Arthur et Malika, Paule Brière, Claude K. Dubois, éditions d’eux, 2021, 14€
“Hier, Arthur a vu la guerre à la télé, et ce n’était pas un dessin animé”
“Hier, Malika et sa famille ont quitté leur logis et ils ont marché presque toute la nuit. Malika avait peur et très mal aux pieds”.
Les histoires parallèles de ces deux enfants s’alternent. Une double page pour l’une, une double page pour l’autre.
L’un comme l’autre connaissent des joies et des peines, des moments difficiles et d’autres apaisants, poétiques, doux.
Il ne s’agit pas ici de mettre en opposition la facilité de la vie de celui-ci avec les difficultés rencontrées par celle-là. Ce n’est pas une histoire qui oppose mais qui rassemble. D’ailleurs, Arthur et Malika vont finir par être réunis, et l’album se clos sur une amitié naissante… Et peut-être même un petit peu plus.
Ce n’est pas chose aisée, en littérature enfantine, de raconter l’histoire d’une fillette qui fuit la guerre et vit l’exil. Il fallait toute la douceur du trait de Claude K. Dubois pour mettre en image ce texte, portant parfois la narration dans des doubles pages sans paroles, en étant toujours touchant et sensible mais jamais tire larme.
Le texte fait également preuve d’une grande pudeur, il fait la part belle à la simplicité et évite de s’appesantir sur les émotions. Chacun est donc libre de faire ses propres hypothèses sur ce que ressentent les deux enfants.
Autour d’eux, les adultes sont présents, dans le texte comme l’image mais l’histoire est résolument centrée sur les deux protagonistes, elle se veut à hauteur d’enfant.
Paradoxalement, malgré le thème particulièrement difficile, on sort de cette lecture plutôt apaisé, serein.
Cet album fait à mes yeux partie des livres nécessaires, qui permettent de comprendre le monde, même dans ses aspects les plus sombres.