Migrants, Issa Watanabe, La joie de lire, 2019,
Ils marchent, la tête basse, le regard sombre. Ils se dirigent vers un ailleurs qui n’est pas visible. Ils sont tous différents, lièvres, éléphant, girafe. Mais ils empruntent la même route, réunis par l’exil.
Parmi eux des enfants, des vieillards.
Et la mort qui les accompagne.
Elle porte une jolie cape fleurie, elle n’a pas l’air cruelle. Mais elle est là. Nul ne peut l’ignorer.
Le groupe fait parfois halte. Un peu de répit pour dormir, pour manger. Puis il faut repartir, les corps usés doivent se mettre en mouvement.
Autour d’eux le décor est très hostile, le noir est partout, les arbres nus semblent menaçants.
Malgré l’épuisement palpable, on prends soin les uns des autres. Mais la route est fastidieuse.
Soudain, le rythme s’accélère, le groupe a vu la mer, une fragile embarcation les attends. Et la mort est toujours là.
De l’autre côté de la mer, l’un des leurs est inanimé. La mort fait ce qu’elle a à faire.
C’est incroyable à quel point les images de cet album sont fortes. Il y a quelque chose de paradoxal entre la beauté du trait et la dureté de l’histoire.
Sans aucune parole, avec une implacable sobriété, les faits sont là. Des gens fuient, ils ont froid, ils risquent leur vie. Ils savent la mort parmi eux, ils savent que le but est miséreux. Mais ils avancent. Parce qu’ils ne peuvent rien faire d’autre.
Quand on partage la lecture de Migrants avec un enfant, les émotions qui le traversent sont palpables. C’est le genre de livre avec lesquels je ne peux travailler que les jours où je sais que je suis solide, les jours où je suis disponible pour accompagner avec des mots si nécessaire.
J’ai encore peu eu l’occasion de le lire (beaucoup de lieux où je travaille habituellement sont fermés actuellement) mais chaque enfant qui l’a choisi a semblé véritablement touché par ces images.
Avec ma cadette de 10 ans, il donne lieu à de grandes conversations à chaque lecture. Quant à moi, je suis toujours aussi touchée par cet album, qui dit en image tout ce que je n’arrive pas à exprimer ici par mes mots.
Schoenahl
12 mars 2021 @ 13 h 33 min
Ouah il a l air sublime.je ne connaissais pas