Rue des quatre-vents, au fil des migrations, Jessie Magana, Magali Attiogbé, Les éléphants, 16€50
En 1890, rue des quatre-vents, vivaient Marcel, l’auvergnat qui tenait le troquet, Marco, l’italien joueur d’accordéon et aussi le petit Stephaan, venu de Begique avec sa famille, parce qu’il y avait du travail à la briquetterie.
Sur les murs de la rue des quatre-vents, on trouve une publicité pour les bouillons kub, hé oui, déjà. Sur la route pavée passent des chevaux et des carrioles. Un chantier commence, qui éventre la rue, il durera des années.
L’histoire se raconte autant dans l’image, au long format italien, que dans le texte, qui se trouve sur un rabat à droite, comme pour ne pas altérer le paysage.
On identifie facilement une rue typiquement parisienne, avec ses immeubles aux toits en zinc. L’école publique y est divisée en deux parties, garçons et filles (tiens, côté filles il y a des rideaux aux fenêtres). Les hommes portent des moustaches et les femmes des robes longues, les petits garçons des culottes courtes.
Sous le rabat, comme à l’écart, invisible au premier regard, le quartier le plus pauvre de la rue. Ici, dans les baraques instables, les habitants sont en guenilles.
Le décor est planté, nous le retrouverons à chaque page et, à travers cette rue, ses bâtiments et ses habitants, un peu plus d’un siècle d’histoire va se tisser.
Les générations se succèdent, le déterminisme social fait rage et toujours, dans la partie de droite, sous le rabat, les familles les plus pauvres, comme chassées du centre de la page, du bidonville au camp de migrants.
Cet album très réaliste, proche du documentaire, donne à voir toute la difficulté de vivre dans ce monde là.
Mais il montre aussi la solidarité, les liens qui se créent, les gens, les vrais, qui arrivent à vivre ensemble, plutôt bien.
Finalement l’album n’est pas triste, il est réaliste et porteur d’espoir. Et, oh combien nécessaire!
Apprécié aussi par Sophie.