Emplettes, Jérémie Fischer, les grandes personnes, 2021, 13€50 Mars 21
D’abord auto-édité et imprimé en sérigraphie par l’auteur, cet album est aujourd’hui accessible au grand public grâce aux éditions les grandes personnes, qui publient régulièrement des livres d’artistes.
On y retrouve le même procédé que dans Animaux.
Des formes abstraites, aux couleurs vives, se superposent les unes aux autres quand on tourne la page transparente en PVC et forment alors une image cohérente.
Mais ici elles ne créent pas des animaux mais des mots.
Pour les enfants non lecteurs, c’est donc une succession de formes non figuratives qui vont apparaître.
Le texte ainsi créé est un dialogue. Deux protagonistes, matérialisés par deux couleurs: le bleu pour le client, le rouge pour l’épicière.
Une discussion on ne peut plus banale, qui bascule rapidement dans l’absurde et le burlesque quand il s’agit d’acheter 176 kilos de beurre ou de payer une facture de 1428€.
Emplettes joue sur la surprise dès le début et maintient l’attention tout au long de l’histoire par son rythme et son humour.
C’est surprenant, inventif et un très joli objet, tout à fait hors du commun.
Je l’ai pas mal lu à des adultes, qui ont généralement apprécié la créativité du procédé et l’humour de l’histoire. Le côté un peu désuet de l’épicerie fait mouche également.
Du côté des enfants, l’absence d’image figurative les laisse perplexes. Eux qui habituellement lisent l’image pendant que nous lisons le texte cherchent en vain des indices dans ces pages.
Si j’en crois mes premières observations, ils apprécient ce livre quand ils sont déjà capables d’une certaine abstraction et qu’ils acceptent de sortir de leurs habitudes de lecteurs.