Le poisson qui me souriait, Jimmy Liao, HongFei, 2021, 15€90
C’est peut-être avant tout une histoire de solitude.
Un homme qui vit seul, dans une grande ville. Il passe régulièrement devant un grand aquarium et il y a repéré un poisson parmi les autres, qui se distingue par son éternel sourire. Et l’homme n’a aucun doute. Il est convaincu que c’est à lui seul que le sourire s’adresse.
Il achète le poisson et partage avec lui sa vie quotidienne, qui semble terne et monotone mais est sublimée par la présence du bocal à ses côtés, avec le poisson toujours souriant.
Une nuit, le narrateur rêve de son poisson. Ensemble, ils se promènent dans la ville, puis la quittent pour la campagne et enfin arrivent à la mer. Là, ils se baignent. Le poisson est débarrassé du bocal et l’homme se dépouille de ses vêtements. Le cadre de l’image disparaît, il n’y a plus de limite à la liberté de l’homme et de son poisson. Le texte minimaliste, le blanc de la page et l’immensité de la mer accentuent ce sentiment. Le monde leur appartient, ils peuvent se mouvoir sans entrave, rouge aux joues et sourire aux lèvres.
Mais brutalement, l’homme butte contre une paroi et comprend qu’il est prisonnier d’un aquarium géant.
Au réveil, il est tiraillé. Il hésite avant de prendre sa décision. C’est par un bel acte d’amour qu’il va finalement décider de se séparer de ce poisson pourtant « aussi dévoué qu’un chien, aussi affable qu’un chat et aussi attentionné qu’une amoureuse. »
Et les dernières pages de l’album nous offrent une belle vision de la liberté, avec des images qui se passent de texte, des paysages qui se déploient à fond perdu offrant à notre regard l’immensité du ciel au-dessus de la mer.
Le petit format intimiste ne nuit pas à la beauté des images. Le personnage me fait penser à ceux de Sempé, mais il s’inscrit dans des décors colorés à l’aquarelle, où la couleur bleue domine.
« Le poisson qui me souriait » est bien joli album qui interroge les notions de liberté, d’amitié et de sacrifice.
Un paysage minimaliste, sur une double page. Dedans, un personnage à peine dissimulé. Le texte énonce simplement « quelqu’un court ». Page suivante, il est mis en valeur par un gros plan. « C’est moi »
Le même procédé se reproduit pour présenter une galerie de personnages dans leur singularités, d’abord dans un environnement, puis isolé: « Quelqu’un se cache ». « C’est moi » répond le lapin, dont on reconnaît la silhouette esquissée
Et en fin d’album, tous sont réunis et au « moi » répété tout le long de l’album se substitut un « nous » qui invite à faire communauté.
Il y a des auteurs dont le style s’épanouit pleinement dans l’épure. C’est le cas chez Gay Wegerif, dont j’avais déjà apprécié l’album oooo!, qui repose sur des formes simples et des onomatopées.
Ici, elle a délaissé la palette graphique pour le pinceau, mais elle travaille une fois de plus avec des formes aux couleurs franches, qui se détachent sur le blanc de la page.
Avec une telle économie de moyens, chaque détail compte et participe à la compréhension que l’enfant peut avoir de l’image. Un simple trait, surmonté de deux points entre deux ronds, et voilà le papillon, le poisson, lui, ne nécessite que trois coups de pinceau.
La simplicité de l’image comme celle du texte rendent cet album très accessible, dès le plus jeune âge.
Les petits qui commencent à parler ne manqueront pas d’ailleurs de répéter « c’est moi » à chaque page. Il y a en effet quelque chose de très satisfaisant à se sentir unique, y comprit au sein d’un groupe, comme c’est le cas pour les personnages en fin d’album.
Tous clament ensemble « moi! moi!moi! » à l’évocation de « quelqu’un de merveilleux ».
Un bel exemple d’affirmation de soi dans la bonne humeur!
Un album particulièrement intéressant à avoir en crèche, pour donner aux enfants l’occasion de se sentir uniques.
Mes vacances chez Mamie, Xie Hua, Huang Li, HongFei cultures, 2021, 14€50
Xiaoma va passer quelques jours de vacances chez sa grand-mère, et il semble en être ravi.
Il arrive en conquérant dans le petit appartement, investissant l’espace joyeusement. Enfourchant un morceau de bambou, il demande à sa mamie d’accueillir en même temps que lui ses cinq chevaux.
Dans une pleine page sans texte, aux couleurs vives, nous le découvrons en effet au milieu de ses cinq compagnons, perché sur l’un d’entre eux qui a pris la place du morceau de bambou.
Entre la réalité de Mamie, occupée à ses activités dans l’appartement, et le jeu de Xiaoma, qui imagine des situations où les chevaux sont de plus en plus envahissants, la frontière est poreuse.
Mamie joue le jeu: elle prépare des lits pour tout le monde, et feint de le reprocher aux équidés quand c’est trop le bazar à la maison.
Mais l’imagination de Xiaoma s’emballe et les chevaux imaginaires se multiplient à vue d’œil. Ils sont maintenant dix, puis vingt-cinq, et chacun nécessite sa propre gamelle et son petit pot. Les pages très colorées qui les représentent empiètent de plus en plus sur celles, sur fond blanc, qui représentent la réalité.
Mamie veut bien jouer, mais cela commence à être fatiguant tout ça. Heureusement, la semaine de vacances chez mamie touche à sa fin.
Quand il rentre chez lui, ça laisse un vide bien sûr. Mais il reviendra bientôt. Et que va-t-il inventer la prochaine fois? Je vous en laisse la surprise.
J’ai toujours adoré observer les jeux des enfants, la façon dont ils exploitent les objets du quotidien, me fascine. Tout comme la mamie de Xaomi, j’ai une grande indulgence pour le désordre que cela génère. (Bon, d’accord, pas tout à fait autant qu’elle).
J’ai aimé voir dans cet album que l’imagination peut déborder et devenir incontrôlable sans que cela ne pose de réelle difficulté. Au fond je pense que c’est souvent ce qui se passe, les enfants se laissent aller à leurs jeux, qui les dépassent, prennent un chemin qu’eux-mêmes n’avaient pas prévu. Ici le caractère très enfantin des chevaux est particulièrement savoureux.
À la mer, Emma Giuliani, les grandes personnes, 2021, 22€
Cette fin d’année traîne décidément en longueur, j’ai la désagréable impression que les vacances ne seront jamais là. J’ai besoin de soleil et d’air marin.
Alors, je me plonge avec délice dans ce très bel album documentaire, et vraiment, j’ai le sentiment de quitter Paris.
D’abord grâce à son grand format: Derrière ses pages, je peux m’isoler du reste du monde. Je peux prendre un enfant par la main et lui dire « Allez viens, on va découvrir ensemble tous les secrets du bord de mer ». Et tous les deux on explore, on soulève les caches, on prend beaucoup de temps pour lire, regarder, commenter.
L’album est très richement illustré et il recèle de très nombreuses surprises et informations.
Sur la page de gauche, le paysage en grand format, et les personnages qui évoluent dedans. Ils offrent au petit lecteur un fil conducteur et un semblant d’histoire.
Sur la page de droite, de multiples caches, qui s’ouvrent dans tous les sens, pour aller physiquement au fond des choses.
On prend son temps.
Il y a beaucoup à digérer. Je dois dire que je n’ai encore jamais lu ce livre d’une traite à un enfant. Pourtant, il m’est arrivé d’y passer une demi heure voire plus (ce qui représente un temps d’attention assez considérable pour les petits avec lesquels je travaille).
C’est parfois avec surprise que l’on mesure ensuite le temps qu’on a passé entre les pages de ce documentaire. « Comment? Il faut y aller, déjà? Revenir au réel? Mais, on était si bien, à la mer, sur le sable ou en haut du phare. On respirait l’odeur des pains, on s’amusait de la forme du bec des macareux moines. »
Alors, parce qu’il le faut bien, on ferme le livre, en se promettant la prochaine fois, de prendre plus de temps, pour ne pas être interrompus.
Parce que les moments de lectures partagés sont importants, idéalement on devrait toujours attendre que ce soit l’enfant qui y mette fin.
Les 24 saisons de Nanako, Pascale Moteki, L’iroli, 2021, 16€
Quand elle reçoit en cadeau un calendrier Nijushi Sekki, la petite Nanako, presque dix ans, sait tout de suite comment elle souhaite l’utiliser.
Il servira de journal secret. Elle y écrira son quotidien mais aussi ses premiers haïkus. Au fil des pages, elle y consigne aussi des recettes, des descriptions de fleurs, et même la liste de toutes les façons de nommer la pluie en japonais.
Dans un calendrier nijiushi sekki, l’année se divise non en 4 mais bien en 24 saisons différentes, qui permettent de suivre l’évolution du temps bien plus finement. Et, effectivement, l’observation de la nature prend une place importante dans ce récit.
Ce sont donc douze mois de la vie de cette fillette que nous allons suivre, au cours desquels on découvrira ses habitudes, sa famille, ses amis et à travers ses yeux la vie quotidienne d’une famille japonaise, avec ses fêtes et ses rituels.
Elle vit à Itoshima avec sa petite sœur, Mayura, ses parents et sa grand-mère. Comme elle a l’air gourmande, on découvre à travers son journal plein de spécialités étonnantes. Elle décrit aussi avec précision la faune et la flore de son jardin.
Pour tout dire, je m’attendais à un album et j’ai été surprise d’avoir entre les mains un ouvrage qui s’apparente plus à un roman première lecture, par la quantité de texte et l’âge auquel il s’adresse.
Les images de Pascale Moteki (que vous connaissez peut-être pour sa marque Madame Mo) sont très dans l’air du temps et seront, à n’en pas douter, attractives pour les enfants.
A mon avis le texte aurait gagné à être raccourcit, mais il a passé le crash test de ma cadette de dix ans et de ses copines: elles valident!
Cependant, il est trop long à mes yeux pour une lecture à voix haute, raison pour laquelle je le classerais plus en première lecture, voire en texte illustré qu’en album.
C’est vrai qu’elle est grande Élise, au point même de ne pas tout à fait rentrer dans la page de l’album (pourtant grand format lui aussi).
Ce n’est pas qu’elle fait une tête de plus que les autres, ce serait plutôt 6 têtes au dessus qu’elle se situe.
Et, pour tout dire, cela semble la contrarier un peu. De là haut, elle est à distance des autres, plus souvent dans la lune ou dans les nuages que dans un groupe d’enfant comme elle. D’ailleurs, avec sa taille démesurée, les gens peinent à voir en elle une fillette. Pourtant, au fond, elle est surtout une petite, et ça serait chouette que ça se voit.
Malgré tout, l’image la montre presque toujours un petit sourire aux lèvres et elle semble plutôt paisible. Avec douceur, elle se meut dans des pages où elle est à l’étroit, son grand corps causant parfois même des maladresses.
Mais ces jambes tout en longueur, ces bras gigantesques, finalement, cela peut aussi avoir des bons côtés. Oh, il ne s’agit pas d’un super-pouvoir ni de se livrer à un acte héroïque. Non, c’est un petit rien de la vie quotidienne, une action assez anodine, mais qui suffira à faire s’épanouir sur le visage de l’enfant un véritable sourire.
Le texte est simple, peu démonstratif, joli. Mais ce sont surtout les très belles images de Sibylle Delacroix qui touchent. Des crayonnées rehaussées de rares touches de couleur, qui sont remplies de tendresses.
Elles montrent Elise toujours penchée, pliée, courbée, sa tête dépassant parfois du cadre. On devine les membres encombrants, les pieds vraiment trop loin là bas, au milieu des petits et des moyens, avec qui elle parvient avec peine à être en relation.
Une jolie histoire sur une petite fille un peu différente des autres, mais qui aimerait bien, elle aussi, de temps en temps, être appelée « ma petite », plutôt que « Ma grande »
Un père et sa fille. Oui, c’est une fille. En tout cas, dans mon imaginaire personnel, c’est une fille. En réalité, il peut aussi bien s’agir d’un garçon, rien n’indique le contraire, mais puisque rien ici n’impose le masculin, je fais de ce protagoniste une fille, ça nous changera des albums avec un garçon pour héros.
Au passage, elle et son père ont la peau noire. C’est pas que ce soit important mais puisque la très grande majorité des albums ont pour héros des personnages à la peau blanche, on a le droit de le souligner.
Un père et sa fille, donc.
Un matin, ils se lèvent très tôt mais avec enthousiasme. Enfin, surtout la petite, le père, lui, on sent bien qu’il a besoin de son café du matin pour démarrer. Mais la journée semble avoir été préparée en avance avec soi. Jumelles, bonnet, boussole, chat… Ah non, le chat ne vient pas, ouste, hors du sac à dos le chat.
Rapidement, les voilà en route pour le chemin de randonnée.
Ils s’y connaissent en observation de la nature, insectes, oiseaux et traces d’animaux sont scrutés.
Parfois, le rythme s’accélère, ce qui est mis en avant par une mise en page en vignettes, montrant des actions successives sur une même double page. A d’autres moments, le temps semble suspendu, les protagonistes s’arrêtent pour observer la nature, mise en valeur par de grandes planches à fond perdu.
Le trek va durer toute la journée, ponctué par des petits moments précieux, qui feront de beaux souvenirs. Quelques boules, confectionnées avec les rares nappes de neige qui restent dans la montagne sont l’occasion d’une bataille amicale. Une petite pause pour se restaurer, une autre pour observer les aigles sur les sommets.
De bons moments, qui trouveront sans doute leur place dans l’album de photo familial et qui feront de jolis dessins.
Ce bel album se passe parfaitement de texte, il est simplement ponctué par quelques onomatopées. On y ressent parfaitement la chaleur de la relation entre le père et son enfant, leur complicité, la confiance mutuelle (entre autre quand il faut affronter un passage dangereux).
Certaines illustrations sont douces et poétiques, d’autres particulièrement touchantes. Personnellement, j’ai un faible pour celle qui montre les visages des personnages qui se regardent, dans le rétroviseur de la voiture qui les ramène à la maison. On y ressent à la fois le plaisir d’être ensemble et la joie d’avoir accompli un trek difficile.
Pour ceux qui ont du mal avec les albums tout en images, quelques pistes d’utilisation ici.
Gabriel, Maylis Daufresne, Juliette Lagrange, la joie de lire, 2021, 15€90
Ils ont la tête bien encombrée, en ce vendredi soir, Gabriel et sa maman. Lui, il ne cesse de ressasser les devoirs de math, les poésies trop bien apprises et les conflits avec sa sœur. Elle, c’est les impératifs professionnels, les tracas domestiques ou les devoirs familiaux qui lui font soucis.
La ville, elle-même, est surchargée. Dans le paysage aux toits de zinc où l’on reconnaît le dixième arrondissement de Paris, trottoirs et chaussés sont engorgés. Piétons, cyclistes, automobilistes et animaux se côtoient avec une proximité extrême, et tout le monde semble de mauvaise humeur. Et, pour couronner le tout, il pleut!
Mais dans la petite voiture rouge, aux côtés de sa mère, Gabriel parvient à faire le vide dans sa tête. Et, ensemble, ils quittent la ville.
Rapidement tout devient plus calme, les images d’ailleurs sont beaucoup moins saturées. Alors que la ville s’éloigne et qu’ils se dirigent vers la maison de campagne, ils s’apaisent l’un et l’autre.
Il fait doux, quand la nuit tombe elle est chaude, et Gabriel va pouvoir admirer les étoiles, dans la douceur de la compagnie de son grand-père.
Les aquarelles de Juliette Lagrange parviennent parfaitement à rendre l’état psychique des deux personnages, qui bat à l’unisson de l’environnement.
La douceur de la fin est mise en valeur par le texte, au rythme apaisé sur les dernières pages, tout autant que par les images qui laissent plus de place au blanc, au vide, au calme. La situation est décrite avec un grand réalisme et on se plaît à vivre avec les protagonistes cette pause de fin de semaine. Un album qui sent bon les week-ends de printemps.
Tout comme l’image de couverture, il annonce l’étrangeté du récit qui va suivre.
J’aime que les albums nous transportent dans un univers singulier, surtout quand c’est pour nous parler des problématiques de notre monde, comme c’est le cas ici.
Dans ce monde là, chacun porte une plante qui pousse sur sa tête.
De ce « végétête » dépendent bien des choses, puisqu’on se fie à elle pour repérer les personnalités les plus piquantes, comme ceux qui ont un chardon sur la tête, des plus doucereuses, comme ceux qui ont de la lavande.
On comprend déjà, à ce stade de l’histoire, que le végétête peut représenter un stigmate dont nul ne pourra se défaire.
Mais le héros n’est pas un personnage dont le végétête n’est pas en adéquation avec la personnalité. C’est quelqu’un qui n’en a pas du tout.
Et puisque, pour tout un chacun, la fleur donne à voir qui on est, ce personnage là n’est pas grand-chose.
D’ailleurs, il se nomme Monsieur D. Zert.
Aucun médecin, aucun engrais, aucune chimie n’a pu faire pousser la moindre brindille sur sa tête.
Devenu adulte, sa seule occupation est son travail. Il tient une boutique d’oiseau d’ornement, destinés à faire joli installés dans les branchages des végétêtes.
Mais un jour on lui livre un oiseau tout tordu, moche et qui chante mal.
Comme on peut s’y attendre, l’oiseau va changer le regard que Monsieur D.Zert porte sur lui-même, il va changer sa vie.
Mais la fin de l’album est beaucoup moins attendue, beaucoup plus singulière, déstabilisante presque.
L’album refermé on s’interroge encore sur ce dénouement sans parvenir à déterminer avec certitude s’il est heureux.
Il y est pourtant question de s’émanciper des normes sociales, de réalisation de soi, d’épanouissement.
On pense alors de nouveau au titre. Cette fracassante rencontre est probablement salutaire. Mais il y a bien là l’idée de quelque chose qui se brise.
Les optimistes seront enclins à penser que c’est un carcan qui vole en éclat. Les autres s’arrêteront peut-être au fait que Monsieur D.Zert a dû abandonner son corps, si peu conforme aux attentes sociétales.
Quoi qu’il en soit, c’est un album qui ne laisse pas indifférent et tant mieux, il n’y a rien de pire à mes yeux que la littérature tiède.
Je publie habituellement trois billets par semaine ici.
C’est beaucoup (au regard du temps que je peux y consacrer et peut-être aussi beaucoup à lire pour vous), mais c’est très peu au regard de la production.
Je reçois de nombreux services de presse et j’achète beaucoup d’albums, je ne peux donc pas chroniquer ici tous les bons livres qui passent chez moi.
Je ne fais jamais d’articles sur les albums que je n’aime pas, mais il peut y avoir plusieurs raisons pour lesquelles je n’en fais pas, même pour les livres que j’apprécie.
D’abord tout simplement le manque de temps. Dans les moments les plus chargés de ma vie professionnelle j’ai déjà du mal à tenir les 3 articles hebdomadaires.
Ensuite, il y a des albums que je trouve chouettes mais dont je n’ai pas grand-chose à dire, j’ai envie de les faire connaître mais il n’y a pas matière à faire un billet de blog un minimum étoffé.
Enfin, c’est difficile à assumer mais il faut l’avouer, il y a des livres dont je n’arrive pas à parler. Ceux qui me plaisent mais qui résistent à l’analyse que je peux en faire, pour lesquels je peine à trouver les mots. Ceux-là sont mon plus grand regret, car ils sont en général ceux que j’ai vraiment envie de défendre.
Je sais qu’en y consacrant suffisamment de temps, j’arriverais à en faire de bonnes chroniques, mais si j’essaye de ne pas passer toutes mes soirées à écrire, je n’y parviens pas.
C’est pour essayer de compenser ces manques que je vous propose aujourd’hui une liste, non exhaustive, des albums qui ont retenu mon attention ces derniers temps et qu’il serait dommage de rater.
Ma famille méli-mêlée, Aurélia Gaud, Sarbacane. D’abord, il y a eu Papi et mamie qui se sont aimés, se sont méli-mêlés. Et Papou et Mamita ont fait de même. A chaque génération, les couleurs de peau se mélangent, et on retrouve chez les enfants certaines caractéristiques de l’un ou l’autre des parents. Un chouette album dont ma collègue Yaël parle sur le site de LIRE.
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L’anniversaire du roi, Przemek Wechterowicz, Kasia Walentynowicz, MeMo. Tous les animaux se précipitent, chargés des plus beaux cadeaux, pour fêter dignement leur souverain. Mais une surprise les attend. Un album comme une blague, aux illustrations délicieuses. Voir sa présentation sur le site de l’éditeur.
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Magda la souris minuscule, Karen Hottois, Anaïs Massini, Didier jeunesse. De l’impatience d’une petite souris qui trouve que grandir, ça prend décidément beaucoup trop de temps. Voir la chronique faite par hashtagceline.
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Le petit cafard de maman, John Lavoignat, Sophie Jackson, l’étagère du bas. Maman a du mal à se lever, elle a un petit cafard qui la fatigue. Ces mots, prononcés par le papa, intriguent le petit narrateur, qui va chercher à aider sa mère. Rares sont les albums qui abordent la dépression parentale, c’est ici traité avec douceur et finesse et le petit héros arrive à apporter du réconfort à sa mère sans jamais endosser une responsabilité trop importante pour lui. Voir la chronique sur le site les mots de la fin.
Chamalla, Claude Bruneau, Alessia Bravo, Motus. Chamalla n’a peur de rien ni de personne, elle affectionne les histoires d’ogres. Elle va vivre une aventure proche du conte, où imaginaire et réalité se mêlent. Un album totalement atypique, qui ne peut pas laisser indifférent, aux images d’une grande force évocatrice. (pour les « grands », il me semble adapté à partir de 6 ans, voire plus pour ceux qui sont particulièrement sensibles). Voir l’article, bien étoffé, de Avoir à lire.
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Le mariage des lapins, Garth Williams, MeMo. Il y a des thèmes qui sont intemporels. Comme le mariage d’un petit lapin blanc avec un petit lapin noir. Et des auteurs capables de faire des livres qui ne prendront pas une ride. Comme Garth Wiliams, qui a fait ce livre en 1958. Voir sur le site de l’éditeur.
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Le cadeau, Page Tsou, HongFei. C’est sans enthousiasme que le petit Xiong se rend en famille au musée d’art moderne. Lui est surtout préoccupé par la disparition de Monsieur Cigale, qui habituellement le suit partout. Encore un album très étonnant, pour ne pas dire déstabilisant, aux illustrations saisissantes. Voir la chronique de l’institut Charles Perrault.
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Le portrait du lapin, Emmanuel Trédez, Delphine Jacquot, Didier jeunesse. On reste dans le monde de l’art, mais cette fois pour s’en moquer un peu, ou plutôt pour railler ceux qui prétendent s’y connaître par snobisme. Lapin fait faire son portrait dans l’espoir de séduire Belette. Quand le peintre lui présente une toile toute blanche, il n’ose avouer qu’il ne comprend pas. C’est très drôle et parfaitement mené. Voir le site de l’éditeur.
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Une carapace pour deux, Eric Sanvoisin, Delphine Jacquot, l’étagère du bas. Restons donc avec cette illustratrice, au coup de crayon très reconnaissable. Ici encore, l’humour est au rendez-vous, avec une improbable histoire de collocation dans la carapace d’une tortue. Absurde et cocasse à souhait. Voir le site de l’éditeur.
Mon tonton Tony, Isabelle Gil, loulou et compagnie, l’école des loisirs. Tonton Tony, il a tout fait, tout vu, il voyage beaucoup! Enfin, pour un escargot, quoi. Un petit album cartonné plein d’humour et d’allitérations qui fonctionne très bien avec les petits. Voir le site de l’éditeur.
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L’éléphant de madame Bibi, Reza Dalvand, Kaléidoscope. Madame Bibi a un animal de compagnie bien encombrant. Ils font tout ensemble, mais ce n’est pas au goût des voisins, qui n’apprécient guerre le pachyderme. Mais après l’avoir chassé, ils seront bien attrapés! Voir la chronique de L’île au trésor.
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Un poney à Paris, Claire Braud, l’école des loisirs. Pour la parisienne que je suis, c’est un grand plaisir de redécouvrir ma ville à travers les yeux d’un touriste. Surtout s’il s’agit d’un adorable petit poney. Et j’y trouve une vision assez juste de la ville que j’aime, joyeuse, bordélique, cosmopolite et toujours pleine de vie et de culture. Voir la chronique de Ricochet.
Le très grand Marsu, Benjamin Chaud, Little urban. C’est un plaisir de retrouver les petits marsus, toujours aussi facétieux et joueur. Dans ce nouvel épisode, ils rencontre une bien étrange créature, tellement grande qu’il a fallu un album grand format pour le contenir. Mais, géant ou pas, ils le reconnaissent rapidement comme l’un des leurs. Retrouvez toute la série sur le site de l’éditeur.
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Le livre extraordinaire des insectes et araignées, Barbara Taylor, Val Walerczuk Little urban. Bon, voilà, je ne vais pas chroniquer toute la collection, vous avez compris maintenant qu’ils sont tous aussi sympas et que les illustrations sont toujours d’un réalisme impressionnant. Et puis il faut dire qu’on n’a pas souvent l’occasion de voir ces petites bestioles d’aussi prés. Voir la chronique de Ricochet.
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Desperado, Ole Könnecke, l’école des loisirs. Roy le petit héro va sauver la maîtresse d’école d’un vilain bandit à l’aide de sa malice et bien sûr, de son fier destrier. Ambiance far-west pour cet album plein de clins d’œils et d’humour. Voir le site de l’éditeur.
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Bob l’artiste, période bleue, Marion Deuchars, saltimbanque. Bob et Bat vivent une amitié qui semble fusionnelle. Alors quand Bat part, Bob est totalement démuni. Heureusement, il lui reste ses pinceaux. Un bel hommage à la période bleu de Picasso et une jolie initiation à l’art. Voir la chronique de Ricochet.