arrivée capybarasL’arrivée des capybaras, Alfredo Soderguit, Didier jeunesse, 13€90

A la ferme, tout se passait bien, il n’y avait jamais rien de spécial à signaler.
Les poules pondaient, le fermier allait et venait, normal.

En général, quand je lis cet album à des enfants, ils repèrent dès les premières pages que ce « rien à signaler » est contredit par l’image. Le fermier qui a ramassé les œufs embarque aussi une poule, probablement celle qui n’a pas réussi à pondre sur la page précédente.

Et puis arrivent les autres, ceux qui ne sont pas comme les poules, d’ailleurs on ne les connait pas trop ceux-là. Ils ont des poils, ils sont nombreux, on ne comprend pas leurs manières. Pour tout dire, « on » n’a pas tellement envie de les accueillir. On les tolère tout juste, et encore, c’est vraiment parce qu’ils sont menacés de mort (la saison de la chasse ayant commencé). Alors d’accord, ils peuvent rester, mais il y a des règles, les bas quartiers pour eux (ils doivent rester dans l’eau) et surtout, on ne se mélange pas.

jamais rien à signaler

Mais chez les poules, comme chez les capybaras, il y a des enfants, et les enfants, c’est bien connu, ça ne respecte pas les règles! Voilà qu’un poussin sympathise avec un bébé rongeur. Alors que non, il ne faut pas, ils sont sauvages on a dit!

Comme trop souvent, il faudra que les capybaras fassent leurs preuves pour être acceptés. Enfin alliés, les animaux peuvent se rendre compte qu’ils font face au même persécuteur: les chasseurs sont également les fermiers.

Une grande partie du récit est pris en charge uniquement par les images. Le lecteur doit faire preuve d’attention pour les décoder, mais elles sont explicites et les enfants ne passent généralement pas à côté.

La dernière image laisse d’ailleurs supposer que l’histoire sera amenée à se répéter.

« L’arrivée des capybaras » est un gros coup de cœur pour moi. J’aime la subtilité avec laquelle il permet de penser la question de la migration et de l’accueil de l’autre, la peur de l’inconnu et la résistance à l’oppresseur.

C’est une très belle réussite, tant par le texte que par les illustrations.