Anisia, Marion Durand, Pauline Comis, Kilowatt, 2025, 15€
Je rêve de vivre dans un monde où l’accueil soit une évidence, où les gens lambdas se mobilisent pour recevoir à bras ouverts ceux qui en ont besoin, où les humains s’entraident, spontanément.
Je rêve de ce monde, et il existe. Ce n’est pas le plus visible, il n’est ni médiatisé ni valorisé mais il existe.
Parfois, dans une ville, un village, une banlieue, des personnes se regroupent pour en aider d’autres. Et ça marche.
C’est cet élan de solidarité qui est montré dans cet album.
Anisia raconte à la première personne son arrivée dans un pays où elle découvre l’hiver, où sa mère est en travée par la barrière de la langue, où il a bien fallu aller mais où on n’est pas bien heureux, l’inquiétude est quotidienne. Un jour, son père lui donne une jolie tenue, pour qu’elle fasse son travail d’enfant: aller à l’école.
Elle y va pour apprendre mais ce sera aussi un lieu de rencontres et de jeux, et dans un moment de détresse, elle pourra se tourner vers son enseignante.
À travers ses yeux d’enfant, on vit avec elle l’inquiétude pour obtenir des papiers, l’angoisse face à une lettre de refus et la résolution heureuse, grâce au soutien d’une gentille maîtresse et de nombreux parents d’élèves.
Une belle histoire porteuse d’espoir, à raconter aux petits et aux grands car il faut le dire, oui, la mobilisation ça marche, oui, on peut faire le différence. J’ajoute que les illustrations sont superbes et l’écriture fluide, et que l’album est agréable à lire à voix haute.
Un sari vert et bleu, Deleau, Laurent Simon, Gallimard jeunesse, 2024, 14€50
Avec sa peau toute blanche et ses cheveux cuivrés Julie ne passe pas inaperçue dans les rues de la ville de bord de mer où elle grandit. Elle y suscite des regards plus étonnés que malveillants et elle apprécie plutôt d’être chouchoutée par les adultes qui voient en elle un porte bonheur. Dans cette région du sud de l’Inde on parle le Tamoul, et elle maitrise parfaitement cette langue. Tout comme elle est familière des plats et des épices que l’on y trouve et de l’ambiance vivante et colorée qui règne dans les rues.
Elle s’y promène aux côtés de Muthu, sa nounou, joyeuse et confiante. C’est là qu’est sa vie, depuis toujours semble-t-il.
Alors quand ses parents annoncent le retour prochain en France, c’est un coup dur pour la fillette.
Julie est confrontée à un dépaysement total « Les chaussures fermées, l’hiver au doigts gelés, manger assis à une table avec des couverts faire du vélo avec un casque ». Tout est différent, et l’adaptation n’est pas immédiate.
Et puis un jour à l’école arrive une fillette du même âge, prénommée Pünnagaï. Elle vient du Sri Lanka et elle parle le tamoul. Les deux petites se lient d’amitié.
J’ai d’abord apprécié de trouver dans un album jeunesse des références à l’Inde et au Sri Lanka, qui sont peu présents dans la littérature enfantine.
Mais à la lecture de l’album c’est surtout le ton très juste, jamais caricatural et encore moins misérabiliste qui m’a plu. La petite Julie porte un regard enfantin mais pas naïf sur la situation, les auteurs ne cherchent pas à atténuer sa situation privilégiée (il est mentionné que ses parents ont le choix de partir, ce qui n’est pas le cas de tout le monde). Son amitié avec Pünnagaï est basée sur une symétrie de leurs rapports, il ne s’agit pas de montrer en Julie une sauveuse.
Ce sont juste deux petites filles qui ont beaucoup en commun et qui ensembles découvrent les joies et les peines de la vie dans un pays nouveau. Une histoire tendre que j’aurai beaucoup de plaisir a transmettre aux enfants dans le cadre de mon travail.
Un beau voyage, Balint Zsako, saltimbanque, 2024, 19€90
Cet album est présenté comme un poème dessiné, une invitation à muscler son imagination. Moi je lui trouve plutôt des airs de romans, par sa structure (prologue, plusieurs actes et un épilogue) et par sa densité (quelques 180 pages richement illustrées). Le prologue nous montre la naissance et la croissance d’un arbre, il est posé là comme un décors, il se dégage de ces quelques pages une ambiance sereine. Mais l’histoire commence ensuite sur un rythme haletant, face à un loup féroce un lapin détale. Il se réfugie auprès d’un arbre, qui fait fuir le prédateur. Une amitié est née. Ensembles, l’animal et le végétal traverseront des épreuves, des pages sombres de fuite et de dangers. Ils sillonneront aussi des paysages enchanteurs, foisonnants d’insectes et de fleurs. Les couleurs dominantes alternent les tonalités sombres et froides et l’immensité d’un ciel rougeoyant, la clarté d’un matin d’été. L’exil, la fuite, c’est parfois dur. Mais parce qu’ils sont ensemble et qu’une solide amitié se créé pendant cette errance on ressent autant de bonheur et d’espoir que d’inquiétude. Pour porter son ami, l’arbre se fait tour à tour bateau, avion, train. Il est l’élément magique qui permettra au lapin de retrouver les siens, qu’il avait perdu dans sa fuite. Le temps viendra alors pour l’arbre de fonder lui aussi une famille.
Une des choses que j’apprécie dans les livres tout en image comme ici c’est qu’ils offrent une grande liberté d’interprétation. Alors que le titre évoque un beau voyage, on peut y voir des thèmes beaucoup plus sombres, le départ forcé face à un prédateur, la perte de sa famille, les épreuves à dépasser avant de trouver enfin une terre d’accueil.
Chaque lecteur avec ses propres référents peut se créer sa propre histoire, qui évoluera sans doute au fil des lectures.
Si les albums sans texte vous mettent en difficulté, il y a quelques pistes pour les utiliser ici.
Le premier rayon de soleil, Alain Millet, l’étagère du bas, 2022, 11€
C’est au terme d’un voyage à la fois long et périlleux que Lila, Lino et leur fils Léo sont arrivés au pays des oiseaux.
Ils avaient quitté leur maison suite à une sécheresse, traversé la mer sur une barque de fortune, franchit des montagnes enneigées. Et se sont finalement endormis, épuisés, dans une forêt qui leur semblait particulièrement accueillante.
Curieux, les oiseaux sont venus en nombre observer ces étranges créatures endormies. De longues oreilles, aucune plume, quels sont ces animaux qui ne ressemblent à rien de connu ici?
C’est la chouette, connue pour sa sagesse qui a proposé que l’on construise une maison et prépare à manger pour les nouveaux venus.
Et quand le premier rayon de soleil les a éveillés, ils ont été reçus dans une demeure lumineuse avec un repas tout prêt.
Il se dégage de cet album une grande douceur, renforcée par l’utilisation de lettres cursives à la rondeur rassurante. Changement climatique, exil, migration, tous ces thèmes sont présents mais le traitement à hauteur d’enfant les rend plus légers.
Dés le début de l’album l’issue heureuse est connue, puisqu’il commence par un portrait de famille présentant Léo en compagnie de ses deux parents mais aussi de sa petite sœur, pas encore née au moment de leur grand voyage.
Une jolie histoire qui présente l’accueil de l’autre comme une évidence.
La valise, Chris Naylor-Ballesteros, kaléidoscope, 2022, 13€
Une drôle de créature, manifestement épuisée, arrive en traînant derrière elle une grosse valise.
Manifestement, le trajet pour venir jusqu’ici a été dur, la page de titre montre l’animal gravissant péniblement une montagne. Il a la tête lourde et le regard baissé. Rapidement, trois animaux l’entourent et entament la conversation. Ils sont curieux du contenu de la valise.
Quand l’inconnu s’endort, épuisé, sûrs de leur bon droit les autres animaux cassent la valise pour découvrir son contenu.
Pendant ce temps, l’étranger rêve de sa fuite, des dangers qu’il a bravés pour venir jusqu’ici, de tout ce que contient son bagage, si peu de chose et pourtant toute une vie résumée là dedans.
Devant son contenu d’ailleurs, les trois autres animaux prennent soudain la mesure de la situation. Ils ont cassé la valise, mais ils peuvent réparer bien des choses.
Avec un texte entièrement dialogué et des illustrations minimalistes, cet album joue sur la sobriété et s’abstient de toute démonstration.
Mais il montre avec une éloquente simplicité la difficulté de l’exil, la nécessité de l’accueil, l’importance de la tolérance.
Le message n’est en rien appuyé, et la chute amusante confère une certaine légèreté à l’album. Elle ouvre sur l’idée du don qui engendre un contre don et montre que tout le monde est gagnant à s’ouvrir à l’autre (aussi différent soit-il).
Un album de plus pour évoquer avec les enfants la question de l’exil et de la migration, des sujets fondamentaux, de tout temps.
Blaise, Isée et le tue-planète, Claude Ponti, l’école des loisirs 2021, 22€
Rentrer dans un album de Claude Ponti n’est pas donné à tout le monde. Disons le, il y a les enfants qui adhèrent et ceux qui sont hermétiques. C’est pareil pour les adultes d’ailleurs.
Il faut dire que cela demande un certain lâcher prise et la capacité à se projeter dans un univers loufoque, peuplé de créatures singulières et où les mots eux même deviennent étranges, se déforment, s’inventent à chaque page.
Quand on a passé le pas, c’est un immense bonheur de retrouver ce monde, d’années en années, au fil des albums.
Blaise, Isée et le tue-planète s’inscrit dans une série d’albums peuplée de poussins. L’un d’entre eux, Blaise, se distingue par le masque rouge et grimaçant qu’il porte (on sait depuis Milles secrets de poussins que c’est celui qui porte le masque qui devient Blaise).
Isée est également un personnage déjà connue des fans, on la rencontre dans La venture d’Isée puis dans L’avie d’Isée.
Mais si vous ne connaissez encore ni le monde ni les personnage de Claude Ponti, pas d’inquiétude, vous n’avez besoin d’aucune connaissance préalable pour découvrir Blaise, Isée et le Tue-planète.
Prenez une grande inspiration, plongez et laissez-vous émerveiller par la richesse de l’album.
Tout commence par l’atterrissage brutal d’Isée, dont le vaisseau s’écrase pile poil sur la maison des poussins. La petite héroïne a mal contrôlé son atterrissage, il faut dire qu’il y a urgence, elle vient chercher l’aide de ses amis.
Car il se passe quelque chose d’horibilifique. Un tue-planète sévit dans la galaxie.
Partout, les habitats sont détruits, il faut absolument construire un nouveau vaisseau et tuer le monstre.
Manifestement, la construction d’ un vaisseau est pour les poussins une activité aussi ludique que la confection d’un gâteau. Ils s’attellent donc à la tâche avec leur entrain habituel et bâtissent un fabuleux vaisseau en forme de poussin géant, dont le détail ravira les enfants. Aussi fonctionnel que plein de fantaisie, il est présenté de fond en combles , intérieur et extérieur, sur deux doubles pages qui ne demandent qu’à être longuement explorées.
Enfin la troupe s’élance pour éradiquer le tue-planète mais aussi pour accueillir les survivants, sauver les naufragés, héberger les sans planètes.
La mission n’est pas sans danger et les péripéties nombreuses, chaque planète à son caractère propre mais aussi son problème spécifique: celle-ci est envahie par une forêt mortelle, telle autre devient une boule de banquise ou est couverte de poils barbiturique.
Mais ensembles, les poussins trouvent toujours la solution.
Et l’album s’achève sur un rêve commun. Les poussins de partout et leurs amis d’ailleurs se voient reconstruire des plus belles, accueillantes, heureuses, différentes les unes des autres mais incroyabilicieuses et magnifiquissimes.
Un hymne à l’hospitalité, à la diversité et à l’écologie, des thèmes chers à l’auteur.
Pas de doute, le Ponti de l’année est une belle réussite, qui porte de belles valeurs sans jamais faire la morale aux gamins, c’est pas trop le genre de l’auteur.
Arthur et Malika, Paule Brière, Claude K. Dubois, éditions d’eux, 2021, 14€
« Hier, Arthur a vu la guerre à la télé, et ce n’était pas un dessin animé »
« Hier, Malika et sa famille ont quitté leur logis et ils ont marché presque toute la nuit. Malika avait peur et très mal aux pieds ».
Les histoires parallèles de ces deux enfants s’alternent. Une double page pour l’une, une double page pour l’autre.
L’un comme l’autre connaissent des joies et des peines, des moments difficiles et d’autres apaisants, poétiques, doux.
Il ne s’agit pas ici de mettre en opposition la facilité de la vie de celui-ci avec les difficultés rencontrées par celle-là. Ce n’est pas une histoire qui oppose mais qui rassemble. D’ailleurs, Arthur et Malika vont finir par être réunis, et l’album se clos sur une amitié naissante… Et peut-être même un petit peu plus.
Ce n’est pas chose aisée, en littérature enfantine, de raconter l’histoire d’une fillette qui fuit la guerre et vit l’exil. Il fallait toute la douceur du trait de Claude K. Dubois pour mettre en image ce texte, portant parfois la narration dans des doubles pages sans paroles, en étant toujours touchant et sensible mais jamais tire larme.
Le texte fait également preuve d’une grande pudeur, il fait la part belle à la simplicité et évite de s’appesantir sur les émotions. Chacun est donc libre de faire ses propres hypothèses sur ce que ressentent les deux enfants.
Autour d’eux, les adultes sont présents, dans le texte comme l’image mais l’histoire est résolument centrée sur les deux protagonistes, elle se veut à hauteur d’enfant.
Paradoxalement, malgré le thème particulièrement difficile, on sort de cette lecture plutôt apaisé, serein.
Cet album fait à mes yeux partie des livres nécessaires, qui permettent de comprendre le monde, même dans ses aspects les plus sombres.
Ils marchent, la tête basse, le regard sombre. Ils se dirigent vers un ailleurs qui n’est pas visible. Ils sont tous différents, lièvres, éléphant, girafe. Mais ils empruntent la même route, réunis par l’exil. Parmi eux des enfants, des vieillards. Et la mort qui les accompagne.
Elle porte une jolie cape fleurie, elle n’a pas l’air cruelle. Mais elle est là. Nul ne peut l’ignorer.
Le groupe fait parfois halte. Un peu de répit pour dormir, pour manger. Puis il faut repartir, les corps usés doivent se mettre en mouvement.
Autour d’eux le décor est très hostile, le noir est partout, les arbres nus semblent menaçants. Malgré l’épuisement palpable, on prends soin les uns des autres. Mais la route est fastidieuse.
Soudain, le rythme s’accélère, le groupe a vu la mer, une fragile embarcation les attends. Et la mort est toujours là.
De l’autre côté de la mer, l’un des leurs est inanimé. La mort fait ce qu’elle a à faire.
C’est incroyable à quel point les images de cet album sont fortes. Il y a quelque chose de paradoxal entre la beauté du trait et la dureté de l’histoire. Sans aucune parole, avec une implacable sobriété, les faits sont là. Des gens fuient, ils ont froid, ils risquent leur vie. Ils savent la mort parmi eux, ils savent que le but est miséreux. Mais ils avancent. Parce qu’ils ne peuvent rien faire d’autre.
Quand on partage la lecture de Migrants avec un enfant, les émotions qui le traversent sont palpables. C’est le genre de livre avec lesquels je ne peux travailler que les jours où je sais que je suis solide, les jours où je suis disponible pour accompagner avec des mots si nécessaire.
J’ai encore peu eu l’occasion de le lire (beaucoup de lieux où je travaille habituellement sont fermés actuellement) mais chaque enfant qui l’a choisi a semblé véritablement touché par ces images. Avec ma cadette de 10 ans, il donne lieu à de grandes conversations à chaque lecture. Quant à moi, je suis toujours aussi touchée par cet album, qui dit en image tout ce que je n’arrive pas à exprimer ici par mes mots.
La chanson qui venait de l’autre côté de la mer, Emma Virke, Fumi Koike, l’étagère du bas 14€ 2019
Ce soir on dirait bien que Grand-mère renard a le spleen. Elle s’éloigne seule sur la montagne et se met à chanter, dans une langue que Lazo, son petit-fils, ne connait pas. Une chanson triste.
Comme il l’interroge, son aïeule raconte. L’histoire commence alors qu’elle était enfant et qu’elle vivait, avec sa famille, de l’autre côté de la mer. Ils aimaient la musique et la petite renarde jouait de la flûte.
Un jour, brutalement, les chasseurs ont attaqué. Panique, fuite, course folle, elle se retrouve séparée des siens. Elle court sans but, suivant des oies sauvages elle arrive jusqu’à la mer où elle embarque, presque sans le vouloir, sur un bateau.
Elle est vite repérée par l’équipage, qui ne se montre pas bienveillant avec la passagère clandestine.
Après la traversée, elle se retrouve dans une foule hostile ou indifférente, dont elle ne partage pas la langue et dont elle ne connait pas les habitudes.
Mais la musique, ici aussi, réunit les êtres. Malgré les difficultés, elle va trouver des amis, puis fonder une famille. Et, bien plus tard, alors qu’elle est une vieille dame, la chanson qui venait de l’autre côté de la mer s’impose encore à elle, elle a besoin de la fredonner pour ne pas oublier.
Ce très bel album permet d’effleurer ce qu’est la vie des exilés, ceux qui ont du fuir. La séparation brutale, la tristesse, mais aussi la résilience.
Tout comme « L’arrivée des capybaras », il permet d’en discuter avec les enfants, mais il est surtout accessible comme histoire en tant que telle.
L’arrivée des capybaras, Alfredo Soderguit, Didier jeunesse, 13€90
A la ferme, tout se passait bien, il n’y avait jamais rien de spécial à signaler. Les poules pondaient, le fermier allait et venait, normal.
En général, quand je lis cet album à des enfants, ils repèrent dès les premières pages que ce « rien à signaler » est contredit par l’image. Le fermier qui a ramassé les œufs embarque aussi une poule, probablement celle qui n’a pas réussi à pondre sur la page précédente.
Et puis arrivent les autres, ceux qui ne sont pas comme les poules, d’ailleurs on ne les connait pas trop ceux-là. Ils ont des poils, ils sont nombreux, on ne comprend pas leurs manières. Pour tout dire, « on » n’a pas tellement envie de les accueillir. On les tolère tout juste, et encore, c’est vraiment parce qu’ils sont menacés de mort (la saison de la chasse ayant commencé). Alors d’accord, ils peuvent rester, mais il y a des règles, les bas quartiers pour eux (ils doivent rester dans l’eau) et surtout, on ne se mélange pas.
Mais chez les poules, comme chez les capybaras, il y a des enfants, et les enfants, c’est bien connu, ça ne respecte pas les règles! Voilà qu’un poussin sympathise avec un bébé rongeur. Alors que non, il ne faut pas, ils sont sauvages on a dit!
Comme trop souvent, il faudra que les capybaras fassent leurs preuves pour être acceptés. Enfin alliés, les animaux peuvent se rendre compte qu’ils font face au même persécuteur: les chasseurs sont également les fermiers.
Une grande partie du récit est pris en charge uniquement par les images. Le lecteur doit faire preuve d’attention pour les décoder, mais elles sont explicites et les enfants ne passent généralement pas à côté.
La dernière image laisse d’ailleurs supposer que l’histoire sera amenée à se répéter.
« L’arrivée des capybaras » est un gros coup de cœur pour moi. J’aime la subtilité avec laquelle il permet de penser la question de la migration et de l’accueil de l’autre, la peur de l’inconnu et la résistance à l’oppresseur.
C’est une très belle réussite, tant par le texte que par les illustrations.