Professionnelle de la lecture d'album, j'ai eu envie de créer ce blog pour faire connaitre la richesse de la production jeunesse aux parents et aux professionnels de l'enfance. Vous y trouverez des chroniques d'albums (livres de fonds ou nouveautés) mais aussi quelques éléments de pratique de lecture à voix haute et mon actu de formatrice en littérature jeunesse.
C’est le tout premier opus d’une série de quatre albums, chacun consacré à une saison et à un animal.
Comme souvent avec cette autrice, le protagoniste est personnifié et porte un prénom, ici il s’agit donc du chat Igor. Oui, comme dans Violet chat, mais celui là à une couleur plus conventionnelle.
Les très belles illustrations au pochoir le montrent dans ses activités quotidiennes à la belle saison, dedans et dehors, seul ou accompagné.
Les images au pochoir ont toujours une grande stabilité, elles semblent parfois presque figées, impression appuyée par le regard fixe du chat qui semble nous scruter avec attention.
Son regard nous échappe cependant sur la première double page où il apparaît en ombre chinoise derrière une fenêtre, et dans un plan en plongée où on le voit de haut, comme si on survolait la scène.
Ce tout carton très simple, aux couleurs franches et saura plaire aux jeunes enfants.
Après chat de printemps, nous attendons papillon d’été, sanglier d’automne ou chouette d’hiver. Je pense que les bambins apprécieront d’autant plus cet album quand il sera accompagné des autres titres de la série.
Une belle occasion de découvrir les spécificités des saisons et de rencontrer Igor, Cy, Jean-Michel et Lilou, les quatre héros de cette collection.
L’album séduit immédiatement par ses compositions graphiques époustouflantes. Dessins au feutre, crayons de couleurs, papier découpés forment des images très organiques et puissantes.
Beaucoup de contrastes. Un noir profond met en valeur un bleu tendre ici, un rose poudré là.
L’histoire est racontée par une petite goutte, qui s’adresse directement au petit lecteur et lui raconte comment elle circule dans les corps, des animaux, les plantes, les océans. Elle est partout. Explorer les lieux qui peuvent être habités par une goutte d’eau, c’est explorer le vivant dans sa diversité.
Il est ici sublimé, car la goutte narratrice pose sur le monde un regard émerveillé. Dans le même temps, elle donne au petit lecteur une place centrale et évoque sa naissance et son avenir, en se positionnant elle-même comme une accompagnatrice bienveillante, presque une bonne fée ou un doudou (« Quand tu grandiras, enfant, je serai là avec toi, en toi, dans tes larmes, tes rires et tes joies »)
Le texte prend parfois des allures d’inventaire à la Prévert, il donne à entendre aux enfants des sonorités inhabituelles.
L’image, elle, raconte aussi la rencontre des parents, la grossesse et la naissance, les parents qui entourent l’enfant puis le laissent s’éloigner. Une histoire émancipatrice, car, c’est bien connu, les livres aident les enfants à grandir.
Le jardin de baba, Jordan Scott, Sydney Smith, Didier jeunesse, 2023, 14€90
Tous les jours, un petit garçon se rend chez sa grand-mère. La vieille dame n’est pas bavarde mais elle transmet, à travers ses gestes, sa passion pour son jardin avec beaucoup de générosité.
Ensemble ils mangent, jardinent, font le chemin vers l’école, souvent en silence, toujours en complicité.
Je suis très heureuse de retrouver ce duo d’auteur, qui m’avait déjà touchée en plein cœur avec leur précédent album.
L’un et l’autre sont extrêmement doués pour susciter chez le lecteur des émotions vives.
C’est souvent dans l’ellipse, dans ce qui n’est ni dit ni montré, mais que l’on devine, que se nichent les éléments les plus touchants de l’histoire.
Alors qu’il mange le gruau préparé par son aïeule, le garçon se souvient qu’on lui a dit qu’autrefois, sa grand-mère a souffert de la faim. Aujourd’hui, elle semble se réjouir de voir le petit se régaler et veille à ce qu’il n’en rate pas une miette.
L’image montre un plan sur le mur du salon, orné de photos en noir et blanc. C’est fou toutes les histoires implicites que contient cette simple page.
Le temps passe, et la grand-mère vient vivre chez l’enfant avec ses parents. Ici, elle n’a plus de jardin. Le trajet vers l’école se fait en voiture. La relation entre les protagoniste s’inverse, c’est désormais lui qui prend soin d’elle.
C’est un peu triste et très doux à la fois.
L’épilogue raconte l’histoire vraie de cette dame qui, enfant, a vécu la seconde guerre mondiale en Pologne avant d’émigrer au Canada. Il est sincère et touchant, mais nul besoin de cet épilogue pour comprendre que Le jardin de Baba est une histoire vécue et fondatrice dans le parcours de l’auteur.
Marée haute Marée basse, Max Ducos, Sarbacane, 2023, 19€90
Ce que j’aime dans la littérature enfantine c’est qu’elle permet toutes les fantaisies, qu’elle peut s’émanciper des limites, sur le fond comme sur la forme, qu’elle regorge de surprises.
Depuis plus de vingt ans que je baigne dedans, s’il m’arrive de temps en temps d’avoir le sentiment que tout a déjà été dit, je suis régulièrement émerveillée d’y trouver de vrais trésors, des surprises, de voir une littérature qui se réinvente sans cesse.
Max Ducos fait partie des artistes dont les trouvailles me surprennent toujours.
Dans marée haute marée basse, il fait de la plage la protagoniste.
Elle est le fil conducteur, l’histoire suit son rythme, les autres personnages ne sont que secondaires, on s’y attache pendant quelques pages et d’autres leurs succèdent.
Le texte s’adresse au lecteur et lui propose de prendre le temps d’observer la vie sur ce bord de mer, pendant une journée d’été.
Il y a les familles, les solitaires, les bandes de potes et ceux qui cherchent l’amour, il y a ceux qui s’activent et ceux qui paraissent. Les baignades, les châteaux de sable, les premiers pas d’un bébé, l’odeur de la crème solaire, les amitiés éphémères, les conflits évités de justesse. Le temps se gâte, puis le soleil revient. Tous ces petits riens, aussi ordinaires que merveilleux, qui prennent place sur une mer époustouflante de réalisme.
Chaque page mérite qu’on l’observe avec attention, et recèle plein de petits détails signifiants. On a aussi l’envie de regarder de loin, de profiter du grand format pour savourer le réalisme des illustrations.
On remarque alors qu’il s’agit d’un plan fixe, dans lequel évolue les humains et l’océan, qui prend parfois toute la place ou presque et se retire au loin, laissant un large espace de jeu, à marée basse.
Une journée entière s’écoule, au petit matin du début de l’album répond une double page sans texte qui montre la nuit, les lumières des bateaux au loin et le reflet de la lune.
Ceux qui ont déjà foulée cette plage la reconnaîtront sans peine. Ils savent que juste un peu plus à droite, hors champ, il y a la dune du Pilat.
Je ne sais pas si cela produit le même effet sur tout le monde, mais moi ça m’a follement émue de savoir qu’elle était là, juste à côté, mais que l’auteur avait choisi de ne pas la montrer.
Car les livres sont riches de ce qu’ils montrent mais aussi de ce qu’ils cachent.
Une fois de plus, c’est très difficile pour moi (et peu pertinent si vous voulez mon avis) de donner un âge auquel cet album peut s’adresser (sujet déjà évoqué ici). Il fait vraiment partie de ces livres qui vont réunir les adultes et les enfants dans un même plaisir et qui offrent plusieurs niveaux de lecture ou de compréhension. Et qui séduit par sa beauté bien avant que la question de la compréhension ne se pose.
On ferait comme si, André Marois, Gérard Dubois, Grasset, 2023, 18€50
J’ai toujours adoré écouter les enfants jouer, et me remémorer mes propres jeux d’enfance, quand on pouvait laisser l’imagination s’emballer et que nulle limite ne s’imposait dans cet univers fictif.
Ici l’histoire commence par deux mouflets qu’on envoie jouer dehors.
Pas besoin d’insister, ils ont déjà filé, et le chat leur emboîte le pas. Sans hésitation ils se lancent dans leur jeu préféré: faire semblant.
Dans le jardin, ils avisent la cabane dans l’arbre. « On ferait comme s’il y avait un château, dans un royaume éloigné. Et on irait le visiter. »
Le texte est composé du dialogue des deux enfants, dans lequel chacun complète la phrase de l’autre, s’il n’y avait pas une couleur pour le texte de chaque protagoniste, on ne saurait jamais qui parle, tant ils sont complices.
Dans leur plaisir de jouer ils font feu de tout bois, détournant les objets pour les transformer en accessoire qui sert leur histoire. La brouette devient véhicule de téléportation, les tuteurs des tomates des lances, le tuyau d’arrosage un serpent apprivoisé.
Avec une insouciance totale, ils libèrent poules et lapins de leurs cages, font les fous dans les plantations. Ah, cette fameuse spontanéité qui fait le sel de l’enfance!
Le texte fluide d’André Marois (le noël blanc de Chloé) et les images rétros de Gérard Dubois (un pommier dans le ventre) font le charme de cet album, qui a été très légitimement salué à la foire de Bologne.
La ferme, Sophie Blackall, éditions des éléphants, 2023, 15€50
Un jour, l’autrice Sophie Blackall a acheté un terrain avec une vieille ferme abandonnée depuis des années dessus.
Il y avait là les traces laissées par plusieurs générations d’une même famille.
Comme la ferme n’était plus habitée depuis longtemps, il y avait aussi les traces des animaux qui s’y étaient installés en l’absence d’humains.
Les feuilles mortes et les nids d’hirondelle y côtoyaient les cahiers d’écoliers, les robes cousues à la main et les boutons perdus.
Les murs, les objets, reflétaient une histoire, qu’elle a voulu raconter.
En se renseignant elle a appris qu’une famille de douze enfants avait vécu là.
Pour son récit, l’autrice réalise une double prouesse, graphique et littéraire.
Le texte se compose d’une unique phrase, qui se déroule sur les 48 pages de l’album. Elle donne le rythme de lecture, comme un souffle, linéaire comme le temps qui passe.
Concernant les images, elle a réalisé une superposition qui utilise les matériaux trouvés sur place. Bouts de tissus, papier peint, journaux ou cahiers se mêlent à ses peintures.
Les illustrations qui en résultent sont très touchantes.
Elles donnent à voir un quotidien aujourd’hui disparu, les petits lits en fer, les chamailleries entre enfant, les airs joués à l’harmonium, la traite des vaches qu’il faut bien faire, même quand on a froid dans l’étable ou la cueillette des pommes. À sa lecture, on se prend de nostalgie pour une époque que l’on a pourtant jamais connu.
Si, comme moi, vous êtes sous le charme, allez voir aussi l’album Le phare, de la même illustratrice.
Le Petit Poucet, Maria Jalibert, A pas de loup, 2023, 17€
J’ai un faible pour les livres de Maria Jalibert et ses mises en scène de jouets colorés, qui créent pour chaque album un univers ludique.
En choisissant de faire sa version du célèbre conte elle créé la surprise car le registre est assez différent de son travail habituel. L’histoire n’est pas tellement dans l’air du temps, la mode actuelle n’aime pas trop montrer aux enfants des parents maltraitants. Pour mémoire, ceux du Petit Poucet abandonnent leurs sept enfants dans la forêt, à deux reprises qui plus est, faute de pouvoir les nourrir correctement. Ils se réfugient dans une maison qui s’avère être celle de l’ogre et n’échappent à son appétit que grâce à l’ingéniosité du cadet de la fratrie.
En effet il parvient à duper l’ogre qui au lieu des petits garçons s’attaquera ses propres enfants.
En transposant cette histoire dans son univers, Maria Jalibert fait des garçons sept canetons et de l’ogre un gros rat aux yeux rouges.
Les petites silhouettes jaunes semblent tellement frêles et innocentes, dans un décors parfois oppressant (dans la maison de l’ogre les références visuelles à son appétit pour la chair fraîche sont nombreuses).
Pour le texte, elle joue la simplicité et s’autorise l’ellipse, les éléments les plus marquants étant suffisant pour que l’histoire soit compréhensible.
Le conte s’en trouve modernisé mais pas dénaturé, et il garde toute sa force symbolique. Je pense qu’on peut le proposer sans souci à partir de six ans, un peu avant même avec les enfants déjà très nourris d’histoires. Pour ceux d’entre vous qui s’inquiètent de montrer d’aussi mauvais parents, vous pouvez regarder cet article qui aborde la question. Et pour ce qui est des histoires qui font peur, celui-là pourra vous renseigner. Mais dans tous les cas gardons en tête ce principe: Si un enfant ne veut pas lire un livre, il a ses raisons, ne le forçons surtout pas. Si au contraire il réclame une histoire en particulier, c’est qu’il y puise quelque chose dont il a sans doute besoin, ne le censurons pas.
Bonjour les enfants du monde, Karine Daisay, saltimbanque, 2023, 12€90 Heureusement, la littérature enfantine n’a pas pour unique fonction de permettre au petit lecteur de s’identifier.
On propose très (trop) souvent aux enfants des ouvrages dans lesquels ils peuvent se reconnaître, parfois même les adultes cherchent la situation qui colle au plus proche à la réalité. On m’a demandé conseil récemment pour un livre sur une fratrie de trois, deux garçons et une fille, dans cet ordre là, je ne reviens toujours pas de cette demande.
Pourtant il me semble que la rencontre de l’altérité est un sujet tout aussi essentiel, et que la littérature, comme les autres formes artistiques, a une fonction à jouer dans cette découverte.
Pour les auteurs, la tâche n’est pas aisée.
Il faut se garder de toute vision caricaturale et ne pas tomber dans l’appropriation culturelle, veiller à montrer une diversité et ne pas avoir une vision trop réductrice.
Karine Daisay relève le défi brillamment.
Sur chaque double page, un portrait d’enfant qui nous salue dans sa langue, donne son prénom et le pays dans lequel il vit et en présente une spécificité en une phrase.
Il est représenté de face, en plan rapproché, derrière lui des motifs évoquent le pays mentionné. Le procédé est efficace, simple, et il nous permet de découvrir comment on dit bonjour dans une vingtaine de langues différentes.
L’autrice ne tombe pas dans les écueils que l’on a pu voir ailleurs (par exemple dans un album où chaque enfant vient d’un pays et d’un seul coup il y en a un qui vient d’Afrique, comme s’il s’agissait là d’un seul pays) et chaque portrait est très réaliste.
Ajoutons qu’elle a veillé à un équilibre entre le nombre de petits garçons et de petites filles représentés.
Les illustrations qui allient collage, papier découpé et peinture sont très belles et pleines de détails signifiants.
C’est vraiment un chouette album avec lequel je pense que j’aurais beaucoup de plaisir à travailler.
C’est qui les méchants? Stéphane Servant, Lætitia Le Seau, Didier jeunesse, 2023
Dans la petite société des animaux, un drame est survenu. Le chat de la mère Michel a disparu.
Sans perdre une minute les trois petits cochons décident de prendre les choses en main.
Puisque le chat a disparu, c’est donc qu’il a été volé. Et si quelqu’un l’a volé, c’est certainement pour le manger. Imparable. Il faut trouver le coupable et le punir. Voilà.
Évidemment, après un raisonnement aussi simpliste, on ne s’attend pas à ce que les trois cochons agissent de façon très subtile.
Et en effet, ils vont s’appuyer sur des critères douteux pour désigner comme coupable le premier venu.
En l’occurrence, la grenouille à grande bouche. Pourquoi? Ben, parce qu’elle a une grande bouche déjà. Et puis la couleur de sa peau, hein, pardon mais peut-on faire confiance à une personne qui est toute verte? Et qui sent la vase?
Bim bam, boum, la voilà punie. Juste avant d’être disculpée.
Ça ne perturbe pas tellement les trois pourceaux d’avoir rossé une innocente, et ils se remettent immédiatement au boulot… Pour commettre une nouvelle injustice.
Droits dans leurs bottes, contents d’eux (parce que, hé, ils sont du côté du bien eux, du côté de l’ordre et de la sécurité) ils prêtent l’oreille à n’importe quel passant qui leur désigne un coupable idéal.
Benêts comme ils sont, ils mettent un moment à comprendre qu’il n’y a pas de coupable parce qu’il n’y a pas eu de crime. Mais alors, c’est qui les méchants?
comme souvent chez Stéphane Servant l’histoire se présente comme une blague mais met en exergue les travers de notre société.
Ici la tendance à suivre les rumeurs et à se laisser guider par ses préjugés.
C’est très réussi, c’est drôle comme tout et pas moralisateur pour deux sous.
Une grande partie de l’humour repose sur la rencontre avec des personnages connus (la grenouille à grande bouche, le corbeau et le renard, le loup) qui amusera les adultes et les enfants qui connaissent déjà les personnages.
Comme expliqué ici, il m’est impossible de chroniquer tous les albums de qualité qui passent entre mes mains, alors de temps en temps je fais une petite séance de rattrapage, aujourd’hui, c’est le tome 4.
Du fond de la classe Sébastien Joanniez, l’étagère du bas 14€ 2022 Celui-du-fond-de-la-classe voit le premier rang au loin, comme si une mer les séparait. Il n’a jamais franchit cette distance et reste à ce qui semble être sa place depuis longtemps. Mais quand une nouvelle élève arrive et s’installe devant, il a très envie de la rejoindre. Heureusement, on n’est jamais à l’abri d’un éclair de génie. Une histoire forte, servie par des illustrations saisissantes.
Riz, riz, riz, Bamco, rue du monde, 2022, 16 € Gros coup de cœur pour cet album qui raconte la culture du riz.
Le texte, le plus souvent composé d’un seul mot répété, met l’histoire en rythme et donne la cadence, la lecture est rapide et enjouée. Il est inséré dans l’illustration façon calligramme. Avec ce livre, j’ai fait éclater de rire un bébé de 6 mois, chaque lecture était plus jubilatoire que la précédente!
L’arbre généreux, Shel Silverstein, l’école des loisirs, réédition. L’école des loisirs a eu l’excellente idée de rééditer ce classique indémodable, un joyau de la littérature enfantine qui a fait ses preuves depuis sa première édition en 1964 et dont j’avais déjà parlé ici.
Imagier des pays nordiques, Magali Attiogbé, Amaterra, 14€90, 2022. Un nouveau leporello dans la jolie collection dont j’ai déjà parlé ici. Comme d’habitude, un bel objet solide et coloré, des mots représentatifs d’une région du monde, et les très jolies illustrations de Magali Attiogbé. Les bébés ont plaisir à le manipuler (ah, cette fermeture aimanté, un succès fou à chaque fois) et découvrent ainsi de nouveaux horizons.
Un album qui nous fait revivre notre pire cauchemar enfantin: se retrouver en culotte devant sa classe. Heureusement, il se termine par notre meilleur rêve d’enfant: accomplir un exploit devant toute la classe. Entre les deux, le petit héros fait preuve d’ingéniosité et montre sa capacité à prendre sur lui.
Le texte est soigné et tout tendre et le format met en valeur les magnifiques illustrations de Quentin Gréban.
Chacun son tour, Mariane Dubuc, Saltimbanque, 14€50 2023
En jouant, Tortue, Lièvre, Ours et Souris trouvent un œuf. Ils en prennent soin à tour de rôle. Cette drôle d’adoption collective va permettre la naissance d’un petit oiseau. Ensemble ils montrent une autre façon de faire famille, dans laquelle tout le monde apporte sa touche. Un schéma atypique mais favorable, puisque le petit oiseau finira par prendre sa liberté.
Entre album et bande-dessinée ce livre s’adresse aux enfants dès 3 ans et montre la chaleur des relations amicales comme la pluralité des familles possibles.
Classe Volcan, John Hare, Pastel, 2023, 14€ Après classe de lune et classe sous marine, John Hare nous invite pour un nouveau voyage scolaire dans un environnement tout aussi étonnant. La trame narrative est semblable aux opus précédents: un des écoliers s’égare et rencontre les habitants locaux. Ici ce sont donc des êtes de lave. Une belle immersion dans des paysages étranges et une jolie rencontre de l’autre.
(comme les précédents, cet album est sans texte)
Renard des neiges, Alexandra Page, Stef Murphy, Mila, 2022, 12€90
Dans la cabane en bois où elle passe l’hiver avec sa mère, Lucie se sent seule. On comprend dès le début de l’album qu’il y est question d’un deuil. A l’occasion d’une promenade nocturne dans la neige, elle rencontre un renard qui va l’aider à poser un regard émerveillé sur le monde et lui réchauffer le cœur.
Basé sur le mythe des révontulets, qui explique l’existence des aurores boréales par la présence des renards, cette histoire très douce aborde le deuil avec beaucoup de tact.
Marta et la bicyclette, Germano Zullo, Albertine, la joie de lire, 2023, 14€
Réédition de l’album intemporel paru pour la première fois en 2001. Marta, la vache orange est assez singulière et elle y tient. Contrairement à ses amies, elle n’est pas attirée par les trains mais veut faire du vélo. J’aime la confiance tranquille que Marta s’accorde à elle même.
Elle se débrouille, fabrique elle même sa bicyclette et gagne la course. Et ce n’est que le début de ses aventures, puisque trois autres albums ont suivi.
C’est super chat! Michel Van Zeveren, Pastel, 2023, 10€
J’ai un gros faible pour le trait tendre cerné de noir de Michel Van Zeveren, si adapté aux tout-petits. Cet album est le troisième d’une série qui montre les relations et les jeux d’un chat et d’un bébé, inaugurée par C’est qui chat?
Petite historiette du quotidien toute douce, qui joue sur les sonorités et l’ambiguïté entre le mot chat et « ça » mal prononcé par l’enfant très à propos nommé Sacha.
Sous la glace, Michaël Escoffier, Ella Charbon, éditions des éléphants, 2023, 13€
Un album au format à l’italienne, dont le pli sert de séparation. En haut, sur la glace, un enfant pêche. En bas, sous l’eau, un poisson affamé a mordu à l’hameçon. Chacun est aidé par les des amis de plus en plus nombreux, ça tire sur la ligne! C’est très joli, au premier regard l’histoire est sympathique sans plus. Mais un twist en dernière page nous fait comprendre qu’on était complètement passé à côté du sens réel. Alors on relit du début et c’est encore plus savoureux.
J’aime voir s’éclairer l’œil de l’enfant au moment où il comprend, et voir son plaisir à recommencer l’album. Exactement comme dans le ça, du même auteur
Dix petites souris, Colin Thibert, Haydé, la joie de lire, 12€, 2022
Une petite histoire en randonnée, assez classique sur la forme (dix souris se rendent à Paris mais renoncent les unes après les autres au fil du voyage), mais fort sympathique, avec son petit format cartonné à l’italienne, les illustrations amusantes et dynamiques de Haydé et une rime en « i » tout au long de l’album.