La grande inconnue, Pog, Maurèen Poignonec, Maison Eliza

Ça doit être drôlement agréable d’avoir une maison en lisière de la forêt. Une maison dont le jardin n’a pas de limite autre que les arbres qui l’entourent, la mer et les herbes folles.

D’ailleurs la fillette qui habite là en est très satisfaite. Elle passe du jardin, son territoire, à la forêt, celui des animaux, sans même y penser. Cette proximité semble convenir à tous, d’ailleurs l’image montre lapins, oiseaux et autre écureuils se promener librement sur la page.

Mais un jour, à la télévision, « ils » ont préconisé de se barricader « parce que chez nous c’est chez nous et qu’il faut faire attention sinon un jour… »

Évidemment, quand ce jour arrive, les barrières n’y changent rien. La Grande Inconnue est là et elle ne ressemble à aucun autre animal de la forêt. Plus jaune que les poussins, plus poilue que les chats, elle est surtout plus grande que tous les autres. A part ça, elle est plutôt sympathique et prend le thé en compagnie de la fillette avec beaucoup de courtoisie.

Mais qu’importe sa politesse. Elle est désignée comme « un problème ». Et puis, disons le, elle n’est pas pareille. Au point qu’à l’école, confrontée au regard des autres, la fillette à honte de sa compagnie. Alors elle la chasse sans ménagement.

Bien sûr, le sujet de cet album est grave et sérieux. Mais les images sont d’une telle douceur qu’elles mettent une ambiance sereine. Les enfants qui écoutent ce livre sont sensibles à cette grande inconnue qui parvient (avec peine) à se dissimuler dans l’image pour échapper au regard des autres. Ils compatissent spontanément à cette étrange bestiole qui semble bien inoffensive. Et ils trouvent qu’il n’y a rien de plus naturel que de finir par l’accepter. Les enfants le savent, eux, que la solution n’est jamais dans les murs.

Lu aussi par Sophie.