Bonjour les enfants du monde, Karine Daisay, saltimbanque, 2023, 12€90
Heureusement, la littérature enfantine n’a pas pour unique fonction de permettre au petit lecteur de s’identifier.
On propose très (trop) souvent aux enfants des ouvrages dans lesquels ils peuvent se reconnaître, parfois même les adultes cherchent la situation qui colle au plus proche à la réalité. On m’a demandé conseil récemment pour un livre sur une fratrie de trois, deux garçons et une fille, dans cet ordre là, je ne reviens toujours pas de cette demande.
Pourtant il me semble que la rencontre de l’altérité est un sujet tout aussi essentiel, et que la littérature, comme les autres formes artistiques, a une fonction à jouer dans cette découverte.
Pour les auteurs, la tâche n’est pas aisée.
Il faut se garder de toute vision caricaturale et ne pas tomber dans l’appropriation culturelle, veiller à montrer une diversité et ne pas avoir une vision trop réductrice.
Karine Daisay relève le défi brillamment.
Sur chaque double page, un portrait d’enfant qui nous salue dans sa langue, donne son prénom et le pays dans lequel il vit et en présente une spécificité en une phrase.
Il est représenté de face, en plan rapproché, derrière lui des motifs évoquent le pays mentionné. Le procédé est efficace, simple, et il nous permet de découvrir comment on dit bonjour dans une vingtaine de langues différentes.
L’autrice ne tombe pas dans les écueils que l’on a pu voir ailleurs (par exemple dans un album où chaque enfant vient d’un pays et d’un seul coup il y en a un qui vient d’Afrique, comme s’il s’agissait là d’un seul pays) et chaque portrait est très réaliste.
Ajoutons qu’elle a veillé à un équilibre entre le nombre de petits garçons et de petites filles représentés.
Les illustrations qui allient collage, papier découpé et peinture sont très belles et pleines de détails signifiants.
C’est vraiment un chouette album avec lequel je pense que j’aurais beaucoup de plaisir à travailler.