Valentin de toutes les couleurs, Chiara Mezzalama, Reza Dalvand, éditions des éléphants, 2021, 14€
Valentin est un enfant qui ne rentre pas dans les canons de la masculinité. Garçon tendre, fragile, qui préfère la compagnie des fillettes de son âge, il est souvent chahuté dans la cour de récré.
Il se distingue tout autant par son inaptitude à jouer au foot que par ses choix de tenues colorées.
Un jour, sa mère lui fait découvrir une véritable caverne d’Ali Baba: un grand magasin de tissus qui se déploie sur plusieurs étages.
Fasciné, Valentin va demander une machine à coudre pour son anniversaire.
Le tactac régulier de la machine, les belles lignes droites des coutures, les camaïeux colorés seront d’un grand secours pour l’enfant, quand les chamailleries de la cour de récré prennent des allures de harcèlement.
Mais il faut bien retourner à l’école, et chercher à entrer en relation avec les autres de façon plus apaisée.
Le prisme des couleurs sert ici à la fois à symboliser la part de féminité de Valentin et à aborder les émotions qui le traversent.
Les illustrations délicates contribuent à l’ambiance générale, oppressante dans la cour de l’école, avec beaucoup de tons ternes, et joyeuse à l’extérieur avec de nombreuses couleurs vives.
L’album propose des pistes de réflexion plutôt que des solutions, et la fin ouverte laisse chaque enfant libre de prolonger l’histoire selon son désir. Il peut être un support pertinent pour un débat en classe ou en famille.
Il est intéressant d’associer la thématique de harcèlement à celle de la construction du genre car, en effet, les deux vont souvent de pair.
Y ajouter une ouverture possible dans la réalisation de soi à travers une activité créative est adroit et donne d’agréables perspectives.