Je parle comme une rivière, Jordan Scott, Sydney Smith, Didier jeunesseJe parle comme une rivière, Jordan Scott, Sydney Smith, Didier jeunesse, 2021, 14€90

C’est l’histoire d’un petit garçon qui a beaucoup de mots dans la tête et dans la bouche. Ils sont là, ils ont du sens, ils veulent sortir.
Mais l’enfant ne parvient pas à les dire. Les sons se chevauchent, se bousculent, ils sortent de façon chaotique et ne forment pa des mots.

Aujourd’hui, c’est particulièrement difficile. À l’école, chacun doit parler de son endroit préféré, et c’est au tour de ce garçon, justement. Mais les mots se brouillent, et tout le monde le regarde. Sa langue est comme de la pierre, les sons restent coincés dans sa gorge et ses yeux s’emplissent de larmes.

Plus tard, son père l’amène à la rivière, et tente de le rassurer.

Il lui montre l’eau qui tournoie, bouillonne, gicle et se brise, tout comme le langage de l’enfant.

Dans une très belle double page qui s’ouvre en panorama, on voit l’enfant qui se baigne dans cette eau qui bégaie, comme lui.

Je parle comme une rivière, Jordan Scott, Sydney Smith, Didier jeunesse

Cette histoire autobiographique, racontée à la première personne, est d’une sensibilité sans égal.

Les émotions du protagoniste sont remarquablement transmises par le texte très poétique et par les images qui sont saisissantes.

Quand l’enfant est en difficulté face à ses camarades de classe, l’image devient floue, confuse, on est presque mal à l’aise. À l’inverse, la représentation de l’enfant dans l’eau est apaisante, elle offre au lecteur le même réconfort qu’au personnage.

Je parle comme une rivière est un album qui incite à l’empathie et au delà de la problématique très spécifique du bégaiement, ce sont tous les enfants qui, un jour, ont eu du mal à s’exprimer, qui peuvent s’y reconnaître.

Le sujet est traité avec beaucoup de talent et de poésie, à la fois dans le texte et dans les images.