Quand il va passer une après-midi chez sa grand-mère, le petit Léon a été prévenu: La vieille dame est devenue bizarre.
D’ailleurs, elle l’appelle Charlie, c’est un signe.
Mais ce que l’enfant remarque surtout, c’est à quel point elle est amusante. Cette grand-mère qui jadis ne supportait pas la saleté aujourd’hui se promène pieds nus dans la terre. Elle joue avec les insectes et son rire contagieux.
L’image la montre dans des postures enfantines, un sourire jovial sur le visage.
Et elle se met à raconter des histoires pleines de fantaisie, où elle est dans un château peuplé de cent vingt chats.
Mais, chut, c’est un secret.
Le petit garçon écoute avec attention (et un petit brin de crédulité propre à l’enfance) le récit fantasque. Et quand il est l’heure de rentrer il ne pense qu’à la prochaine visite à son étonnante grand-mère.
Ici c’est l’imagination et l’humour qui sont mis en avant, faisant presque passer le thème de la vieillesse et de la perte de mémoire au second plan.
Les images aux tons pastels sont douces et montrent une vieille dame très libre dans ses mouvements, presque légère, la pesanteur de l’âge y est absente.
La nature, très présente, ajouté une touche de gaîté.
L’histoire incite à l’empathie et ne tombe jamais dans le larmoyant, à travers les yeux de l’enfant la confusion de la vieille dame n’est pas montrée comme un problème mais comme une particularité dont on peut fort bien s’accommoder à travers le jeu.
Toi aussi, tu comptes, Christian Robinson, hélium 2021, 14€90
On va tout de suite couper court aux critiques qui reprocheraient à ce livre d’être plein de bons sentiments. Oui, c’est le cas, il porte des valeurs que l’on peut qualifier de « bonnes ». Mais, si vous voulez mon avis, les bons sentiments sont largement préférables aux mauvais.
Et ne nous leurrons pas, transmettre des valeurs antiracistes et humanistes aux enfants est encore nécessaire.
Cet album est sorti dans la lignée du mouvement Black live matter et il répond à une nécessité.
Les bons sentiments font-ils de bons livres? Pas toujours, mais ici c’est le cas.
L’auteur, Christian Robinson propose ici un texte rythmé, court et poétique, que l’on a plaisir à lire à voix haute, accompagné d’illustrations colorées et charmantes, simples et efficaces. Vous aurez d’ailleurs peut-être reconnu son style déjà rencontré dans cet autre album.
Le narrateur y adresse un message aux enfants, autant nécessaire qu’évident: « Toi aussi tu comptes », et cela que tu sois tout petit ou grand, que tu suives les autres ou nage contre le courant, même quand tu te sens incapable ou que tu as besoin d’aide.
Les illustrations montrent qu’il s’adresse à des enfants ou des adolescents, souvent racisés, parfois porteurs de handicap mais aussi à des animaux ou à des insectes, glissant ainsi un message écologiste au passage.
« Qui que tu sois, d’où que tu viennes, toi aussi tu comptes ».
C’est plein de fraîcheur, d’illustrations douces et charmantes et sincèrement, si le message peut sembler évident, personnellement je pense que ça va mieux en le disant.
Je vous laisse en compagnie de son auteur avec cette petite vidéo où il présente l’album.
Dinosaures, Bastien Contraire, la partie 2021, 22€ C’est un sujet qui passionne souvent les enfants et pour lequel j’ai beaucoup de demandes. Pour les plus jeunes, je conseille généralement l’album de Byron Barton, qui a l’avantage d’offrir une petite histoire et des images très accessibles.
Celui-là s’adresse à des enfants un peu plus grands, et se présente comme un véritable premier documentaire.
Il se distingue par ses très belles illustrations en tampon aux couleurs flashys. Imprimé en trois tons directs, jaune, rose et bleu, qui parfois se mêlent pour créer un orange lumineux ou un vert saisissant, l’album attire le regard et présente des dinosaures aux couleurs improbables.
Le texte précise d’ailleurs qu’à l’heure actuelle personne ne connaît la véritable couleur de la plupart de ces animaux disparus. On peut donc se permettre toutes les fantaisies pour les représenter.
Différents types de dinosaures sont montrés et nommés. Quel plaisir pour les enfants d’apprendre ces mots si savoureux, et de montrer aux adultes qu’ils les maîtrisent.
Si certains, comme le diplodocus, sont assez connus, d’autres sont plus rarement évoqués, c’est le cas par exemple du citipati.
Les mouflets les plus passionnés nous demandent parfois de lire tous les noms inscrits sur la troisième de couverture. À ce propos, petit conseil d’ami, si vous avez affaire à ce type d’enfant, entraînez vous en avance, lire du tac au tac des noms comme coelophysis, styracosaure et pachycephalosaure n’est pas toujours évident.
En plus de toutes ces jolies sonorités, vous apprendrez, et les enfants avec vous, que le compsognatus était aussi petit qu’un poulet, que le spinosaure était le plus grand des carnivores, que certains chassent en groupe, alors que d’autres sont herbivores.
De nombreuses connaissances dont les enfants sont friands (d’ailleurs, ils les retiennent souvent bien mieux que nous).
C’est un bel album que l’on a un grand plaisir à feuilleter, autant pour son beau graphisme que pour la qualité de l’objet lui-même, des feuilles de beau papier, aux couleurs éclatantes, une reliure cousue assez classe et, cerise sur le bouquin, il a la tranche colorée en rose (j’ai appris que l’on nommait cela du jaspage), ce qui lui donne un chic absolu.
C’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé dans ce nouvel album le trait, l’humour et le sens de la situation un brin absurde qui m’avaient déjà ravie dans l’album précédent de Matthew Forsythe.
Cette fois c’est l’histoire d’une petite souris placide, qui n’aspire qu’à être dans son petit monde, mais qui est affublée d’un père fantasque aux idées loufoques.
Quoi qu’il fasse, elle s’efforce de rester dans son univers, toujours plongée dans la lecture, hermétique aux évènements.
Ce qui n’est pas si simple quand son père invite une bande de phasmes à vivre à la maison ou quand il ramène des objets plus bruyants les uns que les autres.
Mais quand il débarque en compagnie d’une énorme créature, à l’apparence inquiétante, c’est difficile pour Mina de rester sereine. Même si son père affirme que c’est un écureuil parce que « les écureuils sont plus grands que les souris et ils ont une queue touffue ».
Dubitative, Mina doute « Je ne suis pas sûre que ce soit un écureuil ». Le père insiste et apporte même deux autres spécimens du même modèle. Et, pendant un certain temps, tout se passe bien.
Jusqu’à ce que…
Les enfants à qui on lit cet album s’amusent beaucoup de voir le chat introduit dans la souricière, partagent l’inquiétude de la pauvre Mina. Mais ce n’est que quand les matous sont identifiés comme tels (par le vétérinaire venu voir pourquoi ces écureuils refusent obstinément de manger des noisettes) qu’ils retrouvent leur vraie nature de prédateur et que les souris doivent fuir immédiatement. La chute est un rebondissement totalement inattendu, complètement improbable et vraiment drôle. Elle n’apporte aucune morale et tant mieux, c’est une lecture pleinement divertissante.
Mais elle réhabilite tout de même un peu le père en montrant que finalement, son sens de l’accueil est peut-être excessif mais pas si néfaste qu’on l’aurait cru.
Les grandes illustrations aux teintes chaleureuses mettent en valeur les expressions des personnages, et contribuent grandement à l’humour de l’ensemble. Et on trouve un petit clin d’œil à Pokko et son tambour qui est très sympa.
Un bien chouette album, dont vous pouvez voir une jolie présentation sur cette vidéo:
Boubou en était sûr, Karen Hottois, Émilie Seron, la partie, 2022, 15€90 Tout commence par l’évidence du sentiment de Boubou. Assis à son bureau, il semble nous regarder dans les yeux et affirme: « J’en étais sûr » Et ce sont ces mots qu’il écrit sur la lettre qu’il confié à Fromage, son petit rat. La livraison est rapidement assurée, Nadia reçoit la missive, nourrit Fromage et écrit à son tour. Mais elle n’est pas certaine de comprendre le message de son ami, et la réponse qu’elle lui adresse ne correspond pas à ses attentes. Face aux certitudes de Boubou, Nadia est pleine de doutes: C’est que le sentiment amoureux n’est pas toujours facile à exprimer, surtout quand on est petit. Fromage fera ainsi plusieurs allers-retours, toujours chargé d’une lettre, mais entre l’implicite des lettres ou dessins de l’un et la peur qui empêche parfois d’ouvrir le courrier, un quiproquo s’installe.
Heureusement, Fromage n’est pas un simple messager, il observe la situation et fini par décider de la prendre en main. Malin, le petit rat organise une rencontre entre les deux enfants, en l’entourant de la dose de mystère suffisante pour les plonger dans une ambiance propice aux choses de l’amour. Même la météo s’en mêle et c’est à la faveur d’un nuage qui préservera leur pudeur que la rencontre amoureuse peut avoir lieu.
L’histoire, le texte et l’image mettent tous les trois en scène le non dit, le hors champ, le caché. Ils laissent des vides que le lecteur complète, n’explicitent pas trop. C’est propice à la rêverie. Il y a une petite histoire enchâssée dans le récit, celle d’un écureuil qui trouve l’une des lettres, qui n’est pas indispensable à l’histoire mais qui rajoute un joli moment de poésie.
J’ai aimé retrouver l’illustratrice Émilie Seron, dont j’avais beaucoup apprécié l’histoire de noël sans père Noël, et l’autrice Karen Hottois qui nous offre toujours des histoires pleines de charme. J’aime aussi beaucoup la représentation de la nature, que l’on voit au fil des saisons, très joliment représentée, et Fromage qui fait fonction à la fois de lien et d’élément magique qui permet la résolution du conflit.
L’éternité, Mathilde Poncet, l’étagère du bas, 2022, 15€
A vous je peux le dire, j’ai depuis longtemps un faible pour les sorcières. Avant même qu’elles ne soient mises à l’honneur comme figure du féminisme, elles ont toujours suscité mon admiration.
Particulièrement celles qui sont exclues pour leurs excentricités, montrées du doigt, recluse, alors qu’elles s’avèrent toujours bienveillantes au terme du récit.
C’est le cas de celle que l’on rencontre ici.
Surnommée La poupée du loup, sans que personne ne sache bien pourquoi, elle vit dans la montagne.
Une vie de solitude, avec les loups pour seule compagnie, dont elle ne se plaint pas mais tout de même, ça lui manque de parler avec des gens.
Mais quand elle se rend au marché les regards sont fuyants et elle peut entendre derrière elle les termes de sorcière, empoisonneuse, vieille folle.
Pour les amadouer, elle cherche à fabriquer quelque chose qui leur plaise. Qu’aiment les humains? Dans un de ses vieux ivres, elle trouve la recette qu’il lui faut: Celle de l’éternité.
Les ingrédients ne sont pas faciles à trouver, mais elle est tenace et courageuse.
Quand elle vient proposer son offrande au village, c’est le récit de ses exploits qui intéresse, plus que l’éternité, qui d’ailleurs a pris une forme tout à fait inattendue. Et ce sont les enfants les premiers qui sont passionnés par le récit et qui acceptent de venir à la rencontre de l’étrange femme.
L’éternité a filé, mais désormais les liens sont créés.
L’étrangeté de l’histoire, qui prend parfois des allures de conte, trouve un écho dans les grandes images, très colorées, mettant en valeur un personnage fantasque. La nature y est partout, sublime, habitée de nombreux animaux, dont certains dissimulés dans le chapeau ou marchant dans les pas de l’impressionnante Poupée du Loup.
Il est toujours aussi attachant, et aussi attentif au bien être de ses protégés dans cette nouvelle histoire.
Ce matin, il est excité comme un mouflet le jour de noël. L’impatience a même eu raison de sa nuit de sommeil. Debout à l’aube, il trépigne à l’idée de la sortie qu’il a prévue pour ses amis.
Mais pour un vieux monsieur qui a une vie réglée comme du papier à musique, une nuit blanche, ce n’est pas si facile à encaisser. Voilà qu’il rate son bus, il sera en retard et ne pourra pas faire la sortie prévue.
Dès son arrivée au zoo, il s’excuse auprès de tous, expliquant tour à tour à l’éléphant, au manchot, au rhinocéros sa mauvaise nuit et son bus raté.
Il y a toujours une infinie tendresse dans les regards croqués par Erin E. Stead, avec ses crayonnés rehaussés de couleurs douces, elle crée en quelques traits les animaux les plus émouvants, ou un Amos McGee des plus éloquents.
Dans chaque image des détails viennent apporter une touche d’humour ou de tendresse supplémentaire.
Le chat, le petit oiseau ou la souris qui accompagnent en silence le vieil homme dans les premières pages, le mobilier improbable dans les enclos des animaux, les chaussettes du pingouin.
Tout, dans chaque page, est un véritable délice.
Bien sûr, au zoo, personne n’en tient rigueur à Amos et, comme dans A-a-a-atchoum, les animaux vont collectivement aider leur vieil ami et la sortie pourra avoir lieu comme prévu. Nous les quittons dans le bus, les illustrations nous donnent des indices pour deviner où ils se rendent: un ballon gonflable, des serviettes, parasols, et Amos qui a revêtu short et sandales, la plage ne doit pas être loin.
Douceur des sentiments, des relations, du texte et de l’image, tout dans cet album est agréable, réconfortant. Un véritable coup de cœur.
C’est une particularité qui était là dès la naissance. Une main pas comme les autres, avec seulement trois doigts. Les médecins ont parlé de « pince de crabe ».
Le père de la fillette, qui est également le narrateur, raconte les différentes étapes. La découverte de cette singularité (qui ne vient pas éclipser le bonheur de voir naître un bébé en bonne santé), l’opération pour séparer les deux doigts collés et permettre au pouce de fonctionner correctement, l’enfant qui grandit et apprend à utiliser cette main particulière et parfois les moqueries et la colère.
La petite fille, elle, grandit avec sa particularité sans rancœur. Cherchant plutôt les bons côtés, elle remarque que cela la fait ressembler à un extraterrestre ou que sa main-oiseau est pratique pour se faufiler dans les trous de souris.
Et finalement, tant qu’elle peut mettre sa petite main bien au chaud dans celle rassurante de son père, on devine qu’elle peut tout affronter.
On sent que le texte hésite un peu entre deux genres. Il se veut tantôt poétique tantôt explicatif et le mélange de ces deux parti-pris n’est pas toujours heureux.
Cependant il est touchant car habité d’une sensibilité réelle.
Les images le complètent et l’enrichissent, offrant parfois un contrepoint. Quand le texte évoque les moqueries, elles montrent des griffes ou dents d’animaux sauvages.
Avec une dominante de tons bleus, souvent mêlé à du marron ou ocre, elles plongent le lecteur dans une ambiance plutôt froide, que les mouvements de la petite fille viennent parfois réchauffer.
La fin met en valeur la relation chaleureuse entre le père et la fille, qui est d’ailleurs centrale dans tout l’album.
Blaise, Isée et le tue-planète, Claude Ponti, l’école des loisirs 2021, 22€
Rentrer dans un album de Claude Ponti n’est pas donné à tout le monde. Disons le, il y a les enfants qui adhèrent et ceux qui sont hermétiques. C’est pareil pour les adultes d’ailleurs.
Il faut dire que cela demande un certain lâcher prise et la capacité à se projeter dans un univers loufoque, peuplé de créatures singulières et où les mots eux même deviennent étranges, se déforment, s’inventent à chaque page.
Quand on a passé le pas, c’est un immense bonheur de retrouver ce monde, d’années en années, au fil des albums.
Blaise, Isée et le tue-planète s’inscrit dans une série d’albums peuplée de poussins. L’un d’entre eux, Blaise, se distingue par le masque rouge et grimaçant qu’il porte (on sait depuis Milles secrets de poussins que c’est celui qui porte le masque qui devient Blaise).
Isée est également un personnage déjà connue des fans, on la rencontre dans La venture d’Isée puis dans L’avie d’Isée.
Mais si vous ne connaissez encore ni le monde ni les personnage de Claude Ponti, pas d’inquiétude, vous n’avez besoin d’aucune connaissance préalable pour découvrir Blaise, Isée et le Tue-planète.
Prenez une grande inspiration, plongez et laissez-vous émerveiller par la richesse de l’album.
Tout commence par l’atterrissage brutal d’Isée, dont le vaisseau s’écrase pile poil sur la maison des poussins. La petite héroïne a mal contrôlé son atterrissage, il faut dire qu’il y a urgence, elle vient chercher l’aide de ses amis.
Car il se passe quelque chose d’horibilifique. Un tue-planète sévit dans la galaxie.
Partout, les habitats sont détruits, il faut absolument construire un nouveau vaisseau et tuer le monstre.
Manifestement, la construction d’ un vaisseau est pour les poussins une activité aussi ludique que la confection d’un gâteau. Ils s’attellent donc à la tâche avec leur entrain habituel et bâtissent un fabuleux vaisseau en forme de poussin géant, dont le détail ravira les enfants. Aussi fonctionnel que plein de fantaisie, il est présenté de fond en combles , intérieur et extérieur, sur deux doubles pages qui ne demandent qu’à être longuement explorées.
Enfin la troupe s’élance pour éradiquer le tue-planète mais aussi pour accueillir les survivants, sauver les naufragés, héberger les sans planètes.
La mission n’est pas sans danger et les péripéties nombreuses, chaque planète à son caractère propre mais aussi son problème spécifique: celle-ci est envahie par une forêt mortelle, telle autre devient une boule de banquise ou est couverte de poils barbiturique.
Mais ensembles, les poussins trouvent toujours la solution.
Et l’album s’achève sur un rêve commun. Les poussins de partout et leurs amis d’ailleurs se voient reconstruire des plus belles, accueillantes, heureuses, différentes les unes des autres mais incroyabilicieuses et magnifiquissimes.
Un hymne à l’hospitalité, à la diversité et à l’écologie, des thèmes chers à l’auteur.
Pas de doute, le Ponti de l’année est une belle réussite, qui porte de belles valeurs sans jamais faire la morale aux gamins, c’est pas trop le genre de l’auteur.
Le visiteur, Didier Lévy, Lisa Zordan, sarbacane, 2021, 15€90
Le petit peuple de la jungle semble prompt à se moquer. Quand, dans le désert tout proche, ils voient arriver cet étrange pingouin, dont on se demande bien ce qu’il fait si loin de la banquise, les railleries vont bon train.
Il s’agite sous son ombrelle, il déplace des choses et des machins. Et ce n’est même pas pour se construire une maison. Complètement zinzin le pingouin, non seulement ce qu’il fabrique n’a aucun sens mais quand la chose est terminée, il a photographie et la détruit aussitôt. Chaque pierre, chaque branchage utilisé est remis soigneusement à sa place.
Quel sens peuvent bien avoir ces œuvres, inutiles et éphémères?
Pourtant, tranquillement, avec constance et humilité, le pingouin poursuit ses pingouineries.
Qui finissent par inspirer des pulsions créatrices chez d’autres. C’est ainsi que l’art fait son entrée dans la jungle.
L’art qui rassemble, qui permet de surmonter la peur de l’inconnu, qui est propice à la rencontre. Qui permet aussi de communiquer, par delà la barrière de la langue. Le visiteur finit par se lier d’amitié avec les singes, et fait désormais partie de la famille.
Le grand format met en valeur les réalisations du pingouin, la beauté de la nature mais aussi les expressions des protagonistes.
Le texte est raconté à la première personne, par un des singes qui, comme il l’avoue lui même, n’est pas le dernier à se moquer de l’étrange visiteur. Mais il est le premier à revenir sur son jugement, à se laisser tenter par l’envie de créer.
Ainsi l’album permet aux enfants de réfléchir à leur capacité à penser par eux-mêmes, à se désolidariser d’un groupe si nécessaire. L’importance de l’art, la rencontre de l’autre, la peur de l’inconnu ou encore le caractère délétère des moqueries, les sujets de réflexion sont nombreux dans cette histoire.