Un lion très coquet, Valérie Weishar-Giukiani, Lili la baleine, Maison Eliza 

Ce n’est pas parce qu’on est le roi des animaux qu’on ne peut pas avoir le cœur tendre. Sergio en est la preuve. Quand il reçoit une lettre de Mia l’invitant à déjeuner, il a le palpitant qui s’emballe. Et très vite il s’inquiète de sa coiffure. Cette crinière en pétard, ce n’est vraiment pas possible.

Sollicitant tour à tour tous les coiffeurs des environs, il va de déceptions en déceptions.

Pourtant, ça ne lui va pas si mal la banane faite par le zèbre dans son salon de coiffure à l’ambiance rockabily ou les dreadsloks confectionnées par le singe Iggy (enfin, je trouve, il faut dire que les illustrations de Lili La Baleine sont vraiment belles)

Mais c’est que ce lion là a un degrés d’exigence élevé quant à sa coiffure. En plus, il aperçoit Mia au bras d’un grand lion distingué, argh, c’est le drame, voilà notre Sergio en proie aux plus grands doutes.

A contre-courant de l’image de mâle dominant qu’on peut avoir du lion ou du bellâtre italien qu’on peut imaginer avec son prénom, Sergio est donc un cœur d’artichaut qui mise tout sur son apparence. Paniqué à l’idée d’être mal coiffé, il en vient presque à désespérer de séduire Mia.

Ça nous change un peu des princesses très occupées à être belles qu’on trouve si souvent dans la littérature jeunesse (et dans les dessins animés, et dans les publicités et dans les jouets, bref, partout)

Je savoure d’autant plus cette inversion des rôles généralement attribués à l’un et l’autre sexe que les enfants reçoivent cette histoire tout naturellement. Oui, dans ce livre c’est le garçon qui s’occupe de se faire beau pendant que la fille fait sa vie sans s’en occuper. Et alors? Il faut vraiment être un adulte trop habitué à voir systématiquement l’inverse représenté pour relever une chose pareille.

Tout comme avec Mizu et yoko, le premier album de cette nouvelle maison d’édition, nous avons ici affaire à un bel objet, imprimé sur du papier de qualité avec des couleurs chatoyantes. Cette fois l’image se déploie sur un grand format qui lui convient très bien.

Il y a quelques jours viennent de sortir deux autres albums chez Maison Eliza, je ne les ai pas encore vus mais je ne doute pas qu’ils partagent les mêmes qualités éditoriales. C’est sans aucun doute une maison à suivre.