Le phare, Sophie Blackall, éditions des éléphants,Le phare, Sophie Blackall, éditions des éléphants, 2021, 15€

Ah, cette fascination qu’adultes et enfants partagent pour les phares! Ils étonnent, ils intriguent.

Et la vie de leurs gardiens plus encore. Qui peut donc vivre ainsi reclus, loin de tout et de tout le monde?

Et comment s’organise la vie quotidienne dans un espace aussi singulier? Et d’ailleurs, en quoi exactement consiste cet étrange métier?

A travers un album qui n’est pas un documentaire mais une histoire, Sophie Blackall nous permets de découvrir le phare de l’intérieur.

Le nouveau gardien arrive pour prendre possession des lieux. Il remplit consciencieusement son cahier de bord, notant avec soin les petits et grands événements: une lentille à changer, de la peinture à refaire, le cabillaud pêché. Mais aussi l’arrivée de son épouse, le naufrage d’un bateau et le sauvetage de ses passagers, la naissance de sa fille.

Les images sont magnifiques et rendent parfaitement à la fois l’immobilité du phare et l’incessant mouvement de la mer qui l’entoure. Dans des ronds, comme autant de camés précieux, se détachent certaines scènes, comme montrées à travers une longue vue ou dans le faisceau de la lanterne. C’est d’ailleurs dans l’une de ces images mise en exergue que l’on voit s’arrondir le ventre de l’épouse du gardien.

Le phare, Sophie Blackall, éditions des éléphants,

Des plans en coupe montrent l’intérieur du bâtiment, des pièces toutes rondes et toutes vertes. Le poêle est en bonne place, on s’y sent au chaud et à l’abri, malgré la mer autour qui peut se mettre à gronder.

Les saisons, les années défilent. Le paysage se modifie sans cesse, parfois les tons rouges du soleil couchant dominent, à d’autres moments c’est le vert, ou même le blanc de la brume qui prennent le pas. Toujours notre gardien affiche une certaine sérénité. C’est d’ailleurs encore le cas quand le garde-cote vient installer une nouvelle machine. Désormais la lumière fonctionnera seule. La famille peut s’installer sur le continent.

Moi, une fois l’album refermé, je ne peux m’empêcher de m’interroger. Qu’arrivera-t-il si un nouveau naufrage survient? Qui remplacera les éventuelles vitres cassées? Et, en cas de fort brouillard, y aura-t-il quelqu’un pour faire sonner la cloche afin de prévenir les marins?