Le poisson qui me souriait, Jimmy Liao, HongFei,Le poisson qui me souriait, Jimmy Liao, HongFei, 2021, 15€90

C’est peut-être avant tout une histoire de solitude.

Un homme qui vit seul, dans une grande ville. Il passe régulièrement devant un grand aquarium et il y a repéré un poisson parmi les autres, qui se distingue par son éternel sourire. Et l’homme n’a aucun doute. Il est convaincu que c’est à lui seul que le sourire s’adresse.

Il achète le poisson et partage avec lui sa vie quotidienne, qui semble terne et monotone mais est sublimée par la présence du bocal à ses côtés, avec le poisson toujours souriant.

Une nuit, le narrateur rêve de son poisson. Ensemble, ils se promènent dans la ville, puis la quittent pour la campagne et enfin arrivent à la mer. Là, ils se baignent. Le poisson est débarrassé du bocal et l’homme se dépouille de ses vêtements. Le cadre de l’image disparaît, il n’y a plus de limite à la liberté de l’homme et de son poisson. Le texte minimaliste, le blanc de la page et l’immensité de la mer accentuent ce sentiment. Le monde leur appartient, ils peuvent se mouvoir sans entrave, rouge aux joues et sourire aux lèvres.
Mais brutalement, l’homme butte contre une paroi et comprend qu’il est prisonnier d’un aquarium géant.

Le poisson qui me souriait, Jimmy Liao, HongFei,

Au réveil, il est tiraillé. Il hésite avant de prendre sa décision. C’est par un bel acte d’amour qu’il va finalement décider de se séparer de ce poisson pourtant “aussi dévoué qu’un chien, aussi affable qu’un chat et aussi attentionné qu’une amoureuse.”

Et les dernières pages de l’album nous offrent une belle vision de la liberté, avec des images qui se passent de texte, des paysages qui se déploient à fond perdu offrant à notre regard l’immensité du ciel au-dessus de la mer.

Le poisson qui me souriait, Jimmy Liao, HongFei,

Le petit format intimiste ne nuit pas à la beauté des images. Le personnage me fait penser à ceux de Sempé, mais il s’inscrit dans des décors colorés à l’aquarelle, où la couleur bleue domine.

“Le poisson qui me souriait” est bien joli album qui interroge les notions de liberté, d’amitié et de sacrifice.