Des albums de littérature enfantine à proposer aux enfants dès 3 ans. Petites comptines, grandes histoires, imagiers, ils affirment leurs gouts et aiment à la fois relire inlassablement les mêmes albums et en découvrir de nouveaux. C’est le moment de leur faire découvrir la grande richesse de la production, de nombreux livres s’offrent à eux.
La petite fille et le loup, Agnès Hollard, Rémi Saillard, Didier jeunesse, à petits petons, 12€50, 2020
Dans sa maison tout près de la forêt, la fillette est en sécurité. Mais sa mère n’a de cesse de la prévenir contre les dangers qui la guettent si elle s’éloigne. Dans la forêt, il y a le loup. Elle ne doit donc y aller sous aucun prétexte.
Quand maman part faire une course, elle répète les consignes et s’assure que sa fille ne manque de rien à la maison.
La petite s’ennuie. Elle se met à faire un bouquet de fleur, mais là, juste derrière la barrière, il y en a une très jolie! Et une autre, à peine plus loin…
Si bien que la rencontre avec le loup devient inévitable. On se demande un instant ce que le prédateur attends d’elle. La séduire? La croquer? Il a l’air plutôt jovial et lui réclame… Une berceuse!
Issue de la tradition afro-américaine, La petite fille et le loup est un conte est chantant et rythmé à souhait.
Comme toujours dans cette collection, quand on trouve la ritournelle qui lui convient on a grand plaisir à le raconter à voix haute.
Les images de Sémi Saillard apportent un pep’s nouveau à ce texte, paru en 2004, alors illustré par Christopher Raschka.
Les enfants habitués aux histoires y trouveront des points communs avec différents contes: le petit chaperon rouge, boucle d’or.
Tous apprécieront la structure en randonnée et la berceuse qui ponctuent l’histoire.
Tu ne dors pas, Isidore? Frédéric Stehr, Pastel, 12€50, 2019
Non, tous les ours n’hibernent pas en hiver. En tout cas, pas Isidore, qui ne trouve pas le sommeil. D’ailleurs, il se demande si tout le monde sommeille réellement, dehors? Il sort pour en avoir le cœur net.
Il rencontre d’abord Blaireau, qui l’invite à partager la soupe chaude. Puis ensemble, ils trouvent Lapin, qu’ils vont sauver d’une mort certaine puisque le pauvre a perdu connaissance dans la neige.
Heureusement, un peu de soupe chaude le remet sur pied.
Les trois compères poursuivent leur chemin ensemble et ils se font interpeller un peu agressivement par deux chiens errants. Mais ours n’est pas inquiet. Il propose un peu de soupe aux deux nouveaux venus qui s’adoucissent aussitôt: Ce sont des chiens battus qui se sont échappés et ils apprécient cette marque d’amitié.
Ensemble, ils décident de rentrer au terrier de Blaireau, mais le mauvais temps les rattrape. Faisant preuve de courage, de ténacité et surtout de solidarité ils surmontent les difficultés qu’ils rencontrent.
En quelques péripéties, les animaux nous montrent comment faire société, par-delà les différences. Le dessin offre une tendresse palpable, chaque personnage est très attachant.
J’ai toujours aimé l’univers de Frédéric Stehr, que je trouve d’une grande sensibilité et très juste.
Quand j’ai commencé dans le métier de lectrice (il y a plus de vingt ans, ça ne nous rajeunit pas ma bonne dame), je lisais souvent (et toujours avec grand plaisir) Calinours va faire les courses aux enfants de crèches.
Au fil des albums je trouve son travail de plus en plus abouti et, sincèrement, je trouve qu’on touche à la perfection avec Tu ne dors pas Isidore?
C’est un album sans prétention mais dont le texte est un plaisir à lire à voix haute, le rythme est parfaitement maîtrisé, les personnages campés avec justesse. Les bouilles des animaux sont très expressives et suscitent immédiatement l’empathie.
Je travaille avec depuis plusieurs mois et il fait l’unanimité à la fois avec les parents, les professionnels et les enfants.
Il s’inscrit dans la lignée des Bons amis de Gerda Muller, et je lui souhaite une longévité comparable, ce serait tout à fait mérité.
Bonne nuit Alphonse Aubert, Bien joué Alphonse Aubert, Gunillia Bergström, l’étagère du bas, 12€, 2020
Ce sont deux classiques de la littérature enfantine suédoise qui sont traduit en français pour la première fois. Alphonse Aubert est un personnage récurent, qui vit avec un papa aimant et attentif même s’il a aussi ses petites défaillances.
Alphonse n’est pas l’enfant parfait, le petit modèle à imiter. Il est inventif, parfois un peu canaille, il exagère peut-être mais il est attachant.
Je dirais qu’il se situe plus du côté de Juju, le bébé terrible de Barbro Lindgren et Eva Eriksson que de petit ours brun. Ses aventures sont pleines de tendresses mais jamais dégoulinantes de bons sentiments.
Dans le premier de ces deux albums, il ne veut pas sa coucher. Situation classique, il réclame tour à tour une histoire, un verre d’eau etc. Tout l’humour de la situation vient du décalage entre le flegme paternel et la fripouillerie du petit. C’est qu’il est parfaitement conscient qu’il exagère, et qu’il fait de nous ses complices. C’est assez jubilatoire pour les jeunes lecteurs. Qui ne manqueront pas à mon avis de se démarquer du personnage. Ils savent bien, eux, qu’il ne faut pas rappeler les parents trop souvent le soir! (oui, ils savent. Même s’ils le font, ils savent qu’ils ne devraient pas, je vous assure. C’est juste qu’ils n’arrivent pas à se retenir)
Dans « Bien joué Alphose Aubert », notre petit héro voudrait que son père soit disponible pour jouer avec lui. Mais celui-ci est occupé à regarder la télévision. Pas de problème, Alphonse y voit même une opportunité: Quand papa ne veut pas être dérangé, il a tendance à dire oui à tout sans vraiment écouter.
C’est l’occasion de jouer avec la boite à outils.
« Mmm » répond papa distraitement, avant d’ajouter « mais ne joue pas avec la scie ».
Alphonse obéit très bien. Il ne joue pas avec la scie. Tout au long de son jeu, il sollicite l’attention de son père pour demander des clous, une pince, un mètre. A chaque fois, le père acquiesce distraitement mais ajoute la seule consigne: pas la scie, trop dangereux! Mais quand Alphonse se retrouve coincé dans sa construction, il faut bien trouver une solution… Et papa finalement va se joindre au jeu.
Les images de ces albums sont un peu déstabilisantes, et peu dans l’air du temps. Mais elles ont le mérite de nous mettre à l’abri de toute mièvrerie. Loin des illustrations très lisses que l’on trouve souvent aujourd’hui, elles se marient très bien avec le côté impertinent du personnage.
Arlo le lion qui n’arrivait pas à dormir, Catherine Rayer, Kaléidoscope, 2020, 13€50
Arlo se traine dans la savane. Il a l’air totalement dépité. Le pauvre n’arrive pas à fermer l’œil, ni le jour, ni la nuit. Trop chaud, trop froid, trop de bruit ou pas assez, rien ne va. Même blottit contre la lionne et les lionceaux, son insomnie le poursuit. Le regard baissé, les traits tirés, il est irrésistiblement attachant. Pauvre Arlo.
Alors qu’il se lamente il rencontre une chouette. La nuit tombe, pour elle c’est le moment du réveil. Devant le désarrois du lion elle décide de l’aider à s’endormir en lui chantant une berceuse:
« D’abord je m’étire autant que je peux,
je frétille tout doux, je ferme les yeux.
Je respire lentement et je me détends,
je me laisse flotter comme une feuille au vent.
Je pense aux endroits où je rêve d’aller,
je m’y vois déjà en train d’explorer…
Et je suis si bien que, sans le savoir,
Cinq minutes plus tard, je dors comme un loir. »
Au fond, un magnifique ciel de soleil couchant accompagne les protagonistes. Arlo, le lion qui n’arrivait pas à dormir, ferme les yeux et s’endort comme un bienheureux.
Plus tard, il chantera à son tour la berceuse à la lionne et ses petits.
J’aime beaucoup les histoires dans lesquelles s’invite une chanson (bien sûr, il faut absolument chanter le refrain, sinon l’album perd une grande partie de son charme, perso j’ai bidouillé un air inspiré de la comptine « Le chien de ma tante » en plus doux, ça fonctionne très bien).
Cela créé la surprise pour les enfants et ça leur permet de s’approprier le texte facilement.
L’histoire est simple mais efficace, le thème du sommeil est souvent traité en littérature enfantine mais généralement il s’agit plus d’un problème pour les parents, ici c’est la détresse de l’insomniaque qui est prise en compte, ce que je trouve intéressant.
Et puis, ces images! Magnifiques, tendres et touchantes, les personnages inspirent la plus grande des sympathie!
Le gâteau de lune, Grace Lin, éditions le Genévrier, Collection Caldecott, 2019, 16€
Le gâteau de lune préparé par Petite Étoile et sa maman est énorme, rond et jaune, très appétissant. Il faut le laisser refroidir. Obéissante, la fillette promet de ne pas y toucher.
Sagement, elle se brosse les dents, se débarbouille, et se couche après avoir lu une histoire.
Elle a l’air de dormir profondément, dans son pyjama noir orné d’étoiles jaunes. Ses cheveux flottent sur l’oreiller, son petit bidon s’est découvert, elle serre son doudou. Belle image du sommeil enfantin.
Mais, au milieu de la nuit, Petite Étoile se réveille. La gourmandise prend le pas sur sa vertu. Si elle goûte un tout petit morceau du gâteau de lune, est-ce que ça se verra? Elle ne le croit pas.
A tout petit pas dans le noir, elle va chiper une bouchée. Quand elle marche furtivement sur le fond noir de la page, on ne perçoit d’elle que les formes jaunes sur son pyjama, l’image ressemble à une nuit étoilée.
Nuit après nuit, la gourmande de faufile hors de son lit et grignote le gros gâteau rond.
Si bien qu’une nuit, il finit par disparaitre totalement.
Ce n’est pas grave, maman est prête à en faire un autre. On se rend compte qu’il s’agit là d’un jeu entre la fillette et sa mère, comme un rituel qui se reproduit régulièrement.
Les contes et histoires qui expliquent les phases de la lune sont nombreuses, mais ici, le traitement graphique est vraiment original.
En faisant évoluer ses personnages dans une page totalement noire, l’autrice entretien le doute: avons nous affaire à des êtres célestes qui fabriquent et mangent effectivement la lune? La fillette sème-t-elle de la poussière d’étoile sous ses pieds, ou est-ce simplement des miettes de gâteau?
La magie opère à chaque page, l’histoire très simple et poétique nous entraine et nous incite à la rêverie. La relation, toute tendre et complice de Petite Étoile et sa mère est touchante.
Comme à chaque fois que j’ai entre les mains un album de la collection Caldecott, je suis sous le charme. Cette collection qui traduit en français le meilleur des albums ayant obtenu la médaille décernée par l’association des bibliothécaires américains pour la jeunesse n’est jamais décevante.
Comme ci et comme ça, Tomi Ungerer, l’école des loisirs, 2020, 13€70
Je l’avoue, je me méfie toujours des albums posthumes. Je ne peux pas m’empêcher de me demander si l’auteur aurait vraiment souhaité son édition en l’état. Est-ce un fond de tiroir? Un livre inachevé, que l’éditeur a voulu vendre tout de même?
J’avais donc l’esprit plutôt critique vis-à-vis de l’album « Comme ci comme ça », qui vient de sortir alors que son auteur nous a quittés l’an dernier.
Mais nous avons bien affaire à un album du grand Tomi, avec son humour, volontiers grinçant, son sens du rythme narratif et sa volonté de faire cogiter mes mouflets.
Il se présente comme un imagier avec sur chaque page un verbe ou un adverbe. L’image accompagne le texte plus qu’elle ne l’illustre.
Le sens nait à la fois de la confrontation des deux mots de la double page, qui peuvent se répondre ou se contredire, et de celle avec l’image, qui complète, enrichit, ou modifie le sens du texte.
Sur chaque page plusieurs pistes de réflexions possibles, des digressions en pagailles dans la tête du jeune lecteur, des bribes d’histoires qui se construisent.
Adultes et enfants, réunit autour de l’album élaborent du sens, cherchent la nuance, discutent voire négocient.
Entendre, ce n’est pas tout à fait pareil qu’écouter. « Parfois, m’a dit ma mouflette, je n’écoute pas mon maître mais je l’entend quand même… Et d’autre fois, j’écoute tellement pas que je n’entends même plus. » Ici les images vont plus loin. Sur celle de gauche, associée au verbe « entendre », deux lapins s’enfuient, au loin l’orage gronde et un éclair foudroie le sol.
En vis-à-vis, dans une image encadrée, un enfant a collé son oreille contre un coquillage, derrière lui on peut voir la mer. Lui n’entends pas, il écoute.
Que de contrastes mis en scène dans cette double page!
Fuite contre immobilité, peur et apaisement, mais aussi duo solitude, précipitation, concentration.
La page de droite semble très rassurante, l’enfant à les yeux fermés, le sourire aux lèvres, le temps semble s’être arrêté. Mais Ungerer est toujours facétieux, il faut qu’il ajoute un élément perturbateur, comme un grain de sel dans un café. Ici ce sont les pinces de crabe, vertes, menaçantes, qui esquissent un mouvement en direction du personnage à son insu. Alors les yeux fermés ne sont plus rassurants, ils inquiètent, à cause d’eux le garçon ne voit pas le danger approcher.
Chaque page peut être lue et comprise d’emblée, mais si on s’y attarde, on peut toujours pousser plus loin la réflexion.
Évidemment, c’est un livre pour lequel il est particulièrement difficile de donner une prescription d’âge. Je trouve déjà que c’est toujours compliqué et rarement pertinent… Sur le sujet, je vous renvoie donc à l’article que j’avais écris il y a quelque temps et qui est toujours valable.
Rien que toi, Sally Grindley, Célia Chauffrey, l’école des loisirs, 2020, 13€
Une promenade au parc en famille (monoparentale la famille, semble-t-il).
Soudain, le petit Alfie pose une question essentielle: « Maman, est-ce qu’il y a d’autres ours comme moi? »
La présence de la petite sœur de l’ourson dans la poussette n’est probablement pas étrangère à cette préoccupation.
S’il y a un autre enfant dans la famille, suis-je vraiment unique ?
C’est sans doute une préoccupation récurrente chez les ainés, en tout cas, elle me semble légitime.
La réponse maternelle va replacer Alfie au sein de sa famille, en même temps qu’elle reconnait son unicité: « Pas comme toi, non. Il y a toi, moi, avec ta sœur ça fait trois, mais il n’y a pas deux ours comme toi »
Voilà qui est déjà rassurant.
Le dialogue entre la mère et son fils se poursuit, mettant en avant la singularité d’Alfie mais aussi ses compétences.
La mère décrit et commente les jeux et les souvenirs de son fils, elle prend le temps d’étayer sa réponse, posant sur son enfant un regard qui l’aide sans doute à grandir.
La cadette est nommée, elle est sur l’image qui participe à la promenade. Mais elle ne prend pas la parole: cette histoire se joue entre Alfie et sa maman.
Les belles images de Célia Chauffrey accompagnent parfaitement le texte, et donnent à voir la tendresse qui unit la famille, petite sœur incluse. J’avais d’ailleurs déjà été séduite par ses illustrations dans « Trop tôt », un autre album dans lequel l’amour parental est mis en avant.
Quant au texte de « Rien que toi », il est ponctué de répétitions, et renforce le caractère rassurant de l’histoire.
Il est dans un registre très différent de ce que l’on connait de l’autrice ( qui a écrit « Chuuut » et « Toc! toc! Qui est là ? » ) mais on repère un gout certain pour les randonnées, forme si chère aux jeunes enfants.
Souvent, ce qui « raconte », ce qui fait l’histoire, dans un album, ce n’est ni l’image ni le texte mais la rencontre entre les deux. Qu’ils soient complémentaire ou un contradiction, le texte et l’image ont besoin l’un de l’autre pour faire sens et introduire de la nuance dans le récit.
C’est généralement ce que je recherche et apprécie dans la littérature enfantine. Et quand cette subtilité s’accompagne d’une grande sobriété dans l’image, j’en suis ravie.
C’est le cas dans cet album, où l’économie de moyen graphique s’allie avec une grande richesse. Sur la page de droite, de simples chiffres stylisés. Associés au texte de la page de gauche, ils deviennent polysémiques, on devine en eux les objets qui sont nommés. On en oublie presque que côté texte il y a des petits signes (cygnes?) qui semblent se multiplier au fur et à mesure.
On fait des hypothèses: Tu vois quoi, toi? Des 1? Des têtes d’oies? Ah non, des autruches plutôt! En tout cas ils nous font tout un petit spectacle parallèle, avec mise en scène et accessoires.
L’air de rien, on compte de 1 à 10 sur les pages de droite et on dénombre les petites têtes à bec jaune, de un à dix aussi, sur celle de gauche. On peut même trouver le 11 sur la quatrième de couverture. Et, dans le même temps, on observe, on interprète l’image, on joue aux devinettes.
Un petit album qui fait bien cogiter petits et grands.
Humm, la sieste a été longue on dirait. Le jour décline déjà.
Flâner encore un peu au lit avant de retrouver le monde réel.
Étrange d’ailleurs, aujourd’hui le monde réel. C’est drôle, il n’y a personne dehors. Pourtant de loin, se font entendre les singes hurleurs.
Une barque, toute ronde qui semble garnie de coussins douillets accueille le narrateur (Garçon? Fille? Adulte ou enfant? A ce moment là on ne sait pas).
L’aventure est sereine, la nature exubérante mais pas du tout inquiétante. La barque glisse le long du fleuve amazone, avec douceur. Le personnage s’émancipe même de la gravité, il semble flotter dans l’air.
Hum, peut-être que finalement, la sieste n’est pas encore terminée?
Pas de frontière ni de limite, intérieur et extérieur son confondent, lumière et ombre aussi et plus encore veille et sommeil. Pourtant, les images, elles, sont très contrastées, avec l’utilisation de couleurs chaudes qui tranchent sur une dominante de bleu.
Hymne à la sieste, à la paresse. Ce moment magique où l’on est ni totalement réveillé ni vraiment endormi. Ambiance ouatée, on savoure le moelleux de l’oreiller. Pas de montre, on s’affranchit des contraintes, le temps n’a plus d’importance. Hum, j’en reprendrais bien un peu.
Mais, rassurons nous, quand il faut vraiment sortir du lit, le réel est tout aussi agréable et chaleureux.
Je t’aimerai toujours, Robert Musch, Camille Jourdy, éditions des éléphants, 13€50, 2020
Une mère berce tendrement son bébé, au rythme d’une petite comptine. Enveloppante, protectrice, elle l’assure de son amour inconditionnel.
L’enfant grandit, grandit, grandit encore. Et il semble mettre l’amour maternel à l’épreuve. Il fait des bêtises, n’écoute rien, n’obéit pas. Dans la journée maman s’énerve, se plaint qu’il la rendra folle et envisage de le vendre au zoo. Mais la nuit, quand il dort, elle revient sans cesse lui chanter la petite berceuse qui affirme son amour, toujours là, intact.
Et l’enfant, toujours, grandit. Ado accompagné de sa bande de potes ou jeune adulte quittant la maison, il fait sa vie. Et la mère garde son habitude d’aller, de temps en temps, le bercer dans la nuit. Oui ,oui, même quand il a quitté la maison, elle prend sa voiture et s’introduit chez lui!
L’amour maternel surmonte tout vous dit-on, même les distances!
Il y a beaucoup de justesse dans le propos, de douceur bien sûr mais aussi une dose d’humour bienvenue. Elle évite qu’il n’y ait trop de guimauve là dedans.
Cet album est une réédition d’un texte d’abord illustré par Sheila Mcgraw, un classique au Canada.
Le travail de Camille Jourdy pour réinterpréter cette histoire est une belle réussite. C’est délicat, plein de tendresse, très gracieux.
C’est toujours intéressant de constater à quel point l’image contribue à donner son sens à l’histoire, sa saveur. Alors que la première édition mettait en avant l’humour et entre l’amour maternel et les difficultés du quotidien (avec une image de couverture centrée sur les bêtises de l’enfant), celle ci est vraiment axée sur l’affection de la mère pour son enfant.
Chaque version me semble très ancré dans son époque.
Dans sa version actuelle, Je t’aimerai toujours est un cadeau de naissance idéal, c’est aussi un album qu’on peut lire facilement à des bébés (la répétition de la comptine accrochera leur attention) et qui va être apprécié aussi par les plus grands.
Sa lecture en appelle d’autres, la répétition de la berceuse évoque le très beau Sur les genoux de maman (où l’on se balance aussi d’avant en arrière), la thématique de l’amour parental fait penser à L’arbre généreux. Tout deux sont également de grands classiques.