Ma maison, Laetitia Bourget, Alice Gravier, les grandes personnes, 20€
En raison de sa jaquette, on ouvre cet album accordéon directement sur sa première page et on est immédiatement happé par le récit. Un narrateur invisible nous entraine sur le chemin qui mène à sa maison. Un chemin qui se fait en train, en car et à pied. Il faut prendre son temps, les grandes illustrations attirent notre regard. On ne se presse pas, il faut laisser l’œil découvrir l’écureuil ici, le geste tendre d’un bambin qui met son pouce dans la bouche là et puis les fleurs, partout, magnifiques, luxuriantes, une vraie bouffée d’oxygène.
Étonnamment, alors qu’on découvre un lieu inconnu on se sent chez soi, il y a du familier dans l’air et une atmosphère chaleureuse. Chaque personnage croisé semble prêt à nous saluer.
On tourne les pages ou on déploie le leporello, dans les deux cas la lecture est fluide, comme un traveling latéral.
Quand on arrive à la dernière page la maisonnette est là, parfaitement insérée dans son écrin de verdure.
Alors on passe de l’autre côté du paravent et on entre.
On quitte le monde très végétal de l’extérieur, même s’il est rappelé régulièrement dans l’image.
Il n’y a toujours pas de protagoniste mais la maison est pleine de vie, les personnages sont très présents, bien qu’on ne les voit pas.
Chaque double page nous montre une pièce différente, on comprend qu’on est dans une famille qui compte deux enfants, en étant très attentifs, on peut même découvrir leurs prénoms.
Je pense que si cet album est si touchant c’est parce qu’il nous convie dans l’intime. Il y a une vraie générosité dans la démarche. On est accueillis par ce narrateur invisible dont on se sent pourtant si proche.
Les enfants en font volontiers un jeu, avec ses pages cartonnées et son grand format, il peut faire une cabane, on peut alors être “pour de vrai” dans la maison, s’amuser à passer de l’intérieur à l’extérieur.
C’est aussi un cherche-et-trouve, le verso de la jaquette propose des vignettes à retrouver dans les pages. Cette précaution n’était pas nécessaire, les bambins, spontanément, s’amusent à relever les détails qui les touchent particulièrement.