Comment fabriquer son grand frère un livre d’anatomie et de bricolage, Anaïs Vaugelade, école des loisirs 19€80
Il y a plusieurs années, j’ai eu la chance de rencontrer Anaïs Vaugelade sur un salon. Elle a dédicacé Le matelas magique à ma mouflette et on a échangé quelques mots. Ma mouflette lui a dit qu’elle attendait avec impatience un nouvel album de Zuza, “son personnage le plus préféré du monde entier”. A l’époque, Anaïs nous avait répondu qu’il n’y en aurait probablement pas d’autre. Grosse déception, mais heureusement, il y avait les Quichons pour nous consoler.
Alors vous imaginez ma joie quand j’ai vu un nouvel album avec pour héroïne l’impertinente fillette au catalogue de l’école des loisirs. J’ai immédiatement montré ça à ma mouflette. Les yeux gourmands, elle a regardé le catalogue “chouette, enfin”. Si, du haut de ses dix ans, elle s’attarde moins aujourd’hui sur les albums que sur les romans, elle était tout de même bien contente de retrouver cette petite madeleine de sa petite enfance.
Elle s’attendait certainement à retrouver les ingrédients qui ont fait le succès de ce personnage auprès des enfants: Des histoires à la fois loufoques et très proches de la pensée des enfants, une héroïne au caractère bien trempé, indépendante au possible, qui mène ses aventures joyeusement entourée de ses jouets.
Et, effectivement, je crois qu’Anaïs à mis tous ces ingrédients dans sa tambouille. Mais je crois que quand elle cuisine une histoire, elle ne suit pas de recette. Ce qui fait que ça à toujours un goût différent.
Zuza, donc, se demande comment fabriquer son grand frère. Parce que voyez-vous, une petite sœur, c’est nul. Et que Zuza, quand elle veut un truc, ben elle le fait, c’est quand même plus chouette que d’attendre que quelqu’un d’autre lui donne.
Son crocodile, je me suis toujours demandé si c’était un doudou ou une manifestation de sa conscience. Ma fille m’a expliqué que j’avais tout faux, ce n’est certainement pas une peluche, encore moins un ami imaginaire, c’est juste son crocodile qui l’aide et la conseille (et lui souffle la réponse en classe quand elle est interrogée par la maîtresse)
En tout cas, dans cet album, il apporte les précisions techniques grâce à l’encyclopédie Crocodilis, sorte de manuel du castor junior en plus mieux encore.
Voilà donc toute la bande occupée à couper du bois pour faire les os, des élastiques pour les muscles, des câbles pour les nerfs. Il faudra encore fabriquer une langue, des oreilles, de la peau etc.
Ce n’est ni vraiment une histoire ni un documentaire, nous avons affaire à un genre nouveau, hybride, qui mêle des explications justes et précises et une histoire improbable à laquelle on adhère pourtant totalement.
Il parait qu’il a fallu deux ans à Anaïs Vaugelade pour faire ce livre. Ça n’est guère étonnant. Il faut aussi beaucoup de temps pour le lire dans le détail et plus encore pour l’assimiler. Ma mouflette s’y est régalée pendant plusieurs heures. Ma cadette l’a écouté par morceaux, ce qu’elle préfère c’est picorer dedans. On ne lit que le texte en bas de page pour voir Zuza fabriquer son grand frère. Ou uniquement les vignettes, façon BD, du crocodile qui fait des expériences scientifiques avec les jouets dans la pièce d’à côté.
Et bien sûr, elle est très sensible à la fin de l’histoire, qui réhabilite Marianna, la “vraie” petite sœur de Zuza, en faisant d’elle l’élément magique qui donne vie au grand frère.
Cet album est une fête. Un feu d’artifice de bonne humeur et de connaissances.