Raconte-moi d’où je viens
Parler à nos enfants de leurs origines biologiques, culturelles et sociales, NICOLE PRIEUR, Marabout.
Les origines … vaste sujet qui nous concerne tous. Que
l’on parle d’origine ethnique, sociale ou culturelle, cela nous renvoie à notre
fondement, à notre naissance voire avant (l’enfant « pensé »,
« rêvé », « imaginé »).
Quels que soit notre avis et notre position quant aux
couleurs de peau, choix sexuel, processus de fécondation, en tant que parent
et/ou professionnel de l’enfance, nous sommes amenés à côtoyer ces notions, que
ce soit dans l’accueil du petit voisin qui vient jouer ou l’accompagnement
d’une famille en collectivité.
Nicole Prieur peint dans son ouvrage un vaste tableau dans
lequel elle aborde avec délicatesse du côté des enfants la conception, la recomposition familiale,
l’adoption, l’aide à la procréation, l’homosexualité, les notions de couleur de
peau et de liens du sang.
Du « Où j’étais quand j’étais pas né(e) ? au « j’suis ton enfant miracle » en passant par « mes deux mamans dorment ensemble », c’est toute l’évolution de notre société dans laquelle Nicole
Prieur nous plonge.
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Questions existentielles que nous nous posons tous, remise en cause accrue lors de l’adolescence. L’origine fascine, interroge, rassure
tout en étant effrayante, amène à la spiritualité. Dans sa finitude, l’origine
peut être source d’angoisse, et a besoin de mots posés lorsque le parcours a
été un tant soit peu atypique.
Nicole Prieur nous rappelle que les enfants pressentent et sentent les choses même lorsqu’elles sont sous silence, ce qui peut engendrer de la frustration et de l’incompréhension et une « non -confiance» pour l’enfant, d’où l’importance du choix des mots pour trouver le bon équilibre
entre donner des informations sans aller trop loin dans les détails. Des mots
pour déclencher une dynamique de résilience repoussant le sentiment d’être le
vilain petit canard ou le petit poucet.
L’origine fait partie intégrante de la construction de notre identité, savoir d’où on vient (et pas seulement en ayant le nom d’une personne, cela peut être dans le fait d’aller dans un pays, une ville, en s’imprégnant d’une culture), permet une base plus solide, et « plus on est riche à l’intérieur, moins on a peur de l’extérieur car on peut se réaliser sur de multiples plans ».
L’enfant n’est pas uniquement pensé par le couple, il est attendu par la société, sa place est pensée par l’environnement culturel et politique. Il s’inscrit dans une histoire familiale dans laquelle il écrira son propre « roman familial », notion largement développée par l’auteur.
Ce livre n’est pas qu’une succession de références théoriques et psychologiques, Nicole Prieur, par sa pratique de psychothérapeute, partage avec nous de nombreuses situations qu’elle a vécues,
qui mettent son récit en lumière avec finesse.
Du lien parent-enfant concerné ici, aux questions bioéthiques, n’oublions pas que « l’origine c’est davantage l’horizon du devenir que le lieu du souvenir ».
Nicole Prieur est philosophe et thérapeute familiale. Intéressée par
les relations entre individus, leur couple et leur famille, elle fait partie du
comité scientifique des colloques du Centre d’Etudes Cliniques de
Communications Familiales (CECCOF). Nicole Prieur intervient également au
niveau de la cour d’appel et des conseils généraux (adoption, divorce,
maltraitance…).
Pour
aller plus loin :
N. Prieur et I. Gravillon : « nos enfants, ces
petits philosophes- partager avec eux leurs grandes questions sur la vie »
M. Godelier : « métamorphoses
de la parenté »
H. Reeves : « la
plus belle histoire du monde : les secrets de nos origines »
P.C Racamier : « le génie des origines »
B. Prieur : « l’adoption,
une aventure familiale »