Amour, Matt De La Pena, Loren Long, éditions d’eux, 2020, 16€
Dans cet album, ce sont surtout les illustrations qui m’ont tapé dans l’œil. A la fois pour la finesse de leur propos et pour la maîtrise incroyable de réalisation.
Côté narration, les images racontent à quel point le sentiment amoureux est universel, on le retrouve semblable partout à travers le monde et dans tous les milieux sociaux.
On peut le ressentir dans les moments de grand bonheur mais aussi dans les épreuves les plus dures.
C’est l’image aussi qui montre la diversité des humains, des jeunes et des vieux, des corps athlétiques ou usés par la vie, des blancs et des noirs, des bien en chair et des menus. Des pas très riches et des plutôt pauvres, on sent le désir de représenter les classes populaires, le tout venant, surtout pas l’élite.
Côté technique d’illustration, c’est tout simplement magnifique.
Chaque image est un tableau que l’on contemple avec admiration.
Les scènes (nombreuses), avec de l’eau sont particulièrement réussies, les jeux de transparences et de reflets très maîtrisés.
Côté texte, c’est une variation autour du sentiment amoureux. Celui qui unit les familles, les amis, les couples.
Chaque double page est une petite saynète, indépendante des autres. Des instantanés, comme des tranches de vies, qui laissent imaginer une histoire plus vaste. Il y a beaucoup à penser à chaque fois. Pourquoi cette famille est-elle réunie autour de la télévision, en pleine nuit, et pourquoi tant d’inquiétude?
Comment ce policier s’est-il retrouvé en train de danser sous un jet d’eau, au pied des buildings, avec un bambin juché sur les épaules? Et cette jeune fille, converses au pied et foulard sur les cheveux, à qui pense-t-elle ainsi, allongée dans l’herbe?
Bon, soyons honnêtes, écrire sur l’amour, c’est compliqué. Surtout dans un album, qui a la contrainte particulière de s’adresser à la fois a l’enfant et à ses parents.
Difficile d’être poétique, sans tomber dans la mièvrerie.
Quand en plus le texte est traduit, il y a un risque supplémentaire. Ceci étant posé, on peut dire que l’album Amour s’en sort drôlement bien, même s’il faut une tolérance élevée aux bons sentiments pour véritablement l’apprécier.
En même temps, les bons sentiments, c’est mieux que les mauvais, si vous voulez mon avis.
Et ici le texte est toujours fluide et bien amené.