La ferme, Sophie Blackall, éditions des éléphants, 2023, 15€50
Un jour, l’autrice Sophie Blackall a acheté un terrain avec une vieille ferme abandonnée depuis des années dessus.
Il y avait là les traces laissées par plusieurs générations d’une même famille.
Comme la ferme n’était plus habitée depuis longtemps, il y avait aussi les traces des animaux qui s’y étaient installés en l’absence d’humains.
Les feuilles mortes et les nids d’hirondelle y côtoyaient les cahiers d’écoliers, les robes cousues à la main et les boutons perdus.
Les murs, les objets, reflétaient une histoire, qu’elle a voulu raconter.
En se renseignant elle a appris qu’une famille de douze enfants avait vécu là.
Pour son récit, l’autrice réalise une double prouesse, graphique et littéraire.
Le texte se compose d’une unique phrase, qui se déroule sur les 48 pages de l’album. Elle donne le rythme de lecture, comme un souffle, linéaire comme le temps qui passe.
Concernant les images, elle a réalisé une superposition qui utilise les matériaux trouvés sur place. Bouts de tissus, papier peint, journaux ou cahiers se mêlent à ses peintures.
Les illustrations qui en résultent sont très touchantes.
Elles donnent à voir un quotidien aujourd’hui disparu, les petits lits en fer, les chamailleries entre enfant, les airs joués à l’harmonium, la traite des vaches qu’il faut bien faire, même quand on a froid dans l’étable ou la cueillette des pommes. À sa lecture, on se prend de nostalgie pour une époque que l’on a pourtant jamais connu.
Si, comme moi, vous êtes sous le charme, allez voir aussi l’album Le phare, de la même illustratrice.