, voilà un album qui fait un peu peur, je vous aurai prévenu. D’ailleurs, voyez le titre, l’image de couverture, les choses sont claires, nous avons affaire à des créatures inquiétantes.
D’abord, on n’en perçoit que les yeux, et ce n’est déjà pas rassurant. Puis ce sont des crocs, pointus et acérés, qui se détachent dans le bleu nuit de la forêt.
Et, pire que tout, des hurlements soudain déchirent la nuit.
Sur la page de gauche, en vis-à-vis de la forêt sombre et profonde, apparaît alors… Un loup. Enfin, une louve plutôt. En pyjama. Et elle n’a pas l’air très très contente. Elle voudrait bien dormir, et ce sont ses petits qui dérangent ainsi tout le monde dans la forêt sombre et profonde.
Les loupiots sont tout de suite beaucoup moins menaçants quand on comprend qu’ils hurlent à la lune pour réclamer le bisou du soir. Qu’ils ont déjà eu, les bougres! Donc ils réclament une histoire. La louve commence à perdre patience, ils ont eu leur histoire, il est temps de dormir maintenant.
Je l’avoue sans honte, je me suis immédiatement identifiée à la maman louve et j’ai fortement compati quand elle s’est trouvée contrainte de chanter une berceuse pour ses petits, qui n’étaient pas prêts à se laisser spolier d’une partie du rituel du soir.
C’était une bien belle idée de les avoir mis dans le noir et de ne montrer d’eux que les dents et les yeux, tels des petits carnassiers insatiables qui en demandent toujours plus.
Seul celui qui semble chargé des négociations est montré dans la lumière de la page de gauche. Il porte le même pyjama que sa mère et il est tout de même bien mignon, cherchant tous les prétextes pour retarder l’heure du coucher.
D’ailleurs, les marmots s’identifient autant aux petits loups que moi à leur mère. Voilà en tout cas un album qui fera bien marrer toute la famille.