Le jardin de baba, Jordan Scott, Sydney Smith, Didier jeunesse, 2023, 14€90
Tous les jours, un petit garçon se rend chez sa grand-mère. La vieille dame n’est pas bavarde mais elle transmet, à travers ses gestes, sa passion pour son jardin avec beaucoup de générosité.
Ensemble ils mangent, jardinent, font le chemin vers l’école, souvent en silence, toujours en complicité.
Je suis très heureuse de retrouver ce duo d’auteur, qui m’avait déjà touchée en plein cœur avec leur précédent album.
L’un et l’autre sont extrêmement doués pour susciter chez le lecteur des émotions vives.
C’est souvent dans l’ellipse, dans ce qui n’est ni dit ni montré, mais que l’on devine, que se nichent les éléments les plus touchants de l’histoire.
Alors qu’il mange le gruau préparé par son aïeule, le garçon se souvient qu’on lui a dit qu’autrefois, sa grand-mère a souffert de la faim. Aujourd’hui, elle semble se réjouir de voir le petit se régaler et veille à ce qu’il n’en rate pas une miette.
L’image montre un plan sur le mur du salon, orné de photos en noir et blanc. C’est fou toutes les histoires implicites que contient cette simple page.
Le temps passe, et la grand-mère vient vivre chez l’enfant avec ses parents. Ici, elle n’a plus de jardin. Le trajet vers l’école se fait en voiture. La relation entre les protagoniste s’inverse, c’est désormais lui qui prend soin d’elle.
C’est un peu triste et très doux à la fois.
L’épilogue raconte l’histoire vraie de cette dame qui, enfant, a vécu la seconde guerre mondiale en Pologne avant d’émigrer au Canada. Il est sincère et touchant, mais nul besoin de cet épilogue pour comprendre que Le jardin de Baba est une histoire vécue et fondatrice dans le parcours de l’auteur.