Après, Hubert Poirot-Bourdain, La joie de lire, 2022, 19€90
Le narrateur est posté sur une colline, jumelles aux yeux, il scrute au loin. Derrière lui, la silhouette d’un chien, à l’arrêt, une patte en l’air, il semble prêt à s’élancer droit devant.
Nous suivons le regard du garçon et nous nous éloignons du petit drapeau rouge qui est planté à ses côtés. Il y a la route qui serpente, la vieille maison en ruines, les dunes. Après il y a la plage, les rochers puis la mer. Le garçon est hors champ maintenant, mais sa voix nous accompagne et décrit le paysage qui se déroule d’une page à l’autre.
On peut alors déployer les pages du livre paravent et garder une continuité, avec son format à l’italienne il forme une longue frise, de cinq mètres de long.
Difficile alors de l’ouvrir complètement, il faut renoncer à la complète continuité, garder les premières pages en souvenir et ne plus les avoir sous les yeux, pour laisser de la place aux suivantes.
Le trajet qui nous allons effectuer ensemble est long, il traverse la mer pour aborder une nouvelle côte, nous allons découvrir des paysages qui répondent en échos à ceux que nous avons quittés (on y trouve également de grandes étendues aux couleurs allant du jaune au vert, où ondule une route) tout en étant différents.
C’est donc une presque symétrie dont nous faisons l’expérience.
Et en dernière page, nous découvrons ce vers qui tend le regard du personnage, c’est le moment de la rencontre. Amicale? Amoureuse? L’histoire ne le dit pas, à nous de poursuivre le chemin.
J’aime la façon dont la forme même de l’album nous incite à penser le temps et l’espace. Chaque page nous ancre dans un moment présent qui prend sens par celles qui précèdent et suivent.
Le texte est court et descriptif,rythmé par la répétition systématique du mot “après”, le trait extrêmement lisible. Cet album peut donc être proposé dès le plus jeune âge et sera compris différemment selon les compétences de chaque enfant.