L’éternité, Mathilde Poncet, l’étagère du bas, 2022, 15€
A vous je peux le dire, j’ai depuis longtemps un faible pour les sorcières. Avant même qu’elles ne soient mises à l’honneur comme figure du féminisme, elles ont toujours suscité mon admiration.
Particulièrement celles qui sont exclues pour leurs excentricités, montrées du doigt, recluse, alors qu’elles s’avèrent toujours bienveillantes au terme du récit.
C’est le cas de celle que l’on rencontre ici.
Surnommée La poupée du loup, sans que personne ne sache bien pourquoi, elle vit dans la montagne.
Une vie de solitude, avec les loups pour seule compagnie, dont elle ne se plaint pas mais tout de même, ça lui manque de parler avec des gens.
Mais quand elle se rend au marché les regards sont fuyants et elle peut entendre derrière elle les termes de sorcière, empoisonneuse, vieille folle.
Pour les amadouer, elle cherche à fabriquer quelque chose qui leur plaise. Qu’aiment les humains? Dans un de ses vieux ivres, elle trouve la recette qu’il lui faut: Celle de l’éternité.
Les ingrédients ne sont pas faciles à trouver, mais elle est tenace et courageuse.
Quand elle vient proposer son offrande au village, c’est le récit de ses exploits qui intéresse, plus que l’éternité, qui d’ailleurs a pris une forme tout à fait inattendue. Et ce sont les enfants les premiers qui sont passionnés par le récit et qui acceptent de venir à la rencontre de l’étrange femme.
L’éternité a filé, mais désormais les liens sont créés.
L’étrangeté de l’histoire, qui prend parfois des allures de conte, trouve un écho dans les grandes images, très colorées, mettant en valeur un personnage fantasque. La nature y est partout, sublime, habitée de nombreux animaux, dont certains dissimulés dans le chapeau ou marchant dans les pas de l’impressionnante Poupée du Loup.
Claudette John
31 janvier 2022 @ 15 h 30 min
Comme l’illustration est belle, parfaite pour un conte