Sans détour, Stéphanie Demasse-Pottier, Tom Haugomat, l’étagère du bas, 2022, 15€
Une fillette, dans un paysage urbain. Accompagnée de sa mère elle parcourt tous les matins le même chemin qui la mène jusqu’à l’école. Elle porte des bottes rouges, est protégée de la pluie par sa capuche. Un trajet banal, vu à travers les yeux de l’enfant, qui compte ses pas, observe l’environnement. mais une chose la tracasse. Quotidiennement, elle passe devant la dame, assise devant la boulangerie, son bébé dans les bras. Pour la fillette, cette rencontre est terrible, entre honte et compassion elle ne sait pas comment réagir. Maman semble moins affectée, elle donne parfois une pièce, un gâteau, toujours un bonjour et un sourire.
Mais quand on est petit, c’est plus compliqué de savoir que dire ou faire. Alors maman trouve les mots, et l’enfant comprend qu’elle aussi peut agir, à son niveau, pour la dame et son bébé. Le titre, Sans détour, évoque bien sûr le trajet de la fillette, et l’idée de ne pas se détourner des plus pauvres. Mais il convient également parfaitement à l’ambiance générale de l’album. Le sujet est abordé de façon franche, directe et avec un style épuré tant dans les images que dans les mots.
Les très belles illustrations sont sensibles et très évocatrices. Le sujet de la précarité est très rarement abordé en littérature enfantine. Ici il est traité avec la gravité qu’il mérite, sans édulcorant, mais la fin pleine de douceur et d’espoir, tout comme la simplicité de la forme, le rendent accessible aux enfants même jeunes, je pense que dès la fin de la maternelle on peut le proposer.
Femmes au fil du temps, Katarzyna Radziwill, Joanna Czaplewska, Helvetiq, 2021, 18€
Encore un documentaire. Je n’en ferais pas une habitude car j’ai plus d’appétence pour les albums mais je rencontre parfois dans mon travail des enfants qui adorent ce type d’ouvrage. J’ai l’impression qu’il y a un âge où ils éprouvent une grande satisfaction à accumuler des connaissances, ils en sont avides et en redemandent.
Je m’efforce donc de me pencher de temps en temps sur ce type d’ouvrage et il faut avouer qu’il y a de véritables merveilles. J’en ai chroniqué plusieurs ici et c’est souvent la qualité des illustrations qui a retenu mon attention quand ce n’est pas une narration qui les rapproche de l’album, mon médias de prédilection, donc.
Dans Femmes au fil du temps, c’est le parti-pris des autrice que j’ai trouvé intéressant. Elles ont choisi d’aborder l’histoire à travers les femmes ordinaires. Il faut dire que, sans que cela n’ait fait l’objet de réflexion particulière, la plupart des documentaires historiques qui abordent la vie quotidienne traitent essentiellement de celle des hommes.
Il est donc intéressant de décaler un peu le regard.
Certes, on est encore sur une vision un peu ethnocentrée de l’histoire (à part l’Égypte ancienne, seule l’histoire européenne est abordée) mais c’est déjà un changement de paradigme appréciable.
Nous découvrons donc, à travers dix grandes périodes, les évolutions de la condition féminine et, à travers elle, une partie de celles de la condition humaine. (Oui, ça fonctionne aussi dans ce sens là)
Leurs métiers, leurs loisirs, leurs tenues ou leurs droits sont évoqués et replacés dans chaque contexte historique.
Cela permet aussi d’avoir une vision d’ensemble de l’histoire, dans laquelle les enfants peuvent replacer les connaissances qu’ils ont acquises à l’école. Car parfois, en étudiant successivement différentes périodes, ils oublient comment celles-ci s’articulent entre elles.
Le tout avec des images lisibles et agréables, une mise en page aérée et un grand format que les enfants apprécient.
Les 24 saisons de Nanako, Pascale Moteki, L’iroli, 2021, 16€
Quand elle reçoit en cadeau un calendrier Nijushi Sekki, la petite Nanako, presque dix ans, sait tout de suite comment elle souhaite l’utiliser.
Il servira de journal secret. Elle y écrira son quotidien mais aussi ses premiers haïkus. Au fil des pages, elle y consigne aussi des recettes, des descriptions de fleurs, et même la liste de toutes les façons de nommer la pluie en japonais.
Dans un calendrier nijiushi sekki, l’année se divise non en 4 mais bien en 24 saisons différentes, qui permettent de suivre l’évolution du temps bien plus finement. Et, effectivement, l’observation de la nature prend une place importante dans ce récit.
Ce sont donc douze mois de la vie de cette fillette que nous allons suivre, au cours desquels on découvrira ses habitudes, sa famille, ses amis et à travers ses yeux la vie quotidienne d’une famille japonaise, avec ses fêtes et ses rituels.
Elle vit à Itoshima avec sa petite sœur, Mayura, ses parents et sa grand-mère. Comme elle a l’air gourmande, on découvre à travers son journal plein de spécialités étonnantes. Elle décrit aussi avec précision la faune et la flore de son jardin.
Pour tout dire, je m’attendais à un album et j’ai été surprise d’avoir entre les mains un ouvrage qui s’apparente plus à un roman première lecture, par la quantité de texte et l’âge auquel il s’adresse.
Les images de Pascale Moteki (que vous connaissez peut-être pour sa marque Madame Mo) sont très dans l’air du temps et seront, à n’en pas douter, attractives pour les enfants.
A mon avis le texte aurait gagné à être raccourcit, mais il a passé le crash test de ma cadette de dix ans et de ses copines: elles valident!
Cependant, il est trop long à mes yeux pour une lecture à voix haute, raison pour laquelle je le classerais plus en première lecture, voire en texte illustré qu’en album.
Valentin de toutes les couleurs, Chiara Mezzalama, Reza Dalvand, éditions des éléphants, 2021, 14€
Valentin est un enfant qui ne rentre pas dans les canons de la masculinité. Garçon tendre, fragile, qui préfère la compagnie des fillettes de son âge, il est souvent chahuté dans la cour de récré.
Il se distingue tout autant par son inaptitude à jouer au foot que par ses choix de tenues colorées.
Un jour, sa mère lui fait découvrir une véritable caverne d’Ali Baba: un grand magasin de tissus qui se déploie sur plusieurs étages.
Fasciné, Valentin va demander une machine à coudre pour son anniversaire.
Le tactac régulier de la machine, les belles lignes droites des coutures, les camaïeux colorés seront d’un grand secours pour l’enfant, quand les chamailleries de la cour de récré prennent des allures de harcèlement.
Mais il faut bien retourner à l’école, et chercher à entrer en relation avec les autres de façon plus apaisée.
Le prisme des couleurs sert ici à la fois à symboliser la part de féminité de Valentin et à aborder les émotions qui le traversent.
Les illustrations délicates contribuent à l’ambiance générale, oppressante dans la cour de l’école, avec beaucoup de tons ternes, et joyeuse à l’extérieur avec de nombreuses couleurs vives.
L’album propose des pistes de réflexion plutôt que des solutions, et la fin ouverte laisse chaque enfant libre de prolonger l’histoire selon son désir. Il peut être un support pertinent pour un débat en classe ou en famille.
Il est intéressant d’associer la thématique de harcèlement à celle de la construction du genre car, en effet, les deux vont souvent de pair.
Y ajouter une ouverture possible dans la réalisation de soi à travers une activité créative est adroit et donne d’agréables perspectives.
Rare, cet album l’est à plus d’un titre. Déjà parce qu’il s’adresse aux grands. Il se savoure pleinement à partir de 8/10 ans. Mais comme il est très chargé en émotions je pense que les enfants plus jeunes peuvent l’écouter avec grand plaisir, grappillant des sensations même si l’histoire leur reste parfois obscure.
Rare aussi par son épaisseur, sa densité. Et par la richesse et la maîtrise de ses illustrations. Et par le foisonnement des références iconographiques.
Rare enfin pour le récit lui même, d’une consistance singulière.
Comme un journal intime, l’histoire se raconte à la première personne.
La narratrice est une adolescente solitaire, aux parents éternellement indisponibles.
A travers ses yeux, l’étrangeté du monde est palpable, elle prend la forme d’animaux gigantesques, d’arbres en forme de lapin, de décors surréalistes.
Il n’y a pas un propos unique qui se déroule au fil de l’album, mais plusieurs qui s’entremêlent, qui, ensemble, tissent l’histoire.
La difficulté à entrer en relation (avec ses parents mais aussi avec ses camarades), le deuil quand son grand-père meurt (et le blanc de la page vire alors au gris pâle), la rencontre et enfin la fugue, aux cotés d’un garçon tout aussi bizarre et décalé qu’elle.
Pendant leur escapade, le cadre des images disparaît: le monde, immense, s’ouvre à eux.
A leur retour elle tombe malade, et quand elle sera rétablie il sera parti.
De leur rencontre il reste désormais un souvenir, aussi lumineux qu’une nuit étoilée.
Il faut lire cet album, il faut se laisser embarquer dans la tête de cette adolescente, ressentir avec elle. Puis il faut le relire pour mieux mesurer la qualité des illustrations, y trouver les multiples références.
Et le lire encore une fois, pour l’assimiler, l’intégrer, le digérer. Après de multiples lectures, on peut enfin le garder en soi, il est là, on peut y repenser. On reste nourrit de cette lecture, grandit.
De la vraie littérature.
Je vous en laisse un petit aperçu avec cette vidéo de présentation. Et cette autre vidéo, très touchante, de l’auteur.
Amour, Matt De La Pena, Loren Long, éditions d’eux, 2020, 16€
Dans cet album, ce sont surtout les illustrations qui m’ont tapé dans l’œil. A la fois pour la finesse de leur propos et pour la maîtrise incroyable de réalisation.
Côté narration, les images racontent à quel point le sentiment amoureux est universel, on le retrouve semblable partout à travers le monde et dans tous les milieux sociaux.
On peut le ressentir dans les moments de grand bonheur mais aussi dans les épreuves les plus dures.
C’est l’image aussi qui montre la diversité des humains, des jeunes et des vieux, des corps athlétiques ou usés par la vie, des blancs et des noirs, des bien en chair et des menus. Des pas très riches et des plutôt pauvres, on sent le désir de représenter les classes populaires, le tout venant, surtout pas l’élite.
Côté technique d’illustration, c’est tout simplement magnifique.
Chaque image est un tableau que l’on contemple avec admiration.
Les scènes (nombreuses), avec de l’eau sont particulièrement réussies, les jeux de transparences et de reflets très maîtrisés.
Côté texte, c’est une variation autour du sentiment amoureux. Celui qui unit les familles, les amis, les couples.
Chaque double page est une petite saynète, indépendante des autres. Des instantanés, comme des tranches de vies, qui laissent imaginer une histoire plus vaste. Il y a beaucoup à penser à chaque fois. Pourquoi cette famille est-elle réunie autour de la télévision, en pleine nuit, et pourquoi tant d’inquiétude?
Comment ce policier s’est-il retrouvé en train de danser sous un jet d’eau, au pied des buildings, avec un bambin juché sur les épaules? Et cette jeune fille, converses au pied et foulard sur les cheveux, à qui pense-t-elle ainsi, allongée dans l’herbe?
Bon, soyons honnêtes, écrire sur l’amour, c’est compliqué. Surtout dans un album, qui a la contrainte particulière de s’adresser à la fois a l’enfant et à ses parents.
Difficile d’être poétique, sans tomber dans la mièvrerie.
Quand en plus le texte est traduit, il y a un risque supplémentaire. Ceci étant posé, on peut dire que l’album Amour s’en sort drôlement bien, même s’il faut une tolérance élevée aux bons sentiments pour véritablement l’apprécier.
En même temps, les bons sentiments, c’est mieux que les mauvais, si vous voulez mon avis.
Et ici le texte est toujours fluide et bien amené.
Nom d’un chien, François David, Henri Galeron, Motus C’est tout de même dommage que l’humour et la poésie ne soient pas plus souvent associés parce que franchement, ce sont deux genres qui se marient parfaitement bien. En tout cas dans ce petit livre ça fonctionne à merveille entre les deux.
Au fil des trente petits textes nous faisons connaissance avec toutes sortes de chien dans toutes sortes de situations. Ils sont presque toujours en relation avec des humains et à travers ces mini histoires on constate que les cabots peuvent être très humains et que les hommes sont parfois de vrais chiens.
Ces petits poèmes donnent une vision en kaléidoscope de la gente canine: ils sont aimants, obéissants, drôles ou placides. Toujours touchants. Le texte, avec malice, joue autour des noms de différentes races mais aussi des expressions qui mettent les chiens à l’honneur.
Les images, faussement désuètes, montrent des chiens terriblement attachants et très expressifs. En utilisant beaucoup de noir et blanc et quelques nuances entre l’ocre et le marron, proche du sépia des photos d’enfance, Henri Galeon place ses images hors du temps, elles semblent faire appel à notre sens de la nostalgie.
On se surprend à caresser la page, certain de sentir la douceur du poil, tant ils semblent réalistes. Nos doigts rencontreront alors le grain épais du papier, agréable et de belle qualité.
Nom d’un chien est tout à fait le genre de recueil que nous, adultes, avons plaisir à lire à voix haute à nos enfants déjà grands. Les plus petits ne seront peut-être pas toujours sensibles à l’humour mais ils ne restent pas indifférents au regard doux de tout ces chiens.
Le livre extraordinaire des animaux en danger, Val Walerczuk, little urban, 23€, 2020
J’avais aimé apprendre plein de choses sur les reptiles et amphibiens, j’avais été émerveillée par les animaux préhistoriques, forcément, j’attendais avec impatience l’album sur les animaux en danger (il en existe 5 autres dans la collection, chaque enfant peut donc trouver son bonheur en fonction de ses centres d’intérêt.)
Même formule que dans les précédents, un très grand format (l’équivalent d’une feuille A3), des images incroyablement réalistes (quand on jette un œil rapide on peut penser que ce sont des photos de très bonne qualité) et un texte documentaire court et rigoureux.
Ici s’ajoutent des explications sur l’extinction qui menace chaque espèce: pourquoi et quelles initiatives existent pour les protéger.
Parmi les trente-six animaux présentés ici certains sont connus et médiatisés, d’autres risquent de disparaitre dans l’indifférence. C’est le cas par exemple du monarque, papillon du Mexique et d’Amérique du nord, victime de la déforestation de son milieu.
Bien sûr, certains enfants (et adulte, avouons-le) sont plus sensibles à la bouille de panda roux ou au regard triste du saola (un mammifère qui vit en Asie, braconné pour ses cornes).
Mais chacun y trouvera son compte, amateur d’insectes, de chauve-souris ou de créatures marines, on a tous quelque chose à découvrir et des connaissances à approfondir dans ce livre.
Parce que “Le livre extraordinaire des animaux en danger” est le troisième que je lis je me suis habituée mais quand on voit ces illustrations pour la première fois on est littéralement bluffé, le travail de Val Walerzuk, un artiste spécialisé dans le dessin animalier et le photoréalisme, est tout simplement incroyable.
C’est le type de livre qui peut être lu et relu pendant des années, un magnifique cadeau à offrir et probablement un énorme succès dans une bibliothèque scolaire.
L’anniversaire, Pierre Mornet, l’étagère du bas, 16€50
D’abord publié par autrement jeunesse en 2013, l’anniversaire est aujourd’hui réédité par les éditions l’étagère du bas, avec une couverture inédite.
C’est un très bel album onirique et complètement atypique.
Devenue adulte, une jeune femme se souvient d’un anniversaire de son enfance.
Suite à une partie de cache-cache, elle s’égare dans la forêt où elle rencontre une autre fillette, aussi blonde qu’elle est brune. Elle est son double négatif, son reflet, peut-être la part lumineuse d’elle-même. Les deux enfants se lient immédiatement d’amitié.
Mais la reine de la nuit en a décidé autrement. La narratrice veut sauver son amitié et offre en échange tous ses rêves à la terrible reine.
Dès le début le texte, qui nous situe entre veille et rêve, instaure un univers étrange. L’image accentue cet aspect, faisant des références multiples, qui vont d’Alice aux pays des merveilles aux peintres surréalistes, en passant par la flute enchantée.
L’histoire garde ses secrets, ses ellipses. L’auteur s’offre même le luxe d’une double page entièrement noire, d’un noir très profond, alors que l’héroïne ferme les yeux.
Cette vue subjective met le lecteur en attente, autant qu’elle impose le recours à son propre imaginaire.
Avec certains enfants, cet album touche au cœur des émotions. Entre nostalgie (si, si, même les enfants peuvent ressentir de la nostalgie) et plaisir, entre inquiétude et tranquillité, toute l’ambivalence des sentiments trouvent échos dans ces pages.
D’autres seront indifférents, c’est là le propre de l’art, il touche différemment chaque individu.
Comment fabriquer son grand frère un livre d’anatomie et de bricolage, Anaïs Vaugelade, école des loisirs 19€80
Il y a plusieurs années, j’ai eu la chance de rencontrer Anaïs Vaugelade sur un salon. Elle a dédicacé Le matelas magique à ma mouflette et on a échangé quelques mots. Ma mouflette lui a dit qu’elle attendait avec impatience un nouvel album de Zuza, “son personnage le plus préféré du monde entier”. A l’époque, Anaïs nous avait répondu qu’il n’y en aurait probablement pas d’autre. Grosse déception, mais heureusement, il y avait les Quichons pour nous consoler.
Alors vous imaginez ma joie quand j’ai vu un nouvel album avec pour héroïne l’impertinente fillette au catalogue de l’école des loisirs. J’ai immédiatement montré ça à ma mouflette. Les yeux gourmands, elle a regardé le catalogue “chouette, enfin”. Si, du haut de ses dix ans, elle s’attarde moins aujourd’hui sur les albums que sur les romans, elle était tout de même bien contente de retrouver cette petite madeleine de sa petite enfance.
Elle s’attendait certainement à retrouver les ingrédients qui ont fait le succès de ce personnage auprès des enfants: Des histoires à la fois loufoques et très proches de la pensée des enfants, une héroïne au caractère bien trempé, indépendante au possible, qui mène ses aventures joyeusement entourée de ses jouets.
Et, effectivement, je crois qu’Anaïs à mis tous ces ingrédients dans sa tambouille. Mais je crois que quand elle cuisine une histoire, elle ne suit pas de recette. Ce qui fait que ça à toujours un goût différent.
Zuza, donc, se demande comment fabriquer son grand frère. Parce que voyez-vous, une petite sœur, c’est nul. Et que Zuza, quand elle veut un truc, ben elle le fait, c’est quand même plus chouette que d’attendre que quelqu’un d’autre lui donne.
Son crocodile, je me suis toujours demandé si c’était un doudou ou une manifestation de sa conscience. Ma fille m’a expliqué que j’avais tout faux, ce n’est certainement pas une peluche, encore moins un ami imaginaire, c’est juste son crocodile qui l’aide et la conseille (et lui souffle la réponse en classe quand elle est interrogée par la maîtresse)
En tout cas, dans cet album, il apporte les précisions techniques grâce à l’encyclopédie Crocodilis, sorte de manuel du castor junior en plus mieux encore.
Voilà donc toute la bande occupée à couper du bois pour faire les os, des élastiques pour les muscles, des câbles pour les nerfs. Il faudra encore fabriquer une langue, des oreilles, de la peau etc.
Ce n’est ni vraiment une histoire ni un documentaire, nous avons affaire à un genre nouveau, hybride, qui mêle des explications justes et précises et une histoire improbable à laquelle on adhère pourtant totalement.
Il parait qu’il a fallu deux ans à Anaïs Vaugelade pour faire ce livre. Ça n’est guère étonnant. Il faut aussi beaucoup de temps pour le lire dans le détail et plus encore pour l’assimiler. Ma mouflette s’y est régalée pendant plusieurs heures. Ma cadette l’a écouté par morceaux, ce qu’elle préfère c’est picorer dedans. On ne lit que le texte en bas de page pour voir Zuza fabriquer son grand frère. Ou uniquement les vignettes, façon BD, du crocodile qui fait des expériences scientifiques avec les jouets dans la pièce d’à côté.
Et bien sûr, elle est très sensible à la fin de l’histoire, qui réhabilite Marianna, la “vraie” petite sœur de Zuza, en faisant d’elle l’élément magique qui donne vie au grand frère.
Cet album est une fête. Un feu d’artifice de bonne humeur et de connaissances.