Le Petit Poucet, Maria Jalibert, A pas de loup, 2023, 17€

J’ai un faible pour les livres de Maria Jalibert et ses mises en scène de jouets colorés, qui créent pour chaque album un univers ludique.

En choisissant de faire sa version du célèbre conte elle créé la surprise car le registre est assez différent de son travail habituel.
L’histoire n’est pas tellement dans l’air du temps, la mode actuelle n’aime pas trop montrer aux enfants des parents maltraitants.
Pour mémoire, ceux du Petit Poucet abandonnent leurs sept enfants dans la forêt, à deux reprises qui plus est, faute de pouvoir les nourrir correctement.
Ils se réfugient dans une maison qui s’avère être celle de l’ogre et n’échappent à son appétit que grâce à l’ingéniosité du cadet de la fratrie.

En effet il parvient à duper l’ogre qui au lieu des petits garçons s’attaquera ses propres enfants.

En transposant cette histoire dans son univers, Maria Jalibert fait des garçons sept canetons et de l’ogre un gros rat aux yeux rouges.

Les petites silhouettes jaunes semblent tellement frêles et innocentes, dans un décors parfois oppressant (dans la maison de l’ogre les références visuelles à son appétit pour la chair fraîche sont nombreuses).

Pour le texte, elle joue la simplicité et s’autorise l’ellipse, les éléments les plus marquants étant suffisant pour que l’histoire soit compréhensible.

Le conte s’en trouve modernisé mais pas dénaturé, et il garde toute sa force symbolique.
Je pense qu’on peut le proposer sans souci à partir de six ans, un peu avant même avec les enfants déjà très nourris d’histoires.
Pour ceux d’entre vous qui s’inquiètent de montrer d’aussi mauvais parents, vous pouvez regarder cet article qui aborde la question. Et pour ce qui est des histoires qui font peur, celui-là pourra vous renseigner.
Mais dans tous les cas gardons en tête ce principe: Si un enfant ne veut pas lire un livre, il a ses raisons, ne le forçons surtout pas. Si au contraire il réclame une histoire en particulier, c’est qu’il y puise quelque chose dont il a sans doute besoin, ne le censurons pas.