Main-Oiseau, Benoît Lemennais, Marianne Ferrer, Motus, 2022, 15€
C’est une particularité qui était là dès la naissance. Une main pas comme les autres, avec seulement trois doigts. Les médecins ont parlé de “pince de crabe”.
Le père de la fillette, qui est également le narrateur, raconte les différentes étapes. La découverte de cette singularité (qui ne vient pas éclipser le bonheur de voir naître un bébé en bonne santé), l’opération pour séparer les deux doigts collés et permettre au pouce de fonctionner correctement, l’enfant qui grandit et apprend à utiliser cette main particulière et parfois les moqueries et la colère.
La petite fille, elle, grandit avec sa particularité sans rancœur. Cherchant plutôt les bons côtés, elle remarque que cela la fait ressembler à un extraterrestre ou que sa main-oiseau est pratique pour se faufiler dans les trous de souris.
Et finalement, tant qu’elle peut mettre sa petite main bien au chaud dans celle rassurante de son père, on devine qu’elle peut tout affronter.
On sent que le texte hésite un peu entre deux genres. Il se veut tantôt poétique tantôt explicatif et le mélange de ces deux parti-pris n’est pas toujours heureux.
Cependant il est touchant car habité d’une sensibilité réelle.
Les images le complètent et l’enrichissent, offrant parfois un contrepoint. Quand le texte évoque les moqueries, elles montrent des griffes ou dents d’animaux sauvages.
Avec une dominante de tons bleus, souvent mêlé à du marron ou ocre, elles plongent le lecteur dans une ambiance plutôt froide, que les mouvements de la petite fille viennent parfois réchauffer.
La fin met en valeur la relation chaleureuse entre le père et la fille, qui est d’ailleurs centrale dans tout l’album.