Bonne nuit Alphonse Aubert, Bien joué Alphonse Aubert, Gunillia Bergström, l’étagère du bas, 12€, 2020
Ce sont deux classiques de la littérature enfantine suédoise qui sont traduit en français pour la première fois. Alphonse Aubert est un personnage récurent, qui vit avec un papa aimant et attentif même s’il a aussi ses petites défaillances.
Alphonse n’est pas l’enfant parfait, le petit modèle à imiter. Il est inventif, parfois un peu canaille, il exagère peut-être mais il est attachant.
Je dirais qu’il se situe plus du côté de Juju, le bébé terrible de Barbro Lindgren et Eva Eriksson que de petit ours brun. Ses aventures sont pleines de tendresses mais jamais dégoulinantes de bons sentiments.
Dans le premier de ces deux albums, il ne veut pas sa coucher. Situation classique, il réclame tour à tour une histoire, un verre d’eau etc. Tout l’humour de la situation vient du décalage entre le flegme paternel et la fripouillerie du petit. C’est qu’il est parfaitement conscient qu’il exagère, et qu’il fait de nous ses complices. C’est assez jubilatoire pour les jeunes lecteurs. Qui ne manqueront pas à mon avis de se démarquer du personnage. Ils savent bien, eux, qu’il ne faut pas rappeler les parents trop souvent le soir! (oui, ils savent. Même s’ils le font, ils savent qu’ils ne devraient pas, je vous assure. C’est juste qu’ils n’arrivent pas à se retenir)
Dans “Bien joué Alphose Aubert”, notre petit héro voudrait que son père soit disponible pour jouer avec lui. Mais celui-ci est occupé à regarder la télévision. Pas de problème, Alphonse y voit même une opportunité: Quand papa ne veut pas être dérangé, il a tendance à dire oui à tout sans vraiment écouter.
C’est l’occasion de jouer avec la boite à outils.
“Mmm” répond papa distraitement, avant d’ajouter “mais ne joue pas avec la scie”.
Alphonse obéit très bien. Il ne joue pas avec la scie. Tout au long de son jeu, il sollicite l’attention de son père pour demander des clous, une pince, un mètre. A chaque fois, le père acquiesce distraitement mais ajoute la seule consigne: pas la scie, trop dangereux! Mais quand Alphonse se retrouve coincé dans sa construction, il faut bien trouver une solution… Et papa finalement va se joindre au jeu.
Les images de ces albums sont un peu déstabilisantes, et peu dans l’air du temps. Mais elles ont le mérite de nous mettre à l’abri de toute mièvrerie. Loin des illustrations très lisses que l’on trouve souvent aujourd’hui, elles se marient très bien avec le côté impertinent du personnage.