Yakouba est un jeune homme maintenant, il est temps pour lui de devenir un chasseur. Pour cela il doit combattre, seul, le lion redoutable.
Mais le seul lion qu’il va trouver est blessé. Quel choix va faire le guerrier?
Cet album me donne toujours des frissons.
Les images sont très poignantes, l’absence totale de couleur les rendent plus fortes encore.
Et le texte, percutant et pourtant poétique sert l’histoire à merveille.
Un livre impressionnant qui ne laisse pas indifférent.
Une histoire qui montre que le courage ne se mesure pas que dans le combat.
La rencontre entre le jeune homme et l’enfant n’est que le début de l’histoire, qui se poursuit dans un second album: Kibwé.
Yumi est une poupée kokeshi. Vous ne connaissez pas? Pourtant les images japonaises, les tissus, la couture japonaise ont le vent en poupe en ce moment, et les poupées kokeshi sont un des éléments de cette culture japonaise à ne pas rater.
Ce sont donc des poupées de bois mais ici on les trouve plus souvent sous forme de stikers..
Yumi nous invite à découvrir son univers et à jouer avec l’illustration en cherchant des détails dans l’image.
J’ai complètement craqué sur le graphisme et je ne suis pas la seule, les enfants (enfin, depuis que je l’ai c’est surtout des petites filles qui l’ont choisis) l’ont tout de suite adopté.
il y a des découpes dans les pages, des surprises sous des caches.
Quelque maladresses dans le texte qui semble servir un peu de prétexte aux illustrations qui d’ailleurs auraient pu se passer de mots.
J’ai trouvé ce livre rafraîchissant et ma mouflette aussi.
Pas toujours facile d’avoir un peu d’intimité quand on est celui du milieu dans une famille de quatre enfants.
Dans cette histoire sans parole une petite cochonne voudrait bien un peu de tranquillité dans la salle de bain. Mais sa famille est quelque peu envahissante et la porte s’ouvre sans cesse.
On sentait pourtant déjà son plaisir à être seule dans la salle de bain, sitôt la porte refermée. Elle se prépare, se déshabille et s’admire dans un miroir. On reconnaît bien là les fillettes désireuses de faire déjà comme les grandes, attentives à reproduire le rituel du bain tel qu’elles imaginent que le font les adultes.
Mais voilà que maman débarque avec le bébé. Et, non contente de lui changer sa couche elle reste pour prendre un bain avec lui. L’absence totale de pudeur de la mère contraste avec celle, palpable, de la fillette. Et puis c’est les jumeaux qui arrivent, puis c’est au tour de papa et même du chat!
Il lui en faudra de la patience à la petite pour profiter enfin de son bain, derrière le rideau de douche qu’elle aura pris soin de refermer, elle.
Ce livre se partage avec plaisir avec des enfants qui sont déjà experts en lecture de l’image. L’histoire se passe très bien de mots tant les expressions sont croquées avec justesse. Les enfants s’identifient volontiers à la petite cochonne.
A noter une autre histoire des même personnages: il est minuit dans lequel notre héroïne s’inspire d’une histoire bien connue pour jouer avec son père.
ou 5€50 collection lutin poche, école des loisirs, édition brochée.
isbn:2211083358
Un petit bonhomme au long nez et au ventre qui gargouille lit son journal. En première page la nouvelle du jour: le loup est revenu.
Notre héros ne s’en soucie pas, il a faim, il a une furieuse envie d’un de ces fameux sandwich de Mc Kilian.
Il sort et va acheter le sandwich tant convoité.
On le sent dans ses pensées, tout souriant, presque bêta.
L’enfant qui sait déjà lire se régalera à déchiffrer les affiches, les devantures de magasins sur le passage du bonhomme.
Toutes ou presque donnent l’alerte: Le loup est dans les parages.
Mais, toujours dans ses pensées et pressé de déguster enfin son sacré sandwich le bonhomme va justement dans la mauvaise direction, malgré les avertissements répétés.
On est comme toujours séduit par les illustrations de bric et de broc de Christian Voltz, les personnages sont très expressifs.
Et dans ce titre plus encore que dans les autres on s’amuse. Il y a beaucoup d’humour à la fois dans l’histoire, pourtant simple, et dans les illustrations.
La chute inattendu et à rebondissement fait le bonheur des enfants… Et bien souvent des adultes aussi.
Pour voir des images de ce livre et des autres du même auteur, le site de C. Voltz
C’est l’histoire d’un canard qui a la malchance de vivre avec un fermier paresseux qui lui fait faire tout le travail.
En toute saison il bêche, ramasse les œufs, fais aussi les tâches ménagères (on le voit repasser) pendant que le fermier engraisse dans son lit.
Sur la page de garde une image de champ en hiver, triste et désolé avec son arbre dénudé symbolise l’humeur du pauvre canard.
Pendant qu’il travaille le fermier ne sait que l’invectiver le canard en lui demandant sans cesse « Ça va le travail? » sans jamais prendre le temps d’écouter la réponse. La phrase est répétée plusieurs fois par page, créant une ambiance oppressante, lourde.
Mais la ferme des animaux saura se soulever contre cette injustice. L’union fait la force, chez les animaux comme chez les humains. Et l’oppresseur, face à la détermination du petit peuple de la ferme, n’a qu’à bien se tenir.
J’aime bien sûr beaucoup cette histoire de ferme autogérée, c’est drôle et ça à quelque chose à dire, un message pas trop appuyé mais bien présent. Les illustrations d’Hélène Oxenbury sont comme toujours à la hauteur du récit (tiens, il faudrait que je parle de la chasse à l’ours un de ces jours moi…) et les enfants se délectent du soulèvement contre le méchant fermier.
La 3eme de couverture montre le même champ qu’au début mais cette fois au printemps, avec un arbre en fleur qui annonce des jours meilleurs.
Mais avant cela, une page sans texte montre le canard prenant à son tour des allures de dominant. Un contrepoint visuel qui peut donner un sens bien différent à l’histoire.
A conseiller à tout les enfants qui sont encore trop jeunes pour lire Orwel.
Marre du rose Nathalie Hense Ilya Green, Albin Michel jeunesse, 10.90 €
isbn: 2226186115
Dans ce livre là je jurerais que j’ai reconnu la fille d’une copine! ou une copine de mon enfance. Ou… en réalité pas mal de petites filles.
Parce que quand même, faut bien dire, les filles qui en ont marre du rose il y en a toujours eu, non?
Et allez savoir pourquoi mais des imbéciles pour leur dire qu’elles étaient « des garçons manqués », il y en a toujours eu aussi.
Voilà donc le portrait de cette fillette qui n’aime pas le rose, ni tout le tralala qui va avec les princesses.
Elle aime les araignées et les grues des chantiers.
Et elle est pourtant une fille tout à fait réussie, et pas un garçon manqué. D’ailleurs, son pote qui aime faire de la couture n’a rien de raté non plus.
Outre le thème qui ne pouvait que me plaire j’ai apprécié de retrouver l’illustratrice Ilya Green ( qui a illustré « bou et les 3 zours« ) et le texte est bien, pas bavard, pas trop démonstratif, bref, un lire à offrir aux petites filles… Et aux petits garçons. Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour déconstruire les stéréotypes de genre, qui ont encore la peau dure en littérature enfantine.
Et si vous voulez creuser le sujet, je ne saurais trop vous conseiller l’excellent blog Fille d’album.
Ma zonmé Vincent Malone, Soledad Bravi, seuil jeunesse 9 €
ISBN, 2020663821
Ma reum, mon reup, wam, mon iench… Si vous avez la trentaine (ou un peu plus…) vous comprenez tout de suite de quoi il s’agit.
Mais figurez-vous que le verlan est complètement passé de mode et que les enfants et ados à qui j’ai lu ce livre m’ont regardé avec des yeux ronds!
Tout le talent de Vincent Malone (oui, c’est bien le même, le roi des papas) et de Soledad Bravi a été de représenter les choses à l’envers, comme les mots. La couverture montre la maison posée sur son toit, dedans la mère et le père font le poirier, le chien a les pattes en l’air…
Il y a des petites surprises pleines d’humour dans les images, et bien sûr une chute, simple mais inattendue. (c’est souvent ce qui manque, la chute, dans les imagiers). Ici, elle remet les choses dans le bon ordre, tout simplement.
Il plaît beaucoup aux enfants de 4/5 ans, qui comprennent assez vite le principe. Quand on lit ils remettent le mot à l’endroit spontanément, ils s’amusent aussi à en mettre d’autres à l’envers.
Avec des adolescents j’ai eu de bons fous rires en le lisant aussi.
Bon, j’avoue, je me suis pris un coup de vieux quand ils m’ont expliqué qu’ils n’avaient jamais entendu parler du verlan (même si en creusant un peu ils utilisent encore certains mots, mais ma zonmé n’en fait pas partie) mais ils ont pris plaisir à jouer le jeu avec moi, on s’est bien amusés.
Sur la page de droite, un dessin, pastel, résume l’action. En face, le texte. 4 lignes, une forme poétique (Elzbieta s’est inspirée d’une comptine anglaise) raconte. « qui a renversé le petit lapin hopla? » « qui l’a conduit à l’hôpital? » « qui l’a vu mourir? » le jeu de question/réponse forme un rythme, le rythme de la vie, dans cette histoire sur la mort.
Tous les rituels qui entourent habituellement le deuil sont montrés, avec pour personnages la communauté des animaux.
Ce livre là, j’ai eu du mal à me décider à faire un billet dessus. Ce n’est pas facile de bien en parler, j’ai du mal à dire avec des mots à quel point il est important. D’habitude, quand j’ai envie de le défendre, je le lis et ça suffit.
Là je ne peux pas vous le lire, je suis contrainte de vous le décrire mais je sais déjà qu’il n’y aura pas dans mes mots toute la beauté, toute la douceur,et même la sérénité trouve dans cet album.
Le livre raconte l’accident, le décès puis l’enterrement du petit lapin. Autour de lui, tous les animaux s’affairent, qui l’habille, qui l’enterre, qui le pleure.
Souvent les adultes sont déstabilisés, L’auteur n’y va pas par 4 chemins, les mots sont justes, ils ne mentent pas.
Mais la forme même de ce récit est rassurant pour les enfants.
Je ne le lis pas très souvent. Les enfants le choisissent rarement et puis j’avoue que je ne l’ai pas toujours dans mon fonds d’albums. Mais quand ils le choisissent ils sont touchés, certes, mais pas ébranlés comme on pourrait le croire, au contraire, ils ressortent de cette lecture plus forts face à la mort, mieux armés.
A manipuler avec précautions cependant, il est très émouvant et on se retrouve rapidement submergés par nos émotions quand on le lit à haute voix.
Les livres sur la mort me sont très souvent demandés, celui-là est de qualité mais je ne pense pas qu’il soit approprié de le proposer à un enfant qui est déjà fragilisé par un décès récent. Je préfère le laisser à disposition des enfants qui n’ont pas encore été confrontés à la mort, ils sauront le retrouver dans leur mémoire le moment venu si c’est opportun.
Le singe à Buffon, Gilles Bachelet, Seuil jeunesse 15 € isbn: 2020537915
A mon avis, quand Buffon, le célèbre naturaliste, à reçu un singe en cadeau, il ne se doutait pas de ce qui l’attendait. Élever ce singe là ce serait comme devoir élever l’enfant le plus mal élevé, le plus provocateur qui soit. Sans compter qu’un singe c’est fort, assez fort pour mettre une raclée à son maître…
On s’amuse déjà des images complètement décalées, des anachronismes qu’on y repère, on s’amuse encore plus du contraste entre ces illustrations et le texte. C’est d’ailleurs une spécialité de l’auteur, que l’on retrouve dans sa série d’albums autour de son chat.
Si le singe à Buffon fait pipi dans sa culotte c’est précisément au moment où il ne porte pas la dite culotte. S’il est mauvais joueur ce n’est pas qu’il se contente de bouder quand il perd. Et quand il sort de table sans la permission c’est en sautant accroché au lustre et en volant au passage un morceau de gâteau
.
Gilles Bachelet joue sur le contraste entre des dessins très précis et ancrés dans l’époque et une histoire loufoque résolument moderne.
Le très guindé Buffon aux prises avec un singe parfaitement ingérable (mais terriblement attachant) sucitera l’amusement des adultes autant que des enfants. Et c’est une chance, parce-que les enfants vont vouloir qu’on leur lise en boucle!
Léo R. Kraus J. Aruego l’école des loisirs: 5 € ISBN : 9782211065481
Alors que tous ses amis progressaient, Léo le petit tigre ne s’éveillait pas. « Il ne savait pas lire, il ne savait pas écrire, il mangeait comme un bébé »
Son père, inquiet, le surveille, il attend impatiemment que son fils grandisse. Sa mère en revanche est confiante: « Léo est une fleur tardive » qui a juste besoin d’un peu de temps pour s’épanouir.
On note alors un savoureux décalage entre le texte et l’image, quand l’un nous affirme que « le père de Léo essaya de laisser passer le temps et regarda la télévision » et que l’autre nous le montre scrutant son fils avec attention.
Ce livre, je l’avais quand j’étais petite, qu’est ce qu’il a pu me rassurer!
J’aime la confiance de la mère, certaine que son fils va bien, qu’il ne faut pas le brusquer. J’aime le plaisir du petit tigre, quand il joue au lieu d’apprendre à faire ce que ses amis savent faire. Et j’aime sa fierté quand il peut enfin montrer qu’il a certes pris son temps mais qu’il a finit par surpasser ses amis.
Les illustrations aussi je les aime mais alors là, évidemment, elles ne peuvent pas plaire à tout le monde!
Aruego utilise les formes, les couleurs et les motifs propres à son époque, on est complètement transportés dans les années 70.
Moi j’aime! Et puis ça reviens à la mode.