Connais-tu Pouf? Corinne Dreyfuss, Frimousse, 13€

Ce n’est pas par hasard que les ours sont si présents dans la littérature enfantine.

Un ours, c’est chaud doudou, c’est rassurant, c’est le teddy de notre enfance, mais c’est aussi gros, impressionnant, le prédateur des cauchemars de notre enfance. C’est puissant, ça attire et ça fait peur. Bref, c’est intéressant. Pour les enfants et pour les auteurs.

Ici, Corine Dreyfuss, pour jouer sur cette ambiguïté nous présente Pouf par ses attributs. Grosses pattes. Gros ventre. Énorme gueule pourvue de très grandes dents. Et surtout, gros, très très gros cri. Du genre à se répercuter dans les montagnes au point d’effrayer les enfants qui s’apprêtent à se coucher.

Le tout contrastant avec des images toutes en rondeur qui le présentent plus ridicule que terrifiant (il y a un petit quelque chose de Grand monstre vert dans ce décalage)

Très rapidement les enfants identifient qu’il s’agit bien d’un ours, bien avant que le texte ne le mentionne. Ils sont contents, ça leur fait quelques points d’avances, d’avoir compris ce qui n’est pas dit. Pouvoir pointer l’image du doigt en affirmant: « moi je sais qui c’est, c’est un ours! » c’est déjà maîtriser un peu l’histoire, en être acteur, contrôler sa peur.

L’album créé la surprise et use du retournement de situation, pour finalement accompagner en douceur les bambins vers le sommeil.

Et s’il m’est arrivé de bailler à m’en décrocher la mâchoire en lisant ce livre, ce n’est certainement pas par ennuie. D’ailleurs, je vous mets au défit de ne pas en faire autant.

Un album de littérature enfantine apprécié aussi au pays des merveilles.